
Alès : retour sur un club historique
Montpellier se déplace à Alès demain dans le cadre des 16e de finale de la Coupe de France. Il y a toujours eu, entre nos deux villes, un respect mutuel et une bonne entente. Il faut dire que nos voisins cévenols partagent en grande majorité avec nous l’animosité envers Nîmes. Mais c’est surtout un plaisir d’affronter un club authentique et historique du football français. Retour sur l’histoire de l’Olympique d’Alès en Cévennes pour bien connaître nos adversaires de ce samedi.
L’Olympique Alésien est né en 1923 de la fusion de trois clubs de la ville : le Red Star, le Boxing et le C. S. des cheminots. Soit quatre ans après le Stade Olympique Montpelliérain (SOM) qui donnera le MHSC d’aujourd’hui. Le président-fondateur du club cévenol est Richard Ducros. L’équipe joue rapidement un rôle important dans la réputée difficile Division d’Honneur du Sud-Est avec ses vedettes : les internationaux français Léon Huot et Jean Batmale, les Suisses Seiller et Berthel et les Anglais Cornelius, Smoker, West et Skinner. En 1930, un derby musclé oppose Alès à Montpellier en 16es de finale de Coupe de France, qui est le tenant du titre de 1929. La rencontre se déroule à Nîmes et le SOM s’impose facilement 3 à 0. En 1931, Alès se place à la seconde place du championnat juste derrière le SOM mais devant l’Olympique de Marseille, le FC Sète, l’AS Cannes et Nîmes. L’ultime rencontre de cette saison se joue face à Montpellier. Lors de celle-ci, les supporters alésiens envahissent pacifiquement le terrain pour empêcher la rencontre d’aller à son terme. Il faut dire que Alès est alors mené 2 à 0 et avec les espoirs de devenir champion du Sud-Est qui s’envolent. Les supporters doivent s’en remettre à la Commission Sportive de la Ligue qui avait fait rejouer une rencontre Sète-Alès quelques semaines plus tôt, suite à une invasion du terrain par les supporters Sétois mécontents du résultat. Une autre époque où les bonnes idées étaient visiblement contagieuses. Mais cette fois, la commission ne fait pas rejouer la rencontre Alès-Montpellier.
Alès fait partie des clubs pionniers du championnat de première division. En effet, il est parmi les tous premiers clubs à choisir l’option professionnelle et dispute la première édition du championnat de France professionnel en 1932-1933 tout comme le SOM. Malheureusement, Alès est relégué en terminant dixième et dernier de son groupe. Mais le club retrouve l’élite dès 1934 en remportant le titre de champion du groupe Sud. Les Cévenols résistent pendant deux saisons mais doivent à nouveau replonger en division inférieure. Parmi les meilleurs Alésiens, les noms de William Martin et Cellar sont évoqués. René Dedieu, coach du FC Sète lors du doublé coupe-championnat de 1934 est entraîneur d’Alès de 1937 à 1945 puis de 1953 à 1961. Après la seconde guerre mondiale, le club est essentiellement une équipe de D2 mis à part les deux montées en 1947 et 1957 et trois saisons en D1. Durant celles-ci, les affluences au stade municipal de la Prairie sont belles et le derby Alès-Nîmes attire plus de 20 000 spectateurs.
Si il fallait retenir une figure mythique à Alès ce serait Pierre Pibarot. Ce dernier gravit tous les échelons de l’équipe des minimes à celle des séniors avant de devenir le maître à jouer du club puis son entraîneur. Ce n’est pas pour rien que les Pailladins affronteront les Alésiens au stade Pierre Pibarot de 10 000 places ce samedi. D’autres noms sont associés au club : Rouvière, Siatka, Garofalo, Topka, Abderrazack, Baconnier, Nagy, Pelazzo et Mallet.
