« Je n’ai pas pu montrer tout ce que je pouvais faire »

Focus sur un ancien du centre, Steven Dal Molin. Vous en avez peut-être déjà entendu parler. Il s’agit de ce jeune milieu défensif, formé défenseur central au MHSC, parti en quête de contrat pro aux États-Unis. Pendant plus d’une heure, le natif de Montpellier s’est confié avec une passion incroyable sur sa nouvelle vie américaine, la fac, les burritos, le foot universitaire, mais aussi son passage au club, les coachs, les potes, les malédictions et le souvenir, positif, qu’il garde de son « club de cœur ». Tout cela avant de s’en aller étudier, encore. « Ouais parce qu’on joue au foot, mais on étudie aussi ici! »

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Peux-tu nous présenter ton parcours depuis ton entrée au centre de formation de Montpellier?
Je suis arrivé au centre de formation à 15 ans en seconde, en 2009. La première année été une année d’essai, sans contrat. Cela s’est tout de suite très bien passé, je me suis bien adapté, je jouais avec les 15ans, avant de vite commencer à jouer avec l’équipe au-dessus aussi. À la fin de cette année-là je signe un contrat de 2 ans, me permettant de fixer le sport et les études, car ça me permettait d’être là au moins jusqu’au bac. Ces deux années se sont très bien déroulés aussi, en U17. La première a été assez moyenne mais la saison d’après en U19 on a eu une très, très belle saison, où on a gagné le championnat avec le coach Lefèvre. On est la première génération (94-93) a avoir gagné le championnat U19 nationaux à Montpellier. C’était beau de pouvoir faire ça, surtout que cette année-là l’équipe première gagne aussi le championnat de Ligue 1, c’était une superbe année pour nous. Pour moi c’était aussi une année charnière puisque j’avais le bac, le permis de conduire, et à la fin de l’année aussi le contrat stagiaire pro, que j’attendais. Donc franchement je signe 2 ans, on finit champions, les pros sont champions de Ligue 1, c’était vraiment l’année parfaite. Qui plus est je suis aller à Clairefontaine, en Équipe de France. J’ai eu la chance de partager des moments comme ça en plus avec Steve Mounié qui est aujourd’hui prêté à Nîmes, et fait partie des très bonnes relations que j’ai gardé, même encore plus. On s’appelle souvent, on est partis en vacances ensemble, c’est un ami. Je n’ai pas eu de sélections, car nous n’avions pas fait de matchs officiels et ce n’était donc pas comptabilisé, mais c’était tout de même un stage en équipe de France, je ne m’y attendais pas. Mais pouvoir m’entraîner avec des joueurs comme Rabiot, c’est pas négligeable.
Pour en revenir au club, ces deux années de stagiaire pro furent vraiment bien parce que j’étais souvent dans le groupe CFA, j’ai souvent été présents dans les matchs, et la première année je pouvais redescendre en U19 si je ne jouais pas en CFA, même si j’y ai quand même pas mal joué. Cette année-là on se sauve de la descente en DH de justesse et donc ma dernière année commence bien aussi puisque je commence à m’entraîner les deux premières semaines avec la CFA avant d’intégrer la préparation du groupe pro où je fais la première mi-temps du match contre Fréjus. Ça se passe bien, le coach Fernandez est content de moi. Ensuite il devait me prendre à l’entraînement pour la préparation du match contre le PSG et le problème c’est que je me blesse le week-end précédent avec la réserve et du coup je rate cette semaine qui aurait peut-être pu, je ne sais pas, je rêve peut-être, m’amener à une récompense de mes efforts en étant peut être dans le groupe des 25 pour le match. Bon après c’était le PSG donc c’est peut être un peu gros de penser ça mais bon, on sait jamais. J’étais déçu parce que j’aurais pu au moins faire la semaine avec eux, c’était une semaine de prepa de ligue 1, importante, donc voilà j’ai raté un petit coche en me blessant. Après le reste de la saison, collectivement, a été bonne puisqu’on a enchaîné les victoires et qu’on a fini champion de notre poule, remontant l’équipe en CFA. Après c’est vrai qu’à titre personnel j’ai été barré par cette génération de jeunes défenseurs pros mais qui ne jouais pas du tout en ligue 1. Il y avait Mezague, Saint-Ruf, Di Stefano, Assoumin, donc c’est déjà une ligne de quatre (rires) sans compter les Bocaly, Dabo, Deplagne qui revenaient de temps en temps et qui ont joué pas mal de fois avec nous donc c’est vrai que ça a été compliqué puisque je suis passé de quatre saisons où je faisais à peu près 25 matchs par exercice où j’étais titulaire, à une dernière année où j’en ai fait que 10. Donc d’un point de vue statistiques déjà ça veut tout dire. C’était la dernière année, il fallait un peu se montrer, et c’est vrai que je n’ai pas pu montrer tout ce que je pouvais faire. Puis avec le changement d’entraîneur à la mi-saison (Courbis a remplacé Fernandez en décembre 2013, ndlr) et le changement de directeur du centre de formation, ça ne m’a pas facilité la tâche puisque sur les six derniers mois où j’étais au club, je tombe avec deux personnes qui sont en charge de dire « qui va signer pro ou pas », qui finalement ne me connaissent pas du tout et qui en plus ne m’ont pas trop vu jouer puisque cette dernière saison j’étais remplaçant donc c’est vrai que c’est mal tombé pour moi (rires). Mais c’était un peu attendu parce que je voyais très bien la saison que je faisais, que je ne touchais pas le groupe pro, je n’ai fait que quelques entraînements… Peut être au début de saison j’aurais pu penser à quelque chose mais sur la deuxième partie, je me suis fait une raison.

