Zoom | Le mercato passé au crible

Avec la reprise du championnat de D1 fixée d’ici un mois (le 10/09 contre Dijon) et un programme de match amicaux chargé, qui commencera ce jeudi face à l’Ajax Amsterdam (18H), les féminines du MHSC sont bien sur le pont. Et pour planter le décor à l’aube de cette nouvelle campagne, je vous propose aujourd’hui un tour d’horizon des différents mouvements enregistrés par le club dans le cadre du mercato estival. Alors, sans plus attendre…

LE TABLEAU DES TRANSFERTS

Prolongations = Marion Torrent, Nérilia Mondésir et Dominika Škorvánková

LA DÉFENSE ET LES GARDIENNES

Pas de gros changement en vue niveau défense, avec comme seul départ celui de Morgane Nicoli, souvent cantonnée au banc des remplaçantes, qui a pu saisir une belle opportunité en prenant le large vers Séville. Pour le combler, le MHSC a su attirer une joueuse prometteuse en la personne d’Océane Deslandes. Véritable pilier du collectif rémois depuis deux saisons, la Mayennaise de 22 ans a ainsi disputé 43 des 44 matchs de championnats de son ancien club entre 2020 et 2022. Elle fut titulaire à chaque reprise.

Une constance qui a fini par taper dans l’œil de Corinne Diacre, la sélectionneuse des Bleues l’ayant déjà convoqué à trois occasions en Équipe de France, sans néanmoins lui accorder la moindre minute de jeu. C’est ce cap que Deslandes souhaite franchir à Montpellier et c’est déjà, en soit, une bonne nouvelle. Ces dernières années, on a vu pas mal de jeunes internationales françaises quitter Grammont pour tenter d’asseoir leur statut sous d’autres cieux. Certaines ont eu du succès telles que Sandie Toletti (Levante, puis Real Madrid) ou Sakina Karchaoui (OL, puis PSG), quand d’autres ont jusqu’ici raté le coche en sortant des plans de Diacre avant le dernier Euro, comme Valérie Gauvin (Everton, puis North Carolina Courage) ou Elisa de Almeida (PSG).

Quitter Montpellier n’est donc pas nécessairement gage d’une carrière internationale stable, surtout qu’avec Diacre, le temps de jeu et l’état d’esprit semblent compter encore plus que le statut des clubs dans lesquels évoluent les joueuses en qui elle place sa confiance. C’est, je pense, ce qui a motivé en partie Deslandes à rejoindre une équipe pailladine où elle devrait sans peine jouer une partition majeure, dans une arrière-garde qui aura besoin de sa polyvalence : outre son rôle de DC, elle est aussi capable d’évoluer à gauche et pourra suppléer au besoin la latérale Inès Belloumou, reprenant ainsi une charge qui échouait l’an passé à la milieu Sarah Puntigam, désormais partie.

Côtés gardiennes, le recrutement de Romane Salvador, ancienne pensionnaire des centres de formation de l’OL et du PSG, peut paraître anecdotique. Mais la joueuse, qui évoluait depuis 5 ans dans les rangs universitaires américains, devrait récupérer une place importante dans la hiérarchie. Actuellement, Lisa Schmitz fait office de titulaire, quand Gabrielle Lambert, sa doublure/concurrente, est blessée (et probablement pour un moment). Marion Gros, troisième portière du club l’an passé, est partie cet été pour Yzeure (D2), tandis que l’internationale U20 Marie Petiteau a vu son prêt à Saint-Malo (D2) être prolongé d’une année. Salvador va donc a priori se retrouver dans la peau de nº2, et vu la fragilité de Schmitz, qui n’a pas disputé une seule saison complète depuis son arrivée à Montpellier il y a trois ans, il n’est pas exclu qu’elle ait vite l’occasion de s’exprimer pour la première fois de sa carrière en D1. À elle de saisir cette chance.

LE MILIEU

Il s’agit du secteur de jeu qui a connu le plus de bouleversements cet été. Côté départ, on regrettera surtout la polyvalence de Sarah Puntigam, toujours prompte à dépanner dans des rôles différents (sentinelle, relayeuse, latérale, défenseuse centrale…), sans oublier son apport précieux sur les coups de pieds arrêtés. Qualité qu’elle partageait d’ailleurs avec l’autre partante Iva Landeka. La Croate, pour sa part, a toujours fait montre d’un bon leadership dans son rôle de numéro 6, récupérant même plusieurs fois le capitanat en l’absence de Torrent, mais il était aussi courant de la voir commettre des erreurs (tacles trop appuyés, pertes de balle…) qui pénalisaient quelque peu l’équipe collectivement.

Outre ces deux éléments, l’exode californien de Clarisse le Bihan en cours de saison dernière (attaquante de formation mais souvent utilisée au milieu) est aussi à mettre en avant comme un signe de la volonté du club de se renouveler dans l’entrejeu.

