Nîmes, Nîmes, on t’…?

Vous en avez surement entendu parler. L’interruption vendredi dernier par M. Mokhtari, qui aura réussi son « coup de com », du match opposant Nancy au Mans en raison d’un chant jugé homophobe. Le raisonnement médiatique est actuellement énorme. C’est le premier acte de ce genre en France.

Et les principales associations de lutte contre l’homophobie se réjouissent d’une telle décision. Olivier Rouyer, seul ancien joueur professionnel français connu pour avoir rendu son homosexualité publique, prône même l’arrêt pure et simple des matchs, allant même jusqu’à donner match perdu à l’équipe soutenu par ces supporters qu’ils décrivent comme étant, de facto, des homophobes…

Qui n’a jamais affublé son camarade « d’enculé », ou même de « petit pédé » ? Cela fait-il de nous des homophobes quand, derrière ces taquineries, nous ne pensons aucunement à l’orientation sexuelle de notre camarade? Ces mots, ces injures oui, sont dans le vocabulaire d’un grand nombre d’entre nous depuis des lustres et ne doivent en aucun cas être pris à leur premier sens littéral. Quand nous hurlons dans un stade à notre ennemi, ou tout simplement adversaire qu’il soit parisien ou nîmois, qu’on l' »encule », pouvons-nous nous taxer d’homophobie alors que nous nous mettons au premier plan de la partie de jambes ? Bien sur que non. C’est seulement un élément de langage pour dire que l’on va détruire ou tout simplement rabaisser l’adversaire du soir… En aucun cas, ces éléments de langage sont homophobes ou, se veulent, offensants à l’encontre d’une quelconque communauté que ce soit.

La vulgarité fait partie intégrante des stades et des rencontres de football. Même si à l’échelle d’une tribune dite populaire, 97% des chants lancés sont en l’honneur du club soutenu et non de l’adversaire, comme on cherche à nous le faire croire. Cette forme de vulgarité est culturelle et ne doit pas être combattue, tout du moins pas en ce sens. La sensibilisation, destinée à canaliser cette haine, à la cadenasser dans l’enceinte sportive afin d’éviter tous heurts en dehors de celle-ci est en tout points positives. Personne ne vous demande d’aller fracasser, ni même « enculer », votre collègue de travail supporter du NO. Le stade est un défouloir et doit le rester, car il n’y aucun mal, dans ce contexte, à évacuer sa frustration accumulée dans la vie « normale ». Cela est même salvateur pour grand nombre d’entre nous, qui n’attend que le week-end, pour venir voire son équipe « enculer » celle d’en face. Quand les instances se fatiguent à remplir les stades, que beaucoup d’observateurs pleurent la non culture football de notre pays, vouloir détruire un des rares éléments ancestrals de notre histoire foot est d’une tristesse infinie… Un non-sens.

J’aimerais évoquer l’exemple des Ultras grenoblois, les Red Kaos 1994. Le 20 avril dernier, le GF38 recevait le RC Lens. Soit une semaine après que les Red Tigers 1994 furent épinglés (50000€ d’amende et huit-clos avec sursis) pour un chant jugé homophobe lors du derby face à Valenciennes. A l’occasion de ce déplacement à proximité des Alpes, les Tigers fêtaient leur 25ème anniversaire. Le groupe isérois avait alors déployé deux banderoles, joints ci-après:

  • « L’homophobie est un fléau qui mérite mieux que des polémiques honteuses »
  • « RT : d’ailleurs, bon anniv’les PD. »

Le lendemain, la toile s’est enflammée. Avec au passage, de la désinformation notoire de la part des associations en manque de buzz (ni voyez aucune malice, pitié), en ne relayant que la deuxième partie ironique et satirique du message, destinée au groupe lensois. Les Red Kaos sont connus pour un engagement dans la lutte contre toutes les formes de discriminations. Les Ultras grenoblois ont cherché le buzz et l’ont obtenu, prouvant ainsi le caractère absolu de ces associations pourtant pétries d’intentions évidemment louables. Le plus incroyable étant que le GF38 fut tout de même sanctionné de 10.000€ d’amende… Les Red Kaos règlent par ailleurs les comptes avec ces organismes dans leur communiqué que vous pouvez retrouvez ici.

Et l’incompétence progresse de jour en jour puisque désormais émerge l’idée d’une liste de mots à bannir des stades… Vous souvenez-vous de votre liste de verbes irréguliers à apprendre par cœur dans la langue Shakespeare ? On se dirige sur ce modèle pour celle de Molière sauf que cette fois, rassurez-vous, vous ne serez pas interrogé, bien au contraire… Le plus drôle étant que associations et instances du football hexagonal ne sont pour le moment pas d’accord sur « où placer le curseur de l’homophobie? ». En effet, ces dernières se permettent le terme « enculé » mais n’accepte pas « pédé », quand les organismes associatifs veulent tout interdire. Vous voyez le niveau du débat??

Pour finir, il est évident que la lutte contre l’homophobie est une cause des plus importantes et que la sensibilisation à ce problème est primordiale. Toutefois, ce puritanisme à outrance est tout aussi dangereux et liberticide à l’encontre de personnes massivement non homophobes. Et plutôt que de se soucier des insultes historiques et aucunement homophobes, nous implorons la LFP de concentrer son énergie à trouver des solutions pérennes pour le déplacement des supporters et la tenue des matchs quand, après la mascarade calendaire de l’an dernier, dès la 3e journée de cette année l’équité est froissée avec 3 rencontres reportées...

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