“Loulou m’a expliqué que si je ne le faisais pas jouer, il me virerait”

Pierre Mosca a entrainé le Montpellier Hérault entre 1987 et 1989. Sur RMC, il a raconté la venue de Carlos Valderamma dans l’Hérault et les problèmes rencontrés pour son intégration avec une sympathique anecdote.

“Au départ, on souhaitait recruter un attaquant en ayant en tête que Roger Milla allait fêter ses 37 ans. En tant qu’entraineur, je laissais faire les responsables du club, notamment Michel Mézy et le Président. Au final, j’ai vu arriver Carlos Valderamma et loin de moi l’idée de remettre en cause son talent mais il est arrivé dans un contexte particulier: un mode de vie totalement changé, l’attente des supporters et du club et surtout, j’avais déjà un milieu de terrain extraordinaire qui nous avait offert la 3ème place l’année d’avant en championnat., avec Blanc, Bernardet et Lemoult. Puis un jeune comme Ferhaoui qui poussait. Ce milieu était un peu encombré et ça n’a pas aidé Carlos à s’intégrer.

Carlos, pour sa première expérience en Europe, ne souhaitait pas un club trop huppé et prendre le risque d’échouer. Le choix était judicieux et raisonnable mais il n’est pas parvenu à s’adapter. Le football qu’il pratiquait à Cali, était totalement opposé au football européen. Avec la réputation qui le suivait, à chaque match, il avait un adversaire sur le dos l’empêchant de s’imposer. Après 5 matchs amicaux et une dizaine de matchs de championnat, j’étais face à un problème soit je faisais tout pour faciliter son adaptation soit je privilégiais l’obtention de résultats, ce que l’on demande à un entraineur. Ce dilemme, je l’ai tranché pour la réception de Metz où j’ai décidé de le sortir. J’avais évoqué le sujet en interne et avec les joueurs, Carlos ne méritait pas d’être conspué alors pour le protéger et améliorer le rendement de mon équipe, je l’ai sorti. Je me souviens quand Loulou Nicollin l’a appris, je pense à lui avec tendresse, il m’a dit “Mosca monte dans mon bureau”. Il m’aimait bien, quand ça allait bien, il m’appelait Pierrot mais quand il était en colère, il m’appelait Mosca… Il m’a expliqué que si je ne le faisais pas jouer, il me virerait à la fin de l’année”.