Pour ce faire, la direction a donc décidé de miser en premier lieu sur le retour de Charlotte Bilbault. Un come-back qui s’effectue 8 ans après son premier passage sous les couleurs du MHSC (2010/14), et qui la voit revenir à Grammont auréolée du statut d’internationale tricolore. Cadre très appréciée par Corinne Diacre (au grand dam des partisans d’Amandine Henry), qui l’a maintenu dans son 11 lors du dernier Euro, l’ex-Bordelaise semble être une candidate parfaite pour amener grinta et expérience devant la défense pailladine.

L’arrivée de Léa Khelifi était elle attendue depuis plusieurs mois. N’ayant pas trouvé d’accord de prolongation avec le Paris Saint-Germain, et ignorant notamment les sollicitations d’Everton, la joueuse a manifestement vu en Montpellier, qui s’est vite positionné avec insistance pour l’accueillir, un point de chute intéressant pour la suite de sa prometteuse carrière. La présence sur le banc de Yannick Chandioux, qui l’a coaché lors de sa saison en prêt au DFCO (2020/21), a probablement été un facteur. Cette milieu offensive, également capable d’assurer un rôle de relayeuse, semble en tout cas avoir les qualités techniques et le volume de jeu nécessaires à faciliter la circulation du ballon dans le collectif héraultais.

Au PSG, sa campagne 2021/22 fut étrange… comme beaucoup de choses le furent ces derniers mois, dans ce club marqué par les affaires extra-sportives. Utilisée régulièrement en sortie de banc par Didier Ollé-Nicole sur la première partie de saison, elle a ensuite quasi-disparu des terrains sur la phase retour. Pourtant, ses performances jusqu’en décembre étaient plutôt honorables, avec 5 buts inscrits en 10 matchs, dont 4 titularisations. Mais en 2022, elle n’a eu que 2 apparitions à se mettre sous la dent, pour 25 petites minutes de temps de jeu total. Sans qu’une gêne physique quelconque ne justifie cette mise à l’écart (du moins, de ce que j’ai pu lire). L’annonce de ses contacts avancés avec le MHSC, fin mars, n’a toutefois probablement pas beaucoup aidé son cas, en plus de la concurrence toujours relevée dans un club comme Paris.

Il est intéressant de noter qu’à l’instar d’Océane Deslandes, Khelifi a également goûté aux joies d’une convocation en Équipe de France, avec déjà trois sélections au compteur. Je me répète, mais je trouve tout de même vraiment encourageant de voir notre club encore capable de structurer son projet autour de telles jeunes joueuses, qui peuvent ambitionner sérieusement de franchir un pallier vers l’EDF sous les couleurs de la Paillade.

Le casting des recrues au milieu est finalement complété par Celeste Boureille. Globe-trotteuse, cette joueuse américano-française a connu aussi bien la ligue majeure de son pays natal (NWSL), chez les prestigieuses Portland Thorns, que le championnat australien (Canberra United, Brisbane Roar), français (FC Fleury) ou, plus récemment, italien (AC Milan). Avec un profil de sentinelle, elle devrait servir de doublure à Bilbault, ou éventuellement lui servir de partenaire si Chandioux veut privilégier un système à vocation plus défensive au milieu. Elle étoffera ainsi une rotation où figureront aussi deux éléments sortis de la formation, Cyrielle Blanc et Judith Coquet, 19 ans chacune.

L’ATTAQUE

C’est finalement l’attaque qui se trouve être le seul secteur où le MHSC ne compte, pour le moment, sur aucun renfort. Le club paraît d’ailleurs moins fournis que la saison passée, avec les départs conjugués de Mary Fowler et Ashleigh Weerden. Pour cette dernière, un retour au Pays-Bas semble être une bonne occasion de retrouver confiance et temps de jeu, après avoir progressivement glissé vers le bas de la hiérarchie offensive à Montpellier. La jeune Néerlandaise, bien que généreuse, a en effet trop souvent donné l’impression de courir dans le vide et de manquer de lucidité aux abords de la surface. Que le club ne l’ait pas retenue ne constitue donc pas, en soit, une grosse surprise.

Le cas Fowler est un peu plus contrasté. D’un côté,  l’Australienne a su se montrer utile l’an passé en affichant 5 buts au compteur, avec comme particularité de les avoir tous inscrits en tant qu’entrante en cours de match. Un total qui a fait d’elle la remplaçante la plus prolifique de D1 féminine en 2021/22. Mais cette utilisation prononcée en sortie de banc dénote aussi d’une incapacité de la Matilda à s’imposer dans le 11 type, avec des performances souvent insuffisantes lorsque Chandioux s’est décidé à la faire débuter. Portée par la hype de ses bonnes performances en équipe nationale, qui font d’elle l’une des « prospects » les plus observées actuellement, elle tentera donc de passer un nouveau cap du côté de Manchester City, laissant à son aventure dans le Languedoc un goût d’inachevé.

