
Ne plus s’arrêter de jouer contre les adversaires faibles
Face au SC Bastia, nos Héraultais ont montré deux visages : l’un conquérant voire séduisant en première période, l’autre beaucoup plus inquiétant après la pause. Sans conséquence mais sans non plus qu’on comprenne bien pourquoi.

Elle fait du bien cette victoire et il n’est pas question de bouder notre plaisir. La Ligue 2, on le sait, est un championnat exigeant et goûter à nouveau au bonheur d’une victoire sur nos terres après huit mois et trois jours de disette a une saveur particulière.
Toutefois, la joie n’interdit pas de garder un esprit critique. Dès lors, une interrogation émerge : pourquoi avoir livré deux mi-temps si différentes l’une de l’autre, face à un adversaire d’une aussi remarquable médiocrité que ce Sporting Club de Bastia là ? Essayons de décrypter.
Tout d’abord, ce match fut placé sous le signe du renouveau au sein du 11 titulaire, Zoumana Camara ayant visiblement retrouvé ses esprits, ou capitulé face au mécontentement grandissant consécutif à ses indigestes et inefficaces compositions en 5-2-3 à sept défenseurs de métier. Une remise en question payante en première période. Qu’on apprécie ou pas Téji Savanier, qu’on lui pardonne ou non ses frasques de la saison passée, cet article n’est pas là pour rouvrir ce débat. Mais le constat s’impose : dans le premier acte, ce MHSC eut une autre gueule en 4-2-3-1, avec son numéro 11 au cœur du jeu et à la baguette sur les coups de pied arrêtés. En évinçant Yaël Mouanga et Lucas Mincarelli au coup d’envoi, au profit, donc, de Savanier et d’un Théo Chennahi aussi polyvalent que discret et efficace, le coach sut rendre à son équipe à la fois un équilibre entre défense et attaque, mais aussi une certaine créativité et un allant qui lui faisaient cruellement défaut jusqu’à lors.
Des ingrédients suffisants pour lui permettre de mener confortablement 2-0 à la pause, face à un adversaire d’une rare indigence technique et déjà pénalisé par un changement forcé en début de match. Les supporters étaient alors quasi unanimes : tout laissait présager une victoire facile et de quoi voir quelques belles choses à la reprise.

Et puis… Patatras, vint la seconde période. De manière incompréhensible, ce MHSC d’abord si dominateur se mit à perdre le fil et à déjouer. Or, en affrontant la lanterne rouge, une équipe toujours sans victoire, totalisant deux petits points et surtout ne montrant jusque là rien du tout, normalement, il n’aurait pas fallu faire de sentiments, qui plus est pour un MHSC cherchant à se rassurer dans un début de saison morose. Quand on peut mettre un coup de marteau sur la tête de son adversaire, on ne doit pas hésiter. Pourtant, il n’en fut rien. Et hier, nulle question de gérer le match tranquillement, contrairement à ce que purent penser certains. En effet, en ne faisant que reculer, en ne gagnant plus un ballon et en ouvrant des boulevards dans le dos des latéraux, le MHSC ne peut avancer l’explication d’une gestion de score. Il s’agit d’une réelle perte de maîtrise sur une rencontre qui paraissait pourtant facile.
Comment expliquer que cette équipe de Bastia si moribonde, ne comptant guère comme joueurs de football que Tom Ducrocq et un Amine Boutrah étrangement remplaçant au coup d’envoi, ait pu réaliser un total de 25 centres (!), 13 tirs, 340 passes et s’arroger la possession de balle (56 %) ? Des domaines dans lesquels les insulaires nous ont surclassés.
Au fur et à mesure qu’avançait la seconde période, une fébrilité croissante s’emparait des rangs pailladins. Elle se traduisit sur le pré par une panique technique en défense (notamment Christopher Jullien se prenant les pieds dans le tapis), des défauts de placement et de marquage inouïs des latéraux laissant libre champ aux ailiers adverses, ainsi que par un certain agacement au milieu de terrain, qui valut d’abord à notre capitaine Bećir Omeragić un carton jaune peu avant l’heure de jeu, et aurait pu ensuite lui en coûter un second en fin de match suite à un tirage de maillot grossier sur un contre des Turchini. Une faute préalable d’Everson (qui, lui, reçut son carton) au début de l’action sauva le Suisse d’une exclusion bête.
Si notre cage est restée inviolée, c’est grâce, d’une part, aux arrêts d’un Simon excellent sur sa ligne mais par ailleurs plutôt en difficulté au pied et dans les airs, et d’autre part à l’incroyable déchet technique des Corses aux abords et à l’intérieur de notre surface, notamment d’Issiaka Karamoko qui avait semble-t-il décidé d’enfiler des boîtes à chaussures plutôt que des crampons. Que de mauvaises dernières passes ou de frappes tentées du tibia ou complètement ripées, quand elles n’atterrirent pas directement dans le parcage de leurs supporters, venus d’ailleurs en nombre.
Alors, ce visage sombre affiché par les Montpelliérains au retour des vestiaires, à quoi peut-on l’imputer ? Aux stigmates persistants de la préparation estivale qui a secoué des organismes engourdis ? En tout état de cause, nos joueurs semblèrent décliner physiquement à l’heure de jeu. À une peur irrépressible et durable de voir l’adversaire marquer, qui commande aux cerveaux de reculer pour défendre ? Aux consignes du coach ordonnant de bétonner pour préserver le score ? Mauvais calcul dans ce cas, car rien de tel pour encaisser un but que d’abandonner le pressing, de se replier sur sa surface et de jouer petit bras.
Sans vouloir entrer dans une sémantique guerrière, d’un point de vue strictement sportif, de tels adversaires ne doivent avoir aucune chance de sortir la tête de l’eau et doivent être « écrasés », non seulement pour soigner la différence de buts, mais également pour s’interdire de subir, pour maintenir un niveau d’exigence élevé, pour parfaire des automatismes peu évidents en début de saison, mais aussi pour ne pas prendre de mauvaises habitudes, car face à des équipes plus coriaces et talentueuses, de tels relâchements seront interdits. Imaginez une seconde subir 25 centres et 9 corners face à l’ASSE… Et enfin, et c’est peut-être la raison la plus importante, pour le simple plaisir du foot. Parce que quand on aime et qu’on joue au foot, quand on a la possibilité de dérouler, il n’y a aucune raison de s’arrêter en cours de route, de se priver soi-même et son public de voir du jeu et des buts.
Nous espérons être exaucés dès ce soir face à Boulogne, autre adversaire largement à notre portée, en tout cas au classement et sur le papier.
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