G. Printant : « La Paillade, c’est mon club »

Pendant plus d’une heure, aux abords du terrain d’entrainement des U17 où son gardien de fils s’exerce, Ghislain Printant est revenu avec nous sur son parcours. Au travers d’anecdotes passionnées, l’ancien entraineur des gardiens, membre du trio fantastique en 2002-2003, a pas mal de choses à nous raconter. Entre Marvejols, Fodé Mansaré, Lourdes et Rudy Riou…
Entretien réalisé le 04/05/2016, avant la réception de Rennes

M. Printant, ou en êtes-vous dans vos projets ?
À l’heure actuelle, je suis sur le marché du travail. Je suis dans l’attente de tout projet, quelque soit le niveau, ou même la fonction : tout s’étudie. Il me tarde de rebondir car les terrains me manquent, évidemment, même si je sais qu’il me faudra être patient étant donné la valse des entraîneurs qu’il y a pu avoir cette année et le nombre de coachs qui se retrouvent sur le carreau.

Vous n’avez donc pas tirer un trait sur la formation, poste que vous avez occupé à Bastia entre 2010 et 2014 ?
Non, s’il se présente un très bon projet sur la formation, pourquoi ne pas y retourner ? Même si à l’heure actuelle, mon ambition première est de retrouver un projet à la tête d’une équipe une.

Pensez-vous avoir un avenir politique en Corse, après les quelques voix récoltés lors des élections départementales en 2015, tout comme Hantz quelques années avant vous ?
(Rires) Cela prouve toute la place et l’ampleur que prend ce club du Sporting Club de Bastia, que ce soit en Corse ou sur le plan national. Le travail qu’a réalisé Fred (Hantz), permettre au club de retrouver l’élite, cela a été énorme. C’est quelque chose de fabuleux qu’il a réalisé. À l’heure actuelle le Sporting est toujours en Ligue 1, c’est une très bonne chose. Et on s’aperçoit à travers ces témoignages quelle importance peut avoir le football en Corse et notamment le Sporting et lorsque l’on se retrouve à la tête de ce club on ne laisse pas indifférent.
Je crois que les gens ont voulu témoigner, sous forme de magagne, car les corses aiment bien, comme nous sudistes, la magagne, leur désamour de la politique et mettre en avant le SC Bastia (sourire).

Comment décrieriez-vous votre attachement au club ?
(Long moment de reflexion) C’est mon club. D’ailleurs j’y suis resté assez fidèle car comme entraîneur je n’ai eu que le Montpellier Hérault, un passage de 2 ans à Marvejols et le Sporting Club de Bastia derrière. Je n’ai pas fait 36.000 clubs. J’ai intégré la Paillade en cadet, en tant que joueur, mes parents ont pris place à coté de la famille Nicollin dans la construction du club. Je l’ai vu évoluer, je l’ai vu grandir. J’ai eu l’occasion de faire partie de l’aventure de la Coupe de France en 90, de l’épopée en Coupe d’Europe. Ce sont des souvenirs qui marquent. Le Montpellier Hérault fait partie de ma vie et fera toujours partie de ma vie. Même à Bastia, après mes matchs j’allais voir ce qu’avait fait Montpellier, quelles que soient les catégories. Pour preuve, mon fils a pris le relais entre guillemets et a été vacciné au Montpellier Hérault. Je dirais pas que c’est une grande histoire d’amour, mais ça fait partie intégrante de ma vie. J’ai également connu une aventure faite d’amitié à Marvejols quand j’y suis allé et, malgré mon éloignement, je pense que j’ai connu à nouveau également cela à Bastia. Je ne sais pas si je suis fait pour ce genre club, mais on ne peut que s’attacher au MHSC. On le voit encore aujourd’hui avec des joueurs qui, entre parenthèses, n’ont été que de passage et qui se retrouvent quelques années après attachés à Montpellier.