Après ça tu essayes de rebondir, d’abord en Ligue 2, mais ça ne se passe pas très bien…
Oui je ne signe pas pro et j’entre en contact avec Arles-Avignon. Cela s’est très mal passé. C’était déjà très bizarre (quelques mois avant la rétrogradation du club, ndlr). Je n’ai pas été très bien accueilli. C’est dommage parce que c’est vrai que j’ai privilégié cette piste en laissant d’autres occasions de côté parce que Arles-Avignon, ça m’allait bien et lors des entraînements que j’y faisais je me sentais bien. Même si c’était pour aller en réserve j’avais pour objectif d’aller toucher le groupe pro, donc c’était un challenge intéressant et pour finir je me retrouve sans club en juin, à 15 jours de la reprise des pros donc c’était pas simple de trouver quelque chose dans le monde pro. Du coup j’ai eu un contact avec le FC Sète, qui été quand même en CFA, un niveau que je n’avais jamais touché encore. Ils m’ont accepté sur un simple entretien donc je les remercie vraiment parce qu’ils m’ont fait confiance et donner cette opportunité. C’était un grand plaisir de pouvoir jouer avec eux et cela m’a beaucoup  apport. J’y ai été repositionné, parce que j’avais dit au coach que j’avais été formé défenseur central, que je pouvais jouer aussi sur le côté et que je pouvais dépanner au milieu et c’est vrai que c’était un poste que je voulais approfondir un peu plus. Donc au début de la saison je commence arrière latéral mais au fur et à mesure il voit qu’il y a un autre latéral qui est bon puis Jeff Assoumin qui vient aussi et qui me prend la place à la droite, mais à juste titre hein (rires) du coup le coach commence à me replacer au milieu de terrain et c’est vrai que je commence à y être performant et à montrer que j’avais des qualités dans ce domaine-là, ce qui a favorisé l’équipe et puis cela m’a mis en confiance aussi parce que c’était vraiment un poste que je voulais approfondir et finalement c’est là où je me sens le mieux maintenant. Je pense avoir fait une bonne deuxième partie de saison avec Sète, on a fait un bon championnat avec le plus petit budget de CFA on s’est retrouvés à jouer quelque chose d’intéressant en fin de saison. Malheureusement on a mal fini puisqu’on enchaîne 5 défaites consécutives.. Mais c’était une très belle expérience avec le FC Sète, et je pense que me retrouver dans un monde amateur, et ne pas avoir toutes ces infrastructures du monde professionnel, les kinés, les terrains, la salle de muscu etc ,ça m’a fait comprendre qu’il fallait que je travaille plus et que si je voulais viser plus haut il fallait que je donne plus. C’est pour moi la saison où j’ai vraiment appris, autant sur moi que dans le jeu.

