
Le MHSC en perdition sur son propre territoire ?
Le 31 mai dernier, Montpellier n’a pas fêté une montée, un maintien, ni un exploit de la Paillade. C’est la victoire du Paris Saint-Germain en finale de la Ligue des champions qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes place de la Comédie. Une célébration massive, spontanée, sans lien avec le club local.
Ce type de scène pose une question simple : où est passé le MHSC dans sa propre ville ? À Montpellier, le PSG est désormais le club le plus soutenu par la jeunesse locale, devant l’OM, et très largement devant le MHSC. Ce phénomène a commencé en 2017 avec l’arrivée de Neymar. Il s’est accentué avec Messi, puis s’est transformé en adhésion totale après la victoire européenne du club parisien cette saison.
Un jeune Montpelliérain de 15 ans, interrogé par Midi Libre, explique : « J’ai commencé à supporter le PSG avec Neymar en 2017. Mes amis sont pour Paris aussi. Certains sont pour l’OM ou Montpellier, mais je ne suis pas le seul dans mon groupe. »
Ce n’est pas un cas isolé. Selon un éducateur dans un club local : « Sur nos 120 jeunes de 6 à 13 ans, une grosse moitié supporte le PSG. Même quand j’ai des places gratuites pour la Mosson, ils ne veulent venir que si Paris joue. » L’adhésion avec l’Olympique de Marseille est plus facile, quant à sa proximité avec Montpellier, son stade, ainsi que ses résultats sportifs, un peu meilleurs que ceux de la Paillade.
Cette réalité se reflète aussi dans les chiffres de vente. À Montpellier, les maillots du PSG sont plus vendus que ceux du MHSC et de l’OM, selon Jean-François Hugues, dirigeant d’Intersport dans l’Hérault et le Gard, interrogé par le quotidien régional. « La courbe s’est inversée avec Neymar, puis avec Messi. Les jeunes veulent les maillots des stars. »
Ce constat est visible dans l’espace public. Dans les rues, les centres commerciaux ou les écoles, le maillot du MHSC est devenu minoritaire, voire invisible hors des jours de match.
Ce phénomène ne se limite pas à Montpellier. Partout en France, les clubs historiques ou régionaux constatent une forme de désaffection locale au profit de clubs médiatisés comme le PSG ou, dans une moindre mesure, l’OM et le Real Madrid. Les jeunes s’identifient moins à leur club de ville ou de région qu’à des équipes stars vues sur les réseaux sociaux ou à la télé. Ce n’est pas un hasard si les maillots du PSG se vendent aujourd’hui autant à Nice, Toulouse ou Nantes qu’à Paris.
À l’inverse, l’Allemagne conserve une culture club beaucoup plus enracinée localement. Un jeune de Mayence, de Brême ou de Nuremberg est généralement supporter de son club local, même s’il admire les stars du Bayern ou du Real. Cela s’explique par une politique de billetterie accessible, des stades pleins, un engagement des clubs dans la vie locale, et une culture du supporter profondément ancrée dans les familles. En Bundesliga, on grandit avec le club de son quartier. En France, on grandit avec celui qu’on voit sur les réseaux. Cette différence culturelle pèse lourd dans la construction d’un attachement durable. Et le MHSC n’échappe pas à cette réalité française.
Depuis le titre de 2012, le MHSC n’a jamais retrouvé un projet sportif fort. Le club a enchaîné les saisons moyennes, avec un objectif minimal de maintien. Les résultats décevants et le manque d’initiatives populaires ont affaibli le lien entre le club et sa population.
Montpellier est aussi une ville particulière : étudiante, mobile, peu enracinée localement. Beaucoup d’habitants n’ont pas de lien historique avec le club, et les jeunes s’identifient plus facilement aux clubs dominants du moment. « On s’ennuie à la Mosson. Le PSG, c’est du spectacle », résume l’éducateur.
Le MHSC ne doit pas se contenter d’un soutien fidèle mais réduit. Perdre la jeunesse locale, c’est perdre l’avenir. Le club devra réagir : redonner de l’ambition, proposer un projet sportif plus lisible, investir dans la formation, travailler son image, et renouer avec son ancrage local.
Sinon, la Comédie continuera à fêter les titres… mais pas ceux de la Paillade.A Zoumana Camara et ses hommes de reconquérir une ville et un département.
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