Le nouveau stade garantie de succès sportif?

Louis Nicollin associe la construction d’un nouveau stade à un recrutement de haut niveau. Une stratégie qui pourrait être séduisante pour le supporter patient (il faudrait attendre 2019 ou 2020) si le président pailladin tient sa parole. Mais une stratégie risquée car comme nous allons essayer de le démontrer, la construction d’une nouvelle enceinte n’est pas en France la garantie en or massif d’un succès sportif.

Les projets les plus récents:

Lille, Nice, Bordeaux et Lyon sont les exemples à suivre pour les dirigeants pailladins. Lille a inauguré son enceinte en 2012. Les trois autres clubs ont profité de l’Euro 2016 pour obtenir une enceinte flambant neuve.

Lille champion 2011, troisième en 2012 et en 2014 avec René Girard, tâtonne désormais à tous les niveaux. En témoigne son élimination lamentable contre Qabala en Ligue Europa dès le mois de juillet. Un projet sportif peu audacieux avec le peu glamour Antonetti à la barre, des moyens financiers très limités (Lille était aussi pauvre que nous sur le dossier Sliti malgré la vente de Boufal à Southampton). Les supporters sont de moins en moins présents au stade. La moyenne est passée de 38 000 spectateurs en 2014 à 30 000 cette saison.

Nice est l’exemple à suivre et le président Nicollin a insisté lourdement lundi dans le Club Sers. Mais Nice s’est doté de nouveaux investisseurs et a eu la chance de bénéficier du travail sur le long terme de Claude Puel avec un recrutement très, très malin mais aussi ambitieux avec Ben Arfa, Germain et des jeunes qui sortent du lot comme Koziello. Quatrième l’an passé, le Gym a vu son entraîneur et ses pépites partir mais a élaboré un projet ambitieux comme jamais sur la Côte d’Azur. Un technicien reconnu en Europe avec Lucien Favre et un recrutement de fin de mercato qui a fait le buzz avec Balotelli et Belhanda. L’intelligence du projet azuréen se vérifiera en fin de saison au regard du parcours en Ligue Europa et du classement en Ligue 1. Mais l’OGCN n’a pas du tout pas la même gueule que la formation souvent brinquebalante qui évoluait au vétuste Stade du Ray. Mais une moyenne en nette baisse aussi malgré des progrès sportifs. De 24 000 il y a deux ans à 19 000 cette saison.

Bordeaux a inauguré la Matmut Atlantique l’an dernier, mais Bordeaux tâtonne aussi totalement sportivement. L’echec de Willy Sagnol y est sûrement pour beaucoup mais il est une certitude que M6 ne met plus la main au portefeuille et que l’ère dorée du titre de 2009 est elle aussi révolue. La saison passée pour son entrée dans son nouveau stade, Bordeaux a joué quasiment le maintien toute la saison. Ramé prenant en urgence les rênes de l’équipe en réussissant le sauvetage. Nouvelle ère cette année avec la promesse de beau jeu avec Jocelyn Gourvennec mais les Girondins ne font plus partie des cadors de la Ligue 1, eux qui jouaient régulièrement une Coupe d’Europe chaque saison. Aucune influence sur l’affluence. Puisque de 23 000 à Chaban Delmas, nous sommes passés à 25 000 l’année dernière dans le nouveau stade. Donc aucun effet d’aubaine à cause d’un projet sportif chaotique.

Lyon a inauguré son nouveau stade début 2016. De fantomatiques fin 2015, les Gones sont redevenus exceptionnels au printemps avec Génésio à la barre et une seconde place obtenue grâce à une fin de saison en boulet de canon. Lyon a très mal vécu le début de l’ère QSG. Après avoir écrasé le foot français dans les années 2000, l’OL a eu du mal à retrouver son second souffle après là aussi des grosses erreurs stratégiques (comme avec le recrutement de Gourcuff). Mais Jean-Michel Aulas s’est investi à mort dans la construction du nouveau stade avec la ferme volonté d’y installer une équipe compétitive. Six mois explosifs, une qualification en Ligue des Champions et un statut de dauphin officiel du PSG à défendre. La défaite concédée à Dijon a fait tache mais ne semble pas remettre en cause le projet cohérent du plus grand dirigeant français de nos vingt dernières années.

 

Les nouveaux stades synonymes de gouffre ou d’échec sportif

La gestion catastrophique du MUC72 et une descente en Ligue 2 du fait d’un recrutement au rabais saison après saison a fait couler le club du Mans. Aujourd’hui c’est une équipe de CFA2 qui évolue dans un stade de 25000 places.

Les Japonais d’Idex ont eux aussi coulé Grenoble. Un stade splendide presque en centre-ville et le GF38 semble pouvoir prendre son envol en Ligue 1. Mais six ans plus tard planté par son actionnaire nippon, le club végète en CFA, incapable malgré de gros moyens (de nouveaux investisseurs locaux sont désormais à la barre) de monter en National.

Sedan change de stade en 2000. La formation joue les trouble-fêtes à la fin des années 90 et se dotent d’une nouvelle enceinte. Descente en 2003, montée en 2006, puis liquidation judiciaire quelques années plus tard. Sedan essaie de retrouver le niveau pro et remonte cette saison en National.

Le Havre possède aussi un stade neuf. Le Stade Océane ne porte pour l’instant pas chance aux Havrais qui restent une des formations les plus chevronnés de la Ligue 2. Le club désormais appartient à un Américain qui souhaite investir pour monter en Ligue 1. Mais le plus dur reste toujours à faire.

Valenciennes s’est doté d’un joli écrin avec le Hainaut. Mais les supporters regrettent le bouillant Nungesser où de nombreuses formations de Ligue 1 viennent se casser les dents. Une équipe qui joue souvent son maintien mais qui sait alors se faire respecter à domicile. Le stade est inauguré en 2012 et le club descend en Ligue 2 en 2014. Beaucoup de changements à la tête du club et une formation aujourd’hui redevenue une équipe moyenne de Ligue 2. Pour un stade de 25 000 places très peu garni.

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