Avez-vous gardé des contacts avec les Nicollin ou, tout du moins, la direction du club ?
Non. Je suis en relation avec le staff de la formation, de par la présence de mon fils en U17. Les entraineurs composant ce staff sont également d’anciens joueurs ou entraineurs que j’ai connu, donc on échange souvent. Avec Laurent, on a gardé d’excellents rapports, de même qu’avec son papa. Il est arrivé que l’on s’envoie quelques textos d’encouragements lors d’échéances importantes. Il m’est arrivé, lorsque le Montpellier Hérault était en difficulté, de communiquer avec Laurent et de lui apporter tout mon soutien. Pas plus tard que lundi soir, après son passage sur France Bleu Hérault, je lui ai envoyé un texto. Même si on ne mange pas ensemble tous les jours, même si on ne se voit pas régulièrement je pense qu’il y a quand même une grande connivence et je ne peux qu’avoir un grand respect pour la famille Nicollin. Je sais les mains qu’ils ont tendu et je sais qu’aujourd’hui si je me suis fait une place dans le milieu du football, quelque part, je leur dois beaucoup. Même si, après, c’est par mon travail que j’ai pu être là où j’en suis aujourd’hui.

En 2002 vous faites partie du trio qui marquera à jamais l’histoire du club, et qui constitue pour beaucoup de jeunes supporters leur premier souvenir. En compagnie de Bernardet et Baills, vous succédez à Mézy, et vous revoyez la tactique et les compos de départ avec notamment sur la fin le fameux trident offensif Robert-Mansaré-Bamogo, écartant Gueï ou Pataca. Si les premiers résultats sont irréguliers, vous finissez par trouver la bonne formule avec, en point d’orgue, la victoire au Parc (3-1).
C’était quelque chose de fou. Je pense que ça a été un crève-cœur de se séparer de Michel Mézy, quand on sait l’attachement entre ces deux personnages. De notre coté, nous étions que des adjoints, pas programmés pour prendre cette place. Que ce soit Gégé (Bernardet) ou Pascal (Baills), qui sont deux grandes figures du football pailladin on était là (long silence)… C’était notre club! Il fallait faire quelque chose, alors on y a mis toute notre énergie à faire passer des messages etc. C’est vrai qu’il a fallu avoir ce déclic, qui a eu lieu au Parc des Princes, mais après on a aussi gagné à Troyes, à Sedan… On gagnait à l’extérieur et à la maison, on se faisait accrocher et ça remettait toujours en cause notre sauvetage. On était trois à diriger, j’étais le plus ancien dans la fonction donc j’avais en charge la préparation et l’animation des séances, mais on se partageait très bien les taches. Il n’y avait aucune ombre car on avait compris que la réussite de l’un était la réussite des trois et surtout de la survie du club. Arriver à sauver ce club, c’était aussi sauver des emplois. Ça permettait, peut être, à ces gamins (montrant le terrain d’entrainement des U17) d’être ici présents. C’était pas évident, je crois qu’on avait 9 points de retard. On s’y est mis petit à petit, il a fallu de la réussite mais on l’a provoqué. Que ce soit Gégé ou Pascal, ils ont à un moment donné fait parler leur expérience. On a essayé de trouver les mots justes, d’apporter ce qu’on pouvait. Après, les garçons ont certainement pris conscience qu’eux aussi avaient beaucoup à perdre en cas de descente et il y a eu une adhésion complète à ce projet-là. Il y a eu ce final à la maison contre Lyon (1-1), qui était je crois un grand soulagement pour tous les spectateurs. Je vois encore la joie du Président qui nous a pris tous les trois dans ses bras. Ce jour-là, je ne vous cacherais pas qu’il y a quand même eu beaucoup d’émotions, mais surtout une grande fierté. Parce qu’on se dit que la mission est remplie et puis quand on aime le club comme on l’a aimé que ce soit Pascal, qui est toujours ici, Gégé ou moi, quand aujourd’hui on voit ce superbe site de Grammont, on se dit qu’on y a peut-être un petit peu contribué. C’était une belle aventure, faites de déplacements compliqués puisque le club était en crise sportive mais aussi financière, donc on partait trois jours en périple en train et bus (rires), mais je pense que quelque part c’est ce qui a permis d’avoir une grande force mentale et une cohésion énorme. On s’est appuyé sur les jeunes et ils ont répondu présent. Les cadres ont également joué le jeu, donc la sauce a prise entre ces jeunes et les vieux. Même ceux qui ont peu participé à ce sauvetage se sont sentis, à un moment donné, concernés. On a réussi à faire passer le club avant beaucoup de choses.