Qu’est-ce qui t’a décidé à tenter cette aventure incroyable aux Etats-Unis?
J’y pensais depuis un moment, même à Montpellier et même si c’était relativement flou : je ne savais pas trop comment faire, je n’avais pas trop d’images à coller sur le projet. Et quand je n’ai pas signé pro, Henri Stambouli, le directeur du centre, est venu me voir, me proposant ce projet-là, et ma suggéré d’organiser une réunion avec les gens qui envoient justement des jeunes aux États Unis et donc cela m’a intéressé car c’était concret. Cette agence, UniEliteAtlethes (lien en fin d’article), est donc venu nous voir au centre et m’ont parlé de leur projet et de vrais je ça avait l’air très, très intéressant donc je suis resté en contact avec eux, je leur ai dit que je voulais me laisser une année ici quand même, et voir ce que je pouvais faire ici. Puis en fin d’année j’ai commencé à prendre des contacts sérieux car je pouvais déjà monter un dossier sans pour autant m’engager à quoi que se soit et voir après si je pars ou pas. Donc j’ai fait ma saison en sachant que j’avais toujours cette issue et au courant de l’année je me suis dit que c’était très intéressant pour moi. J’ai commencé à voir les infrastructures, à appeler les coachs et à avoir une image précise du projet. Je me suis alors  dit que était quelque chose  que je ne pouvais pas rater car je savais qu’avec la saison que je faisais en CFA  je n’allais pas signer en pro l’année d’après donc je me suis dit ça vaut autant le coup de parler sur les États Unis que de rester 2-3 ans en CFA sans savoir réellement ou j’allais. Maintenant je suis ici je sais que j’ai 3 ans certains à faire, ce qui est aussi rassurant et quelque chose que je n’avais pas en France

C’est ce qui a fini de te convaincre?
Il y a ça et aussi le fait de poursuivre des études supérieures, c’est indéniable. Je pense que j’étais le bon exemple du jeune qui rêve d’être professionnel et malheureusement ça fonctionne pas, pas tout de suite en tout cas, et du coup faut réfléchir à l’après-carrière parce que ça va vite, j’ai déjà 21 ans je ne suis pas pro, j’ai 3 ans dans un collège américain donc j’aurais fini à 24 ans. Même si je joue jusqu’à 32 ans, c’est pas beaucoup quoi. Donc il faut savoir rebondir après et ce que je fais maintenant me permet de préparer cela. C’est ce qui est entré en compte, même s’il y a toujours espoir de signer pro ici, aux États-Unis ou ailleurs, 24 ans ce n’est pas si vieux non plus il y a des joueurs qui sont sortis à cet âge-là. Puis je me suis renseigné auprès de français qui été déjà aux USA pour ce programme et ils m’ont envoyé des photos, leurs avis en me disant que c’était incomparable avec la France et c’est vrai que maintenant que je le vis, c’est un quotidien… C’est un autre monde quoi. Hier en rentrant, je sortais des révisions, je ne sais pas pourquoi hein, mais je me suis poseé deux minutes, et je me suis dit « rends toi compte là, t’es au États Unis! » (rires) je ne sais pas pourquoi pourtant ça fait deux mois et demi que je suis là maintenant mais voilà je m’en suis rendu compte hier, j’ai commencé à sourire tout seul dans la chambre (rires). Franchement je suis là, dans une fac américaine, j’ai une bourse totale (alimentation, loyer, vie quotidienne, frais scolaires, etc) donc je suis payé à étudier et à jouer au football… vraiment je ne regrette pas ce choix une seconde.

Cette histoire a eu beaucoup d’échos dans la presse régionale mais aussi au niveau national puisque SoFoot.com te consacre une série. Comment s’est passé cette relation avec les médias?
Quand c’était officialisée avec ma fac et que tout été signé, je me suis dis que c’était peut être intéressant d’aller vers la presse et leur demander si cette histoire, un peu atypique, les intéressé. C’est un peu le parcours de beaucoup de joueurs, non pas d’aller au États-Unis, mais en tout cas de rebondir après ne pas avoir signé pro. Donc j’ai d’abord contacter les médias régionaux, avec DirectMontpellierPlus, et étant un grand fan de SoFoot, je sais qu’ils aiment bien être dans le foot mais aussi dans l’extérieur qui touche au foot, je me suis dis que cela pourrait sûrement les intéresser et donc on en a parlé, et on est partis sur des épisodes pour me suivre tout au long de l’année et voir comment ça se passe etc, donc c’est cool pour ma famille et mes amis que je n’arrive pas à avoir forcément ça leur permet de voir tout ça et aussi pour d’autres personnes parce que je pense que c’est un bon exemple. Je ne dis pas que je suis un précurseur mais je voulais montrer qu’il y a d’autres moyens de s’en sortir et que les États-Unis représentent une opportunité qu’il ne faut pas laisser de côté.