Si le MHSC n’a donc pas perdu ici deux titulaires en puissance, reste que le contingent offensif actuel apparaît quand même comme très restreint. Pour l’heure, le staff héraultais ne peut s’appuyer que sur 4 attaquantes de métier : Nérilia Mondésir, Faustine Robert, Lena Petermann et Esther Mbakem-Niaro. Les trois premières ont formé un trident plutôt efficace sur la phase retour et pourraient à nouveau se retrouver alignées ensemble si Chandioux décide de s’appuyer sur le même système en 3-4-3, laissant EMN comme seule attaquante pure sur le banc. Forcément, ça fait court.

En l’état, je pense qu’on devrait voir la milieu offensive Dominika Škorvánková être souvent utilisée dans un rôle d’ailière (Mbakem-Niaro étant une avant-centre) plutôt que dans l’entrejeu, histoire d’avoir un peu plus de monde devant. Ce fut déjà le cas plusieurs fois lors de l’exercice qui vient de s’écouler. Par contre, au-delà de cette option, je ne vois pas beaucoup d’autres alternatives internes. Peut-être que le staff décidera d’intégrer une joueuse U19 au groupe dans les semaines qui viennent, mais à l’instant T, je n’ai rien vu qui semble l’indiquer.

On pourrait donc penser que l’arrivée d’une joueuse supplémentaire en attaque avant la reprise de la compétition serait une bonne chose pour le club, mais si cela était dans les plans, je pense que ce serait déjà bouclé. Pour le moment, il semble donc que ce groupe soit bien celui sur lequel Chandioux devra s’appuyer face à Dijon le 10 septembre prochain.

Il y a tout de même un scénario alternatif qu’on peut éventuellement imaginer. Ces dernières années, le MHSC s’est plutôt montré peu actif niveau arrivées une fois la saison enclenchée, mais peut-être que cette fois-ci, la donne sera différente avec un recrutement supplémentaire effectué à l’automne ou dans l’hiver.

Dans cette optique, un nom comme Desire Oparanozie (28 ans), partie de Dijon (où Chandioux l’a notamment coachée durant un an) pour la Chine en février dernier, pourrait être intéressant. La Nigériane compte 8 saisons de D1 au compteur, partagées entre Guingamp et le DFCO (avec un total de 54 buts en 133 matchs) et pourrait peut-être avoir envie de regagner la France si elle se retrouve libre contractuellement une fois sa saison à Wuhan terminée (c’est à dire, au 31 octobre). Elle serait un renfort convenable pour le banc.

Et puis, il y a la possibilité Valérie Gauvin, dont le séjour à Everton a été complètement déraillé par une blessure musculaire contractée fin 2020. Son avenir avec les Toffees semble aujourd’hui plus qu’obscurcit après que le club anglais ait fait le choix de la prêter pour un an outre-Atlantique, chez le North Carolina Courage (NWSL), où elle attend encore de disputer son premier match. Un tableau peu reluisant pour une joueuse qui jouissait pourtant, du temps de son époque montpelliéraine, d’un statut d’internationale quasi-indéboulonnable sous l’égide de Corinne Diacre.

À 26 ans, la Réunionnaise cherche ainsi à retrouver le fil d’une belle carrière, qui semble avoir été perdu dans les méandres du foot anglo-saxon. Peut-être pourrait-elle le faire au sein du club qui l’a révélé ? Notons que la saison régulière du Courage se terminera le 30 septembre prochain, ce qui risque fort de marquer la fin des hostilités pour la franchise américaine, actuellement lanterne rouge avec 11 petits points au compteur et donc assez loin d’une qualification en playoffs.

Je précise ici que l’évocation de ces noms n’est que pure spéculation de ma part, je n’ai pas, ni ne prétends avoir d’informations relatives à un intérêt du MHSC pour ces deux joueuses. Mais bon, ça me paraissait intéressant d’évoquer ces deux idées.

Voilà donc l’aperçu global des différents changements entraînés jusqu’ici par le mercato estival montpelliérain. Cette mouture 2022/23 du MHSC féminin sera-t-elle plus compétitive que la précédente ? Difficile à dire, tant la concurrence risque à nouveau d’être rude dans le top 5 (un sujet qui pourrait d’ailleurs être bientôt exploré dans un nouvel article…). Mais les premiers éléments de réponse ne tarderont pas à venir, avec les deux premiers matchs amicaux face à l’Ajax puis au Barça, qui approchent à grand pas pour la bande de Yannick Chandioux.