Si nos souvenirs sont bons, lors de la fameuse chevauchée jusqu’à Lourdes pour fêter le maintien, vous êtes absent. Le contrôle était positif avant le départ ?
(Rires) Non, Gégé et Pascal se sont préparés avant, parce qu’ils y croyaient vraiment en ce maintien (rires). Pour tout vous dire, c’est pas tellement que je ne voulais pas le faire mais on avait nos tâches et lorsqu’ils sont partis j’étais ici, à Grammont, en compagnie du directeur financier M.Peybernes et j’étais en pleine préparation de la nouvelle saison avec entre autres les matchs amicaux. Il en fallait un, donc moi ça ne me dérangeait pas de prendre cette place (rires). Blague à part c’était super ce qu’ont fait Gégé et Pascal. Je suis allé les accueillir avec le Président à Lourdes. S’il avait fallu que je le fasse, je l’aurais fait avec grand plaisir mais c’est vrai que c’était le pari de Gégé et Pascal, même si j’étais dedans. Mais ça prouve aussi qu’on avait notre fonctionnement et moi la chose qui me préoccupe, avant les médias et toutes autres choses, c’est le terrain et le travail. Il était plus important pour moi de planifier cette reprise avec le stage, les matchs amicaux. J’ai réussi à contourner par le travail mais après j’ai quand même fait Montpellier-Lourdes…en avion ! (Rires)

Votre histoire avec le club est fortement reliée au poste de gardien de but, puisque vous étiez entraineur des portiers de 1989 à 1992 puis de 1994 à 2004 à Montpellier. Comment expliquez-vous cette culture du gardien de but au sein du MHSC qui, depuis Gnanhouan en 2005, n’a jamais eu à recruter à ce poste ?
C’est toujours un plus d’arriver à former des gardiens. Je dirais que c’est une volonté et une prise de conscience du club. Il y a eu un énorme travail qui a été fait sur ce point. Il y a eu également une grande confiance de la part des dirigeants : lorsque l’on joue la montée en Ligue 1 et qu’on part avec Rudy Riou et Rémy Vercoutre et Rudy se blesse. Au mois de novembre il se fracture la jambe avec Marcel Mahouvé et on maintien le cap en ayant Vercoutre en numéro un et Jody Viviani et, déjà Pionnier, derrière pour assurer en cas de besoin et jouer la montée… C’était un gros risque, je pense que ce jour-là on était peut-être attendus au tournant. Le fait de le réussir à peut-être amené à ce que derrière on puisse avoir les éclosions de ces gardiens, que ce soit Laurent (Pionnier) Jody (Viviani) Geoffrey (Jourdren) ou Jonathan Ligali. À l’époque je travaillais tout seul, j’ai eu la chance qu’un garçon comme Dominique Deplagne vienne ensuite m’épauler. Je dirais qu’on a été attractifs après, en recrutant un garçon comme Geoffrey alors à l’INF Clairefontaine. On a pu être attractif car on a montré qu’il y avait un travail qui se faisait et ça nous a permis d’avoir de bons gardiens de but. Dans un passé plus lointain, en parlant de transfert, Montpellier aussi eu sa période dépensière concernant ce poste. Que ce soit Albert Rust, Bruno Martini, ça reste des figures. C’est vrai que pour le Président, c’était un petit peu sa garantie que d’avoir son gardien d’expérience. Aujourd’hui je dirais que c’est bien, pour la formation. Mais c’est vrai qu’il y a eu la mise en place d’un travail et on voit qu’à l’heure actuelle on est plus les seuls puisqu’on voit des clubs comme Nice ou Lyon qui se sont mis à promouvoir les gardiens de leur centre de formation. Donc ça prouve que tout le monde travaille et c’est vrai qu’à l’époque, en terme de formation de gardiens de but, le Montpellier Hérault était un des plus performants de France.

