Insupp’ #1 : Foot Multiple, l’AJ Auxerre mais pas que…

Voici une nouvelle chronique que vous allez retrouver avant certains matchs. Insupp’ c’est quoi ? In pour inside, une rencontre avec le moteur des clubs que sont les supp’, les supporters. Insupp’ car nous avons tous un côté insupportable à notre manière lorsqu’on soutient notre club de cœur.

Pour ce premier numéro, nous avons échangé avec Arthur Léonard, le créateur de la page Facebook, Foot Multiple. Il va vous présenter son concept et son projet pour cette nouvelle saison de Ligue 1. Pourquoi lui pour ce match ? Il est tout simplement supporter de l’AJ Auxerre et l’an dernier, il a vécu les derniers matchs pour la montée presque de l’intérieur. Du monde amateur à la Ligue 1, de Facebook à la zone de presse, pour Foot Multiple, il n’y avait qu’un pas et surtout beaucoup de travail.

Peux-tu nous expliquer le concept que tu as créé avec FOOT MULTIPLE ? Présente nous également le projet principal pour cette saison 2022-2023.

J’ai décidé en avril 2020 de créer la page Foot Multiple pour parler de foot dans son ensemble, aussi bien du milieu amateur que du football professionnel. C’était le bon moment avec le COVID car les gens avaient le temps de me lire. Ensuite, j’ai couvert des matchs amateurs et l’an dernier j’ai fini la saison, les derniers matchs d’Auxerre, je les ai fait vivre au plus près à ceux qui me suivaient. Cette épopée auxerroise m’a offert une belle visibilité et m’a ouvert des portes. Du coup, cette année, je vais faire le tour des vingts stades de Ligue 1. Le but, c’est de faire visiter les coulisses aux supporters des villes où je serai et les autres en leur faisant découvrir les villes, les tribunes, les zones de presse. Partager un match avec eux, mais aussi leur transmettre les émotions qui en découlent. Lors de la première journée, j’étais à Angers, la semaine avant j’ai partagé des interviews de supporters ou d’anciens joueurs pour faire découvrir les clubs par lesquels je passe. Pour certains matchs, j’irai également voir certains clubs amateurs de la région. À Angers, j’ai aussi interviewé un collectionneur de maillots pour Auxerre j’ai fait un détour par Metz et je suis remonté à Rouen pour entourer le périple à Auxerre. Le projet c’est les vingts stades de Ligue 1 entourés de clubs amateurs et d’anciens joueurs et cela correspond à l’image de Foot Multiple que je veux donner.

Quelles ont été les principales difficultés que tu as eu avec ce projet ?

Je suis parti de zéro. Je n’ai pas de formation journalistique. Je ne suis pas un expert en réseaux sociaux. Puis quand tu pars de zéro, quand tu veux un joueur en interview il faut plus de travail qu’un journaliste qui a déjà des contacts. Au début, il me fallait contacter quarante anciens joueurs pour avoir une réponse positive. Maintenant c’est mieux. Pour les accréditations, comme je n’ai pas de carte de presse, je me bats en présentant mon projet. Pareil, aujourd’hui, les clubs m’ouvrent plus facilement leurs portes.

Qui t’a aidé dans ce projet et quel est ton plus beau souvenir avec l’expérience Foot Multiple ?

Je fais 98% du travail mais j’ai un monteur pour les vidéos et un graphiste. Dans le monde du football professionnel, Auxerre je suis obligé de les citer puisque c’est le premier club de renommé qui m’a permis de travailler dans ces conditions. En terme de visibilité et de sérieux également, cela a donné un nouveau souffle à ce que j’ai créé. Il y a également eu Quevilly-Rouen et le Red Star qui m’ont donné des accréditations au même moment. Je citerai aussi le club de Bobigny. J’ai suivi leur épopée en coupe Gambardella jusqu’en quart de finale face au Stade Rennais. Ils m’ont vraiment ouvert leurs portes au sein du club, j’en faisais partie. Je leur ai donné une visibilité mais ils m’ont permis de me développer. Le contenu avait beaucoup plu aux gens donc ce club m’a aidé.