En juin 1961, Alès fait face à un manque de recettes malgré le soutien des clubs méridionaux et doit abandonner son statut professionnel. Le noyau dur continue à œuvrer avec quelques dirigeants et supporters irréductibles qui voient leur club plonger dans l’anonymat des championnats départementaux du Gard. Jean Molla est en charge de l’équipe à la fin des années 60 et déclare : “Alès, dans le coin, compte tenu du passé de notre club, nous sommes les hommes à battre dans tous les patelins de la région.” Pendant cette période, le stade de la Prairie est laissé à l’abandon et va revivre grâce à la Coupe de France. Il voit Nîmes et l’OM s’opposer en 1970. Cette même année, Alès, qui est devenu Olympique Alès-Cévennes est promu en D2 sur décision fédérale mais n’en profite pas longtemps puisqu’il est relégué en D3 à la fin de la saison. Il lui faudra six saisons pour retrouver la D2 ensuite et s’y maintenir trois ans sans éclat notable. Lors de la Coupe de France 1978-1979, Alès crée l’exploit et élimine le FC Sochaux aux tirs au but après un score de 3-3. En 1980, de retour en D3, les Cévenols ne remontent pas de suite mais la saison d’après. Michel Cassan est alors entraîneur-joueur et il survole son groupe pour remonter en D2. Le maintien en D2 est la grande affaire de la saison 1982-1983. À quelques journées de la fin de la saison, Alès est mal engagé. Une défaite 1-0 à domicile face aux voisins Nîmois provoque la colère du président Bernard Gauthier qui appelle au poste d’entraîneur Léonce Lavagne. Sous sa direction, Alès signe quelques belles performances (cinq matchs consécutifs sans défaite avec une victoire face au leader, Rennes) et le maintien est proche. Mais les Alésiens ne vont finalement pas réussir. Sauf que le club de Nœux-les-Mines abandonne et libère une place en D2. Montceau-les-Mines aurait dû être repêché selon le règlement. Le conseil d’administration de la Ligue Nationale prend la décision de maintenir à la fois Alès et Montceau avec une D2 à 19 clubs. Une décision qui n’est pas un hasard puisque Jean Sadoul, directeur de la Ligue n’est autre que l’ancien président d’Alès…
Le club parvient à rester dans la première moitié de tableau de D2 durant douze saisons. En Coupe de France 1987, après avoir écarté, entre autres, Thonon, Tours et Strasbourg, Alès affronte, en demi-finale, les Girondins de Bordeaux. Ceux-ci sont les futurs vainqueurs de la compétition mais Alès parvient à obtenir deux matchs nuls (2-2 et 0-0). Bordeaux se qualifie grâce au bénéfice des buts marqués à l’extérieur devant 17 000 spectateurs.
Malgré la présence dans l’effectif cévenol de Sabri Lamouchi de 1991 à 1994, le club cévenol stagne en D2 à la 10e place. Vient la saison 1995-1996 lors de laquelle les résultats sont catastrophiques. Quatre victoires au final en 42 matchs et une place de bon dernier de D2 en 22e position. En D3, il faut terminer au moins dans les sept premiers pour éviter la relégation en D4 car il y a une réforme des championnats. En terminant seulement 12e, le club est encore relégué d’un cran en-dessous, en D4 (CFA). Cette chute en 1997 entraîne la perte du statut professionnel. Après trois saisons passées en CFA, Alès remonte en National et s’y installe durablement. Mais au terme de la saison 2002-2003, coup dur, la DNCG rétrograde le club en DH. En 2005-2006, il est même relégué en DHR et touche vraiment le fond. José Carrascosa est le nouvel entraîneur, Jean-Michel Baldy est le nouveau président et Jean-Marie Pasqualetti est le nouveau manager général ainsi que défenseur de l’équipe. Ils parviennent à remonter en DH. En 2009, Jean-Marie Pasqualetti est entraîneur puis directeur sportif. Le 30 octobre 2011, le club élimine le rival nîmois de la Coupe de France qui évolue trois divisions au-dessus, les Pailladins sont ainsi prévenus. Après 10 ans au niveau régional, Alès parvient enfin à rejoindre la CFA2 en 2013 après un dernier match gagné à Perpignan. Lors de la saison 2013-2014, les Cévenols éliminent Arles-Avignon, équipe de L2 en Coupe de France. Inutile de dire que les Pailladins devront se méfier et plier le match rapidement. Enfin, en septembre 2019, le président du club Didier Bilange annonce un nouveau projet pour le club. Le but est à l’origine d’amener Alès en National en trois ans.
Mais aujourd’hui, le club est toujours en National 3 et se place dans le ventre mou du championnat que joue aussi la réserve de Montpellier. À titre personnel je suis heureux que le MHSC puisse jouer contre un club authentique qui fait partie de l’histoire du football même si son bilan global est loin d’être flamboyant. Alès a finalement passé six saisons en D1 pour trente en D2 et son palmarès est totalement vierge. Une grande partie de son histoire est aussi lié à la Coupe de France, à nous de ne pas leur laisser l’occasion d’écrire une nouvelle page.
Article réalisé à partir de l’ouvrage “Dictionnaire historique des clubs de football français – Tome 1“, 1999.
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