Si Pionnier et Jourdren ne passeront pas leurs vacances ensemble, on sait que Riou et Vercoutre étaient plutôt bons copains malgré la concurrence. Avez-vous quelques anecdotes à ce sujet ?
Je me rappellerais toujours lorsque Stéphane Cossard s’était blessé en Intertoto. Rudy Riou est en équipe de France U18 pour le championnat d’Europe de la catégorie en 1999. On fait donc la préparation avec Vercoutre, qui avait été très bon et Cassard. Stéphane se blesse à une main, contre l’Espanyol Barcelone je crois…(il hésite, mais il dit juste, ndlr) C’est tellement loin maintenant ! (sourire) Derrière, on doit aller jouer en Allemagne, à Duisbourg. Et juste après cette blessure contre l’Espanyol, l’équipe de France U18 est éliminée, et Riou revient dans le groupe. Jean-Louis Gasset, l’entraineur de l’époque, me dit « tu va être bien emmerdé, parce que maintenant, il faut choisir ! » Alors on a échangé, discuté, après c’est Jean-Louis qui a pris la décision finale mais moi j’ai donné mon avis et je lui ai dis « écoute, on ne va pas s’emmerder : on a deux gardiens de même niveau, et à l’heure actuelle il y en a un qui était en équipe de France, on va respecter une certaine logique. » Notre décision a été celle-là. On s’est entraîné et, je m’en rappellerais toujours car, avec les médias, j’avais fait en sorte d’aller au bout du terrain faire mon entrainement avec Rudy et Rémy. L’entrainement se termine, je m’assois sur un ballon tranquillement, et je fais s’assoir les deux gardiens. Je les vois tendus (rires). Et mon discours, il a été tout con parce qu’il s’est adressé à celui qui n’allait pas jouer. Mais je ne leur ai rien dis. Je leur ai juste dis « demain il y aura un choix qui sera fait. Que ce soit l’un ou l’autre, c’est comme ça. Le plus important, ce sera l’attitude de celui qui ne jouera pas, car elle va conditionner le match de celui qui sera titulaire. S’il fait la gueule, s’il fait un mauvais échauffement, à un moment ça va perturber le titulaire » J’ai beaucoup insister là-dessus. Je voyais des garçons attentifs, très respectueux mais nerveux, toujours. Je suis resté sur mon ballon et on a discuté un bon moment. On a parlé un peu de tout. A un moment je leur ai dis « allez, à demain à l’aéroport » et ils sont partis. Une fois qu’ils ont fait 30 mètres, je les appellent et je leur dis « vous êtes deux petits cons : il y en a pas eu un qui a eu les couilles de me dire « mais qui c’est qui joue ? » » alors ils sont revenus en courant et m’ont demandé. Je leur ai répondu « vous le saurez demain ! » (rires). Le lendemain, c’est la première fois que Jean-Louis faisait ça : on arrive à l’hôtel et avant que les joueurs n’arrivent, il met la composition d’équipe mais il ne met pas le gardien… À midi, les deux s’assoient comme ça (il fait la moue). Et jusqu’à la causerie du match ils n’ont pas su qui allait démarrer. (Sourire) Voilà, ça m’a marqué, même aujourd’hui quand je leur raconte (montrant les U17 s’entrainant) on en rigole encore. Il y avait une super mentalité. Après, Rémy a été très marqué, très déçu. Il avait les mâchoires serrées. Quand on est allé reconnaître le terrain c’était « ne me parles pas, ne me parles pas ! » donc je l’ai laissé. Et je me suis dis « putain », il a pas compris le message de la veille… On prend un but et on égalise assez rapidement, et le premier à sortir comme un fou du banc, c’était Rémy. Et là j’ai compris que tout avait été capté, assimilé. La déception il fallait l’avaler, mais après il était derrière Rudy.

 

Retrouvez dès vendredi la suite de cet entretien sur AllezPaillade.com

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