Pour le meilleur souvenir, c’est forcément la montée de l’AJA puisque j’ai eu la chance de suivre les huit derniers matchs d’Auxerre sur la fin de saison et d’avoir couvert la montée. Au niveau personnel puisque je suis supporter d’Auxerre et en plus, cela a pris une visibilité. Je travaillais à côté et je passais mes journées à mettre en avant l’AJ Auxerre. Je sais le temps que j’y ai passé et les sacrifices que cela a été à cette période là. Quand les gens me remercient encore cela me fait très plaisir. À la fin du match à Saint-Étienne, j’avais les larmes aux yeux pour la montée mais aussi par rapport à Foot Multiple après tout le travail fourni, j’étais vraiment ému. L’interview de Guy Roux c’était aussi énorme.

D’où te vient cet amour pour l’AJ Auxerre ?

J’allais à Auxerre chez mes grands-parents quand j’étais petit et dans cette ville, il n’y a pas grand chose à faire pour occuper les enfants de cinq ou six ans. Du coup, ils ont décidé de m’amener voir un entraînement d’Auxerre. J’ai bien aimé. Les vacances d’après, mon grand-père m’amène voir un match : Auxerre-Sedan. J’avais cinq ans. Auxerre a gagné deux buts à un avec un but de Djibril Cissé à la dernière minute. J’ai commencé à suivre le foot et c’était difficile de ne pas tomber amoureux d’Auxerre à l’époque de Philippe Mexès et Djibril Cissé.

Il y a dix ans le MHSC était champion de France et l’AJA descendait en Ligue 2 après le dernier match à l’Abbé Deschamps. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Je l’ai écouté à la radio car je n’habitais pas à Auxerre. Tu le vis mal. L’année d’avant, on jouait la Ligue des Champions. On n’était pas habitué à cela et les supporters étaient inquiets. Il y avait aussi l’aspect financier. On s’est dit est-ce-que ce n’est pas la fin de cet exploit qui dire depuis trente ans et est-ce qu’on reverra l’AJA en Ligue 1 ? Des joueurs qui tiraient l’équipe vers le haut étaient partis, les joueurs recrutés n’étaient pas à la hauteur et les jeunes du centre de formation ne répondaient pas présents. Le président Gérard Bourgoin avait aussi dit « on veut finir dans les trois premiers » alors qu’avec Guy Roux, il disait tout le temps qu’on jouait le maintien et voilà cette année-là on se retrouve dernier de Ligue 1.

Raconte-nous ces dix ans en Ligue 2.

Au début, on fait neuvième et huitième. Ensuite, l’AJA a frôlé la descente en National. Plus les années ont passé, moins on avait de moyens, plus il a fallu bricoler, on était toujours annoncé pour jouer la montée mais quand on voyait l’effectif on se disait comment est-ce possible de même finir dans le top 5 de Ligue 2 ? On espérait revenir en Ligue 1 notamment par rapport à l’histoire mais il y a deux ou trois ans, c’était difficile de se dire qu’on allait rejouer la montée. La seule éclaircie dans cette pénombre qui a duré dix ans, cela a été une finale de coupe de France en 2015 face au PSG. Ce qui a tout changé, c’est l’arrivée de Jean Marc Furlan. On lui a donné les moyens. Il a apporté une nouvelle dynamique et une stabilité. L’an dernier on y croyait vraiment. Avec l’effectif et le jeu proposé, c’était logique de le dire.

Comment sens-tu cette saison 2022-2023 pour l’AJ Auxerre ?

On joue le maintien et avec l’équipe qu’on a on ne peut rien d’autre. On est limité. Il y a des postes où cela fait peur. On va se battre dans un championnat de sept équipes. On va être dans le dernier tiers avec des équipes qui sont à peu près d’un niveau égal. On n’est pas la meilleure de ces équipes mais on n’est pas la moins bonne non plus, il faut espérer qu’on ne sera pas dans les quatre qui descendent.

Comment as-tu vécu ces deux premières journées ?

Pour ceux qui ont peur car on a pris 4 à 1 à Lille, il faut leur dire que Lille ne joue pas dans le même championnat que nous. Ce qu’on a vu contre Angers c’est mieux, on aurait mérité mieux. Lille, c’était inquiétant mais c’est à nuancer. Contre Angers, l’engouement de l’Abbé Deschamps les ont transcendés. On a retrouvé le jeu de l’année dernière. Après le deux à zéro, ils ont laissé le ballon à Angers. Après le but refusé, cela se ré-inverse et on prend le but. C’est encourageant. Ils ont joué à dix pendant une bonne demi-heure. Inquiétant aussi, car sur les matchs à domicile si tu fais match nul contre des équipes qui jouent le maintien, il faudra aller chercher des points ailleurs.

Quelles sont les forces et les faiblesses de l’AJ Auxerre ?

Il y a cette stabilité avec un seul départ et je pense que le groupe vit bien. On surfe forcément sur l’engouement autour de la remontée et la folie de la fin de saison dernière. Pour les joueurs, il y a Gauthier Hein et Jubal Rocha. Ce sont les deux seuls joueurs dont on n’a pas de doutes sur le niveau pour la Ligue 1. Nos recrues, ce sont des paris. Kays Ruiz qui vient de Barcelone, c’est un talent hors norme et s’il avait eu un bon comportement il ne serait pas à Auxerre. S’il explose cela peut être une force. Nuno Da Costa peut être un vrai bon coup. Et pour les faiblesses, les arrières latéraux notamment Quentin Bernard était déjà juste pour le top 5 Ligue 2. Il n’a pas le niveau Ligue 1. Même contre Angers, il a eu du mal. Gaëtan Charbonnier en attaque, c’est aussi limité pour la Ligue 1. Mais si on est en Ligue 1, c’est en partie grâce à lui. Mais on sait que pour la Ligue 1, c’est un peu juste.

Quel avis général as-tu sur le MHSC ?

J’ai une bonne image de Montpellier. J’ai de bons souvenirs. C’est un club que j’aime bien pour Loulou Nicollin qui ressemble beaucoup à ce que Guy Roux a eu comme place à Auxerre. Après Olivier Giroud, Younes Belhanda et Souleymane Camara, au moins ces trois là l’année du titre je pense à ces souvenirs-là. C’était une année de folie quand ils ont acquis le titre.

Pour l’actualité, j’aimerais les voir dans le top 10 car je n’ai rien contre Montpellier mais c’est un club plus huppé qui ne devrait pas se retrouver là. Je les vois entre la fin du deuxième tiers et le début du troisième. S’ils font une saison sérieuse, ils vont se retrouver peut-être dixième mais si les galères s’enchaînent comme l’année dernière eh bien ils pourraient se retrouver à jouer le maintien. Ce n’est pas l’équipe qui me donne le plus confiance pour des équipes de leur standing. Si tu m’avais demandé de citer une équipe qui pourrait avoir peur, j’aurais dit Montpellier. On sait qu’ils ont une marge par rapport à certaines équipes mais tu n’es pas à l’abri avec quatre descentes. Je les vois entre la onzième et la quatorzième place en espérant qu’ils finissent le plus haut possible.

Quel est le joueur de l’effectif pailladin qui te fait le plus peur pour dimanche ?

J’aurais dit Mavididi en terme de potentiel mais il est blessé. Je pense qu’il peut vraiment exploser. Après c’est Téji Savanier car c’est un très bon joueur de Ligue 1. Techniquement, il est au-dessus de tous les joueurs de l’AJ Auxerre. Quand tu es l’AJA, tu as forcément peur de ces joueurs-là.

Un petit pronostic pour le match de dimanche ?

Je vais parler avec le cœur mais aussi en essayant d’être objectif. Je dirais match nul et même un but partout. Pour l’AJA, ils se doivent de faire bonne impression qu’ils ont fait contre Angers. En ne gagnant pas contre Angers et en enchaînant après contre des équipes comme Lyon et Marseille, on a plus de chances de prendre un point contre Montpellier que contre ces équipes. L’AJA se doit de prendre des points mais évidemment que Montpellier est favori.

Quel est ton côté Insupp’ (insupportable) ?

Je suis assez calme, assez nuancé de personnalité. J’aime bien être concentré, c’est peut-être cela mon côté insupportable. Quand je regarde un match si quelqu’un me parle sans arrêt, cela m’embête et je vais lui dire laisse moi regarder le match. Pour regarder une finale de coupe du monde par exemple, je préfère la regarder chez moi avec deux ou trois amis plutôt que dans un bar avec cent cinquante personnes qui connaissent seulement le nom d’Olivier Giroud parce qu’il est beau et de Kylian Mbappé parce que c’est le plus connu (rires).

Nous remercions encore Arthur pour le temps qu’il nous a accordé et nous lui souhaitons le meilleur dans cette belle aventure Foot Multiple. N’hésitez pas à suivre ces aventures sur sa page Facebook ou Twitter, de source sûre, vous pourriez le croiser dimanche du côté de la Mosson.