Souviens-toi, c’était… Laurent Robert

C’est parti pour le second épisode de cette nouvelle chronique proposée par Babar, fidèle lecteur du site AllezPaillade qui s’est lancé dans un tour d’horizon des joueurs qui ont marqué notre club. Aujourd’hui c’est Laurent Robert qui est mis à l’honneur. Souvenir souvenir…

Il y a des joueurs dont on se rappelle les buts, il y a ceux dont on se rappelle la foudre.
Laurent Robert appartient à cette deuxième catégorie. Un pied gauche capable de déchirer la pelouse, de fissurer les filets, de faire trembler les panneaux publicitaires où d’anesthésier un homme.

Origines

Né à Saint-Denis, pas la ville du Supreme NTM, celle qui te conseille de “foutre ton gilet pare-balle” mais celle de la Réunion. Qui te conseille la même chose quand Laurent arme sa grosse frappe de balle. De l’île intense, il n’apporte pas seulement le ballon : il apporte le volcan dans ses jambes, un canon dans le pied. Une tempête tropicale venue de la gauche.

Arrivée à Montpellier

À Montpellier, premier entraînement, un premier tir qui fait sursauter le vestiaire, un coup de tonnerre, le club comprend qu’avec un ballon ce gamin ne joue pas : il déclare la guerre.

Mais avant, le gaucher de 16 ans arrive à Brest, qui dépose le bilan 6 mois plus tard.

En décembre, Auxerre l’attend, ce bon vieux Guy Roux lui fait les yeux doux. Mais “Merci mais non merci…” Trop froid, trop gris, trop de brouillard. Au bout d’une semaine, il veut du soleil. La Paillade, en embuscade le kidnappe. Un jour où Guy Roux n’était pas là, Fleury Di Nallo et son père viennent le chercher en voiture, en Bourgogne pour rallier le MHSC.

À Montpellier, le soleil l’adopte pour porter ce maillot orange et bleu. Bleu c’est la Méditerranée, orange le soleil au coucher.

Explosion inaugurale : Martigues, première détonation

Premier but pro, un coup franc face à Martigues : “Coach, si vous me faites entrer, je marque.” Mézy accepte. Lancement de la première fusée. Boom ! Filets. 1–0. Première déflagration.

Plus tard, contre Rennes, un festival de frappes pimentées qui sentent le goudron brûlé et la braise. Double coup de pétard, la Mosson en ébullition !

Puis un soir à Paris. Menés 2–0 au Parc, Laurent Robert réveille le match. Le 3–2 de la victoire face à un Bernard Lama désabusé en prime sur Canal+. Un souvenir gravé comme un éclair dans la nuit parisienne.

À la Paillade, chaque frappe devient événement, chaque ballon un missile téléguidé.
Philippe Sers au micro sort sa plus belle voix accentuée comme on l’aime : “OOOOH LA PRALINE DU GAUCHE !”
Et la tribune, mi-fascinée, mi-terrorisée, retient son souffle… Dommages collatéraux possibles, mais c’est le prix de la beauté. En espérant qu’un coup de canon ne vienne pas s’échouer entre les omoplates d’un petit ramasseur de balles.

Maillots et époque

Le MHSC des 90s, Laurent Robert, le découvre avec un maillot Adidas bleu et blanc – trois trait orange sur les côtes sponsorisé d’un placard Daewoo automobile.

Mais son époque est surtout marquée par le mythique Maillot Erima bleu roy barré d’une bande orange façon Hechter du PSG, en mode avant-goût du destin.

L’époque où la Mosson est prête à se faire perforer sur coup franc.

Paris : Dynamite sous licence officielle

En 99. Fin du bal, feu d’artifice final à la Paillade. Robert rejoint un PSG en reconstruction.
Il part vers Paname rejoindre Anelka, Okocha, et plus tard accueillir un jeune Brésilien prometteur qu’on surnomme Ronaldinho, avant de filer ailleurs, outre-Manche.

Il devient l’ingénieur en chef de la poudre parisienne d’une soirée Champion’s League contre Rosenborg : 7 à 2. Impliqué sur six buts. Six explosions orchestrées par un pied gauche laser, armé pour marquer ou faire marquer.

Quelques sélections en Bleu grattées, une Coupe des Confédérations gagnée, des Marseillaises entonnées.

Le Réunionnais ne sera pas un pilier de la France, mais un souffle chaud dans l’ombre d’autres étoiles.
Une époque ou intégrer les bleus est une mission quasi-impossible.
Une traînée de fumée tricolore façon patrouille de France du 14 juillet, sonore, puissant, éphémère.

Laurent Robert est présent dans l’esprit du sélectionneur, il est pour Robert Pirès ce que Micoud est pour Zizou.

Newcastle : le canon exporté

Le Nord anglais découvre le Réunionnais qui transforme chaque ballon en météorite. Les Canonniers ne sont pas tous à Arsenal.

Saint James’ Park vibre dès qu’il touche le cuir.
Alan Shearer parfois lui demande le ballon…
Robert choisit la trajectoire la plus explosive.

Et puis… ce but scorpion contre Fulham.
Pas pour le style. Pour faire parler la poudre. Juste plus de douceur, un coup de sniper silencieux. Efficace, spontané, instinctif…
Le stade explose, les pubs tremblent, et même la Paillade regarde de loin, admirative. Souvenir d’un Pailladin venu de loin, devenu légende d’un club anglais.

FLASHBACK ⚡️ #NEWFUL

In January 2004, Laurent Robert scored this ridiculous, instinctive, outstanding goal in this very fixture.

Also, I was there. What. A. Goal. #NUFCpic.twitter.com/V5qPC2iX7x

— The Premiership Years (@PremiershipYrs) October 25, 2025

Goal ! : Naissance d’un prodige…

Le film Goal Naissance d’un prodige cherche une légende pour représenter la Premier League.
Beckham, le spice boy, pour les posters. Robert pour les frappes épicées.

Sans son pied gauche, Santiago Muñez n’aurait jamais signé à Newcastle, ni qualifié les Magpies sur coup-franc en Ligue des Champions. Ce but signé “Santi” appartient à Laurent.

Santiago finira au Real Madrid, La Paillade, elle, a inventé le scénario.

Souviens-toi…

À Montpellier, il n’a pas laissé une armoire à trophées.
Il a laissé des trous dans les filets, des marques dans les panneaux, et des souvenirs brûlants dans le cœur des supporters.

Chaque frappe : un coup de tonnerre, un grondement, une éruption, une tempête tropicale.
Chaque dribble : un éclair, un flash, une onde de choc.
Chaque but : un souvenir qui colle à la peau, à l’âme, aux tribunes.

Laurent Robert n’a pas juste marqué des buts.
Il a tiré plus fort que le destin.
Il a transformé un simple stade en volcan actif, en théâtre de braises et de frissons. Le piton de la Fournaise.

Souviens-toi du numéro 11.
Souviens-toi du pied gauche qui ne demandait pas la permission.
Souviens-toi de l’artificier de Montpellier, celui qui a fait d’un match un feu d’artifice.