Comment cela se passe-t’il en ce moment pour ton équipe de VCU?
On a fait notre pré-saison en août, avec des matchs fin août-début septembre. Donc c’est des matchs qui comptent pour la NCAA, le championnat universitaire, mais pas pour notre conférence, qui elle a commencé début octobre.
Avant ça on jouait dans tous les États-Unis, des matchs amicaux organisés par les coachs. Ce qui été intéressant pour nous car notre entraîneur nous a fait jouer contre les équipes du top 20, et il y a un bon niveau. Ils sont tous costauds et vont tous vite (rires). Le jeu ici est vraiment différent, c’est beaucoup plus sur l’athlétique, le pressing permanent, et il y a vraiment de la qualité technique en tout cas dans ces équipes. Pour comparer à la France, je dirais que ces-équipes là ont un très bon niveau CFA. Après c’est pas du tout ce que j’ai vécu en CFA avec Sète, où il y a plus de joueurs d’expérience alors qu’ici ce n’est que des jeunes joueurs, donc c’est pas simple de comparer.
Sur ces matchs-là en tout cas on a eu un peu de mal, on a gagné que 2 matchs pour 6 défaites. Mais d’un côté je dirais que c’était des « bonnes défaites » car ce sont des matchs qu’on a perdu 1-0 ou 2-1, 3-2 aussi où à chaque fois on était proche, mais on n’a pas réussi à faire la différence ou on a fait des erreurs qui nous ont coûté cher. C’est justement ce qui fait la différence contre ces équipes-là parce que quand on fait une erreur ils ne vont pas se rater derrière, ils vont nous punir. Donc finalement on a vraiment appris de ces matchs-là et cela a été un début de saison, un peu difficile mentalement parce qu’on perdait et qu’on voyait qu’on faisait de bonnes choses sans conclure et sans gagner nos matchs, finalement ça nous servis et on a commencé notre conférence avec un match nul à l’extérieur et deux victoires à domicile donc c’est pas mal. On a bien commencé la conférence donc j’espère qu’on va continuer. Maintenant on joue tout les mercredi et samedi, et c’est super court parce que c’est une dizaine de matchs de conférence et, un peu comme au basket, tu as les 8 premiers sur 13 qui font les finales de conférence, et si tu gagnes cette conférence, tu pars au championnat national et là ça fait un peu comme un système de Coupe du Monde avec 16ème, 8ème de finale, etc.

C’est quoi votre objectif dans ce championnat?
Gagner la conférence, parce que l’équipe ne l’a jamais fait donc c’est clairement l’objectif et après c’est d’aller au championnat national et de voir ce qu’il s’y passe (rires).
À titre personnel je joue milieu récupérateur avec un coéquipier, mais là je reviens de blessure et j’aurais dû jouer samedi (victoire, 1-0) , on avait parlé avec le coach de jouer un petit quart d’heure, mais le scénario du match a fait que c’était compliqué de changer quelqu’un au milieu par un joueur qui revient de blessure… Donc j’en veux vraiment pas au coach, je pense que j’entrerai en cours de match au prochain avant de, j’espère, récupérer un place de titulaire au milieu.

Quel est ton objectif, personnel, à moyen terme?
Cette année, j’en ai parlé avec le coach, c’est vraiment une année d’adaptation. On sait que le championnat va très, très vite, 2 mois seulement. Après tout dépend jusqu’où tu vas dans le championnat national, mais voilà je vais essayer de m’adapter au plus vite parce que le coach veut que je sois un élément important de l’équipe, il m’a dis que s’il m’a recruté c’était vraiment pour que je prenne, un peu, l’équipe en main et que je sois un élément important et c’est aussi mon objectif. Je ne suis pas venu pour vivre la « College Life » aux USA, m’amuser, faire des party etc. Si je suis là c’est que j’ai un objectif : signer pro. Donc à moyen terme je vais essayer de m’imposer dans cette équipe et, éventuellement, essayer de trouver des équipes professionnelles. Ici, il y a 3 ligues professionnelles, bien sur l’objectif ce serait de toucher une équipe de MLS, forcément. Après si je dois passer par une équipe de NASL ou de USL (2ème et 3ème échelon aux USA), je le ferais. Mais sur les deux prochaines années qui arrivent, l’objectif est d’enchaîner les performances avec VCU et d’être important dans l’équipe.

 

Retrouvez la suite de l’interview de Steven Dal Molin demain, aux alentours de 12h.

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