
[Anecdote AP] Le jour où: 12 Mai 2009
Nous sommes à quelques semaines du soir de la montée contre Strasbourg et Montpellier est en plein redressement à l’amorce du sprint final. Le succès un brin chanceux à Troyes avec le but de billard de Sabo, la victoire à l’arrachée contre Angers avec ce but exceptionnel de rage de Compan sur un centre de combattant d’un Souley toujours aussi exemplaire dans l’adversité, ont permis aux Pailladins de se relancer dans la course à la montée. Courbis après la défaite dans le derby à Nîmes et celle contre Lens, a ressorti de la cave Philippe Delaye sous les conseils de Michel Mézy. Et pour l’instant, ça a l’air de fonctionner. En fait les frais un joueur inconstant, physiquement il est dans le dur, souvent blessé, et à la forme donc très incertaine, ses prestations sont souvent décevantes. Jusque là, il bénéficiait d’une confiance “aveugle” de Courbis.
Le MHSC se déplace ce soir-là à Guingamp, en match décalé de la 35ème journée. Nous sommes un mardi soir car l’En Avant à la lutte pour le maintien, a décroché sa première coupe de France quelques jours plus tôt au Stade de France. Un immense exploit pour une formation de Ligue 2, que les Costarmoricains veulent continuer fêter ce soir avec leurs supporters. Continuer, c’est vraiment le mot, car ils n’ont pas arrêté d’être célébrés depuis le samedi, ils n’ont pas en ce mardi la tête au championnat et les Pailladins prennent dès la 4ème minute l’avantage grâce à Karim Aït Fana, auteur d’un joli slalom dans la surface. Mais au lieu d’enfoncer le clou et de profiter de l’apathie bretonne, les Montpelliérains se contentent de gérer tant bien que mal. Et à l’image de Tino Costa, plutôt peu en vue ce soir-là, ils font un tout petit match, se font même peur, mais l’essentiel est assuré, ils s’imposent (1-0) et sont de nouveau à 200% dans la course au podium.
L’heure du résumé et des notes a sonné sur WebMHSC (qui n’était pas encore Allez Paillade) et avide d’un bon mot (ce n’est pas toujours très intelligent, je le reconnais), pour décrire la prestation de Tino Costa, je fais une allusion bien lourde à l’autre sur le banc: “Tino Costa s’est métamorphosé. On aurait dit … . Quelques coups de pied arrêtés bien tirés, mais dans le jeu, il a été assez transparent.” La référence au joueur remplaçant et à ses matchs souvent insipides est très explicite. Montpellier ce soir-là s’en est vraiment sorti grâce à un petit exploit d’Aït Fana. Collectivement, c’était très moyen, mais l’essentiel est ailleurs, les trois points sont acquis. Il faut désormais se tourner vers Ajaccio, trois jours plus tard. Il va vite falloir récupérer pour de nouveau s’imposer à la Mosson et croire encore plus fort à la Ligue 2.
Minuit, je suis déjà au lit depuis une bonne demi-heure, nous sommes en semaine, il faut aller bosser le lendemain. Et mon téléphone sonne, numéro non rentré dans le répertoire. Ma femme à côté, me demande de décrocher. On ne sait jamais, c’est peut-être une urgence dans la famille. Et là grosse surprise, c’est le joueur au téléphone. Que je n’avais jamais eu pour n’importe quelle interview. Il avait eu mon numéro par un autre joueur contacté 15 jours avant. “Ouais, je t’appelle parce que je n’aime pas du tout ce que tu écris sur moi sur ton site de m…. J’y vais jamais mais c’est mon petit cousin qui est fan de moi, qui essaie de suivre tout ce qu’il se dit sur moi. Alors il me dit à chaque fois que tu m’as jamais mis des bonnes notes. Et là en plus quand je joue pas, tu te permets de faire une allusion à moi, en disant que Costa il s’es transformé en moi….” S’en suivent deux minutes assez longuettes, d’insultes en tout genre.
Et là ma femme (maintenant mon ex-femme), me demande à lui parler. Et là on passe à une scène assez lunaire et gênante. Elle l’invective. “Qui es-tu pour appeler les gens à minuit comme ça? On a un enfant en bas âge. Tu nous emmerdes, t’as qu’à appeler demain matin pour te plaindre, t’es vraiment un gamin pour nous faire croire à ton histoire de petit cousin qui va voir le site. Si c’est un site de merde, pourquoi tu vas le voir tout le temps. Si t’es nul, t’es nul, c’est comme ça.” Le joueur est sur le cul cinq secondes, mais ça ne dure pas longtemps. Les insultes continuent à pleuvoir. Encore une petite minute et le moment honteux est passé. Moi je compte les points. Il raccroche furieux et menaçant… Mouché par mon ex-femme qui voulait dormir.
C’est le seul joueur qui m’appellera comme ça, en plus de 13 ans de site. Je reconnais d’ailleurs que pour me faire plaisir, j’avais sorti cette phrase et qu’elle n’était pas la plus intelligente. Et pour remettre dans son contexte – les années Ligue 2 – aucun média ne suivait le soir même les résultats et les performances des joueurs. Ni L’Equipe, ni le Midi Libre ne faisaient les notes. Seul France Foot le mardi en faisait pour la Ligue 2. Et forcément, les joueurs par curiosité allaient toujours jeter un coup d’œil sur le site. Nous avions aussi plus de facilité à contacter les joueurs. Nous en étions au tout début des réseaux sociaux et les joueurs contents de pouvoir parler via le Messenger de Facebook avec certains supporters, donnaient souvent leur numéro de téléphone, et n’avaient qu’un seul compte aisément accessible. La communication était beaucoup plus facile que maintenant. Et ce fut ce soir-là, le revers, plutôt marrant avec du recul, de la médaille.
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