À Francfort, Elye Wahi écarté pour raisons sportives

L’aventure allemande d’Elye Wahi continue de tourner au vinaigre. Déjà peu utilisé, l’ancien Pailladin a été écarté du groupe lors de la dernière journée pour insuffisance de performances.

« Je suis un bon attaquant et je vais le prouver », déclarait Wahi, confiant, au journaliste de Kicker, il y a tout juste 10 mois lors de sa signature outre-Rhin. Hélas, cette affirmation reste à ce jour un vœu pieux. Son bilan navrant de zéro but inscrit en championnat et en coupe d’Europe (Ligue Europa et Ligue des Champions confondues) depuis son arrivée suscite bien logiquement interrogations et mécontentement, aussi bien chez ses dirigeants et supporters que chez les observateurs.

Pourtant, la récente blessure au mollet de la recrue estivale Jonathan Burkardt, titulaire indéboulonnable au poste de numéro 9 (11 buts en 17 matchs), qui plus est pour une longue durée puisqu’un retour n’est espéré que fin janvier, aurait pu, AURAIT DÛ, profiter à Elye Wahi. Il n’en est rien. Au contraire, lors de la dernière journée face à Wolfsbourg, le Français ne figurait même pas sur la feuille de match, pour la première fois depuis le mois d’avril. Et cette fois, pas question d’une blessure comme au printemps dernier.
En effet, Jean-Charles Sabattier, le spécialiste Bundesliga de beIN Sports, laissait entendre pendant le match dimanche que l’absence de Wahi résultait d’un manque d’investissement de ce dernier aux entraînements et que la raison était par conséquent purement sportive.

Une version confirmée de manière claire et sobre au micro de DAZN par l’entraîneur de l’Eintracht en personne, Dino Toppmöller, interrogé à ce sujet : « C’est ma décision de ne pas le prendre et elle repose sur des critères sportifs. Nous avons choisi deux autres attaquants pour le banc de touche, Michy Batshuayi et Jessic Ngankam. »
Déjà fortement irrité par l’attitude de l’ancien Montpelliérain lors de son entrée en jeu à Cologne le 22 novembre, le technicien n’avait alors pas manqué, sans le désigner nommément, de lui envoyer un avertissement cinglant lors de la conférence de presse d’après-match : « En dépit de la victoire, j’aimerais parler de certains joueurs entrants. Quand on espère plus de temps de jeu, il faut montrer qu’on le mérite. Et cela n’a pas été le cas, c’est le moins qu’on puisse dire. » Aussi sèche que ses propos, la sanction est donc tombée une semaine plus tard : une mise à l’écart pure et simple du groupe pour la réception des Loups, le 30 novembre. En lui préférant, pour s’assoir sur le banc, un joueur de rotation de 32 ans récemment écarté lui aussi et un autre de 25 ans qui totalise 8 minutes de jeu cette saison.

Peu enclin à la câlinothