G. Printant : « Ryad aime jouer »

Retrouvez la deuxième partie de notre entretien exclusif avec Ghislain Printant. L’ancien entraineur de la réserve délivre son avis sur la prometteuse génération à venir au MHSC ainsi que sur son passage à Bastia, avant d’évoquer l’intérim de son ami de toujours, Pascal Baills.

À lire, la première partie de l’entretien ici
Comme vous le disiez, votre fils est gardien chez les U17. Quel destin lui prédisez-vous, en tant que formateur?
Alors là… Je n’aime pas trop parler de mon fils (sourire). Je sais qu’il est dans un très bon club, entre de bonnes mains, après, je ne sais pas. Pour l’instant, il poursuit sa formation. S’il est là, c’est qu’il a des qualités. Je pense qu’il faudra qu’il soit comme moi, travailleur, parce que ce n’est pas un « talentueux ». Donc comme beaucoup de gardiens de but, d’ailleurs, il faudra beaucoup de travail afin de pouvoir grandir et continuer sa progression. Le rôle de gardien de but est particulier, difficile. Il n’y a qu’un poste, vous ne pouvez pas jouer à gauche, à droite, reculer, entrer en cours de match, c’est très rare (sourire). Mon plus gros soucis, c’est la scolarité, bien sur. C’est un bon élève, donc j’espère qu’il aura son Bac S l’année prochaine, il sera allé au bout de son projet scolaire et c’était pour moi, ainsi que sa mère, l’une des conditions pour qu’il poursuive son rêve. On est pas fous, hein. On sait qu’à l’arrivée, il y a peu d’élus. Il a toujours été bercé là-dedans, donc c’est bien qu’il puisse connaitre ça mais, je fais sorte de ne pas lui faire miroiter quoique ce soit. Au contraire j’essaie de lui montrer les grosses difficultés de ce métier. Il faut surtout qu’il prenne du plaisir, fasse évoluer son potentiel et qu’il puisse aller là où il doit aller mais sans négliger la partie scolaire qui est pour moi la priorité des priorités.

Plus généralement, on parle beaucoup de ces U17 comme la nouvelle génération 1990. On a des raisons d’y croire selon vous qui les côtoyez régulièrement?
Oui, tout porte à le croire. La génération 90 a, comme eux, fait les phases finales national avant de gagner la Gambardella. Il y a des garçons qui ont du potentiel, qui ont un profil très intéressant pour le haut niveau. Mais la route est encore longue. Il ne faut pas qu’ils se perdent en chemin, qu’ils gardent les pieds sur terre. C’est vrai, en tout cas, qu’ils ont cette génération 90 en référence et qu’ils cherchent toujours à faire mieux qu’eux. Ce sera compliqué pour eux mais une fois de plus ça montre tout le travail de qualité qui est fait que ce soit à la formation, au recrutement qui rend les équipes performantes. L’essentiel c’est qu’il y ait des joueurs susceptibles d’intégrer un jour l’équipe première. Remporter des titres c’est bien mais il faut y aller après. J’ai toujours dis que la compétition faisait partie de la formation et qu’il ne faut pas la mettre de coté, même si on doit se pencher sur l’éclosion et le travail du joueur. Il est important à un moment donné que ces garçons apprennent la compétition, apprennent à gagner et c’est quelque chose qu’avait justement cette génération 90 : c’était des gagneurs!

Entre le maintien et la finale de Coupe de la Ligue, et finalement la fin de votre aventure bastiaise, quel bilan tirez-vous de votre première expérience en tant que coach numéro un?
Sans être prétentieux je dirais que j’ai rempli ma mission. C’est vrai qu’en championnat, même si ça a pu être difficile, on le savait vu la conjoncture économique du club, j’ai des regrets. On avait pris l’option d’essayer d’assainir le club. Au niveau recrutement, on a pas pu faire ce que l’on souhaitait. On est passé d’un effectif de 31 à 23 joueurs. On a essayé d’alléger la masse salariale au maximum et malgré toutes les difficultés qu’on a pu rencontrer, avec de graves blessures, on était dans les clous et je reste persuadé que même si j’étais resté à la tête de l’équipe on aurait parvenus à se maintenir… Mon bilan c’est aussi qu’il y a quelques jeunes qui ont pointés leur nez dans l’équipe première. On a réussi à maintenir, la saison dernière, le club en Ligue 1 et financièrement c’était important et on a surtout connu une aventure en Coupe de la Ligue qui a été formidable pour, à la fois les joueurs, les dirigeants et surtout les supporters. Cela a été énorme et ça a servi à resserrer un petit peu toutes les composantes du club. Globalement, je dirais que je suis quand même satisfait de ce qui a pu être réalisé. Après j’ai pas mal de frustrations, notamment sur les matchs de Coupe. Mais vu l’effectif qu’on avait, c’était plus compliqué. C’est le seul regret que je peux avoir. En championnat quand je suis parti nous étions 15e avec 3 points d’avance, tout était jouable alors qu’on avait pas trop eu de coup en notre faveur. C’est dommage parce qu’au moment de mon éviction on allait commencer à récupérer quelques joueurs comme Kamano, Djiku… C’est mon regret. J’aurais préférer faire mieux mais j’ai fait en sorte de tirer la quintessence de mon effectif. C’est vrai qu’on avait un jeu qui n’étais pas plaisant mais bon, il était réaliste. On s’appuyer défensivement sur quelque chose de solide parce que je savais que, vu le potentiel qu’on pouvait avoir, c’était là-dessus qu’on allait construire notre maintien : notre base défensive. Ca a été globalement le cas puisque, à l’heure actuelle, le Sporting doit faire partie des 7 ou 8 meilleures défenses.

Entre votre tempérament sudiste et des joueurs à caractère comme Cahuzac ou Leca, certains après-matchs devaient être électriques?
(Rires) Oui… après un garçon comme Yannick (Cahuzac) a fait d’énormes progrès. C’était d’ailleurs un challenge qu’on avait fixé. Après, il est impulsif un peu comme Pascalou, hein! (Rires) Mais c’est un garçon qui a drôlement évolué et progressé dans son jeu parce qu’il est arrivé à se concentrer davantage sur l’aspect jeu et c’était un petit peu l’objectif que j’avais avec lui et j’en était très content. Malheureusement, l’événement de Guingamp avec ce penalty à la 94e min l’a amener à être expulsé alors que je trouvais que depuis le début de saison il été réellement dans ce que l’on souhaitait. Après voilà, on est sudiste. Moi personnellement, j’ai horreur de l’injustice. Des fois je dis des choses que je devrais dire avec plus de maitrise et de calme mais je suis comme ça, c’est dans mon tempérament. On apprend à tout âge donc je pense qu’avec le temps je m’améliorerais et qu’avec le temps j’apprendrais à maitriser mes sorties d’après-match

On a d’ailleurs vu cette semaine que le Sporting était à nouveau dans le viseur des hautes instances du football français. Durant votre passage sur l’île, vous avez ressenti un certain « acharnement » à l’encontre du Sporting?
Quand on est dedans, on s’en aperçoit. De l’extérieur on entends souvent « ils sont parano, ils sont parano » mais il y a souvent des sanctions qui ne sont pas les mêmes pour le Sporting et pour les autres. Que ce soit sur l’aspect financier, administratif ou disciplinaire. Petit à petit, les gens ont pu voir que le Sporting, à la moindre affaire, allait jouer à Geugnon pendant que des stades sont fermés à huis clos partiels pour des événements autres que ce qu’on a pu voir à Bastia. Après je ne nie pas qu’on ai pu faire certaines erreurs, comme partout. On sait qu’à Bastia il y a une passion, il y a une ferveur. Moi j’ai toujours aimé, avec Montpellier, jouer à Bastia. Jouer dans un stade où il fait chaud, où il y a de l’ambiance, c’est quand même agréable. Sanctionné oui, mais par moment on est pas sanctionné de la même manière. Malheureusement, certains arbitres ne nous arbitre pas de la même manière qu’ils arbitrent les autres. La finale de la Coupe de la Ligue restera comme un fait fait de jeu qui malheureusement nous a privé de beaucoup de choses. On peut à un moment donné se poser la question. Après l’événement de Thiriez c’est je pense une grosse faute de sa part, je l’ai dis et je le maintien. Quand on est président, faut être capable d’assumer. Qu’il ai eu la crainte d’être siffler ou que des joueurs ne lui serrent pas la main (Thiriez a toujours refuser de faire du 5 mai une journée sans football, ndlr), ce qui était complètement faux car on voulait faire de ce match une fête. Les joueurs, eux, ont répondus présent parce qu’après avoir perdu comme on a perdu, être capable de monter en haut (sic) comme ils l’ont fait… Il fallait le faire. Je leur ai demandé parce qu’on avait pas le droit de gâcher la fête de Paris, ils ont gagné, voilà. Tout le monde est venu au stade, lui n’est pas descendu nous, nous devons monter. Je pense que c’est lui qui s’est mis à la faute. Il ne faut pas qu’il cherche d’excuses avec la peur d’être sifflé. Tout les Présidents se font sifflés, c’est comme ça, faut assumer, on ne peut pas plaire à tout le monde mais je pense que là il a fait une grosse faute qui pour moi est indigne de sa fonction. Je me suis exprimer là-dessus après le match, mais j’aurais préféré qu’on me parle du match plutôt que cet événement-là. J’étais déçu pour mon Président, parce que c’est un honneur que de présenter l’ensemble de ses joueurs au président de la Ligue et là, cela n’a pas été fait. Après on va dire « Bastia ils sont parano », non, ils sont lucides. Lorsque l’on mérite d’être sanctionné, on est sanctionné, c’est normal. On a fait des fautes, voilà. Après il faut être sanctionné comme les autres. Alors je dis « on », ça prouve mon attachement à Bastia (sourire). De temps en temps on joue peut-être un peu dessus, mais pour y avoir été, il existe, cet acharnement.

Comment expliquez-vous l’échec Baills en tant que numéro un quand, de votre coté, vous avez réussi à durer un an à la tête du Sporting?
(Sourire) Je ne lui ai pas fait du bien! (SCB 1 – 0 MHSC) Des fois il y a des changements qui peuvent être bénéfiques, après… Pour avoir vu les matchs, contre Bordeaux il perd de rien. Ils viennent à Bastia et perdent sur la seule occasion que l’on se crée, même si Montpellier n’a pas eu d’occasion cela ne se joue à pas grand chose. C’est jamais évident. Quand on est dans une mission comme ça, il faut avoir de la réussite. La réussite que, d’entrée, il puisse y a voir LE résultat amenant LE déclic. C’est vrai que ce n’était vraiment pas un cadeau pour Pascal. Je l’ai eu au téléphone, on se parlait avant, après le match. Comment expliquer ensuite que, pour le première de Hantz, les joueurs vont gagner 0-4 au Gazélec? Il y a beaucoup de choses qui resteront un mystère. Avoir la réussite, dès le premier match, pouvoir insuffler un courant positif dans ce genre de mission, c’est important. Il y a eu ces échecs, mais Bordeaux fait mal. Si tu bats Bordeaux, même en perdant à Bastia, tu n’abordes pas Caen de la même manière.

Un mot sur Ryad Boudebouz, qui réalise une saison plutôt satisfaisante sous le maillot de Montpellier et que vous avez eu sous vos ordres avec réussite à Bastia. Peut-il apporter quelque chose de plus?
Oui, je pense qu’il a encore une grande marge de progression. Après, Ryad, il faut le connaitre. Il va taper sur les systèmes nerveux de beaucoup de monde mais à l’arrivée, il sait être décisif. Soit il est passeur, soit par ses coups de pieds arrêtés, il va débloquer des situations et ça c’est vraiment important. Je pense qu’il avait déjà grandi avec nous la saison dernière à Bastia, il avait été énorme, il avait pris une autre dimension. Je sais qu’à Montpellier il a été dans un premier temps décrié, et même aujourd’hui encore. L’autre jour dans les tribunes quelqu’un me demande « eh, il était comme ça à Bastia? » Quand Montpellier a marqué je lui ai dis « si vous voulez, vous le redonnez à Bastia et vous verrez que ce ne sera pas la même pour Montpellier». Il a une marge de progression, je pense qu’il peut être encore beaucoup plus influent dans le jeu. Il faut qu’il gagne en confiance mais il faut qu’on soit capable d’accepter que Ryad à un moment donné, il peut avoir des trous dans le match. Mais quand vous avez un joueur qui est décisif, il faut être capable de l’amener à avoir un capital confiance énorme et Ryad quand il sent qu’on a confiance en lui, il peut être très important. Moi je l’adore, c’est dur de parler avec ce qu’on a vécu, c’est vraiment difficile mais je parle en toute objectivité. Je ne lui ai pas fait de cadeau, je sais comment il est, hein. À l’entrainement je me disputais avec lui parce qu’il était sur la ligne de but et il voulait faire une passe, quoi. Je lui disais « mais tu as une frappe de boeuf, et jamais tu ne frappes au but, jour et nuit tu ne joue qu’avec des passes, des passes ». C’est parce qu’il aime jouer, il aime ça. Des fois je l’attrapais à la fin de l’entrainement c’était…olalala, il me faisait « hé ouais coach… » je lui répondais « tu me casses les couilles. (Rires) Tu peux marquer, marques! Plus tu prends l’habitude à l’entrainement…» Alors il s’y était mis. Le jour où il marque de 30 mètres, je fais le tour du stade! Il est joueur, mais il est décisif. Il a compris aussi qu’il fallait travailler dans la récupération du ballon.

Pour terminer, à l’occasion des 40 ans du club, le MHSC a permis aux supporters d’élire le onze de légende pailladin. Quel est le vôtre?
Oh putain! Alors ça, c’est pas simple. Déjà le gardien… si je prends un gardien que j’ai formé les autres vont être jaloux (rires)… Qui je vais prendre… Landi! C’était le premier grand, voilà. En arrière droit, Baills, ça c’est sur. Ca va me ramener à ma génération… Mézy en dix, sur. En attaquant de pointe il y en a eu les Milla, Curioni, c’était des monstres. (Long moment de réflexion) Je vais réfléchir, comment je peux la monter, et je vous l’envoi

Quelques heures après notre entretien, Ghislain Printant a eu l’exceptionnelle amabilité de nous envoyer l’intégralité de son onze de légende que voici :

Landi
Baills Blanc J.César Bonnissel
Sauzée Mézy Bernardet Cabella
Curioni Milla

Un grand merci à Ghislain Printant pour sa disponibilité, sa gentillesse et son amour du club, en espérant qu’il trouve très rapidement un projet qui lui corresponde. Cet entretien fut une véritable plongée dans l’histoire pailladine et j’espère que vous avez pris autant de plaisir à le lire que j’ai pu en avoir en le menant. Un grand monsieur de notre club, encore merci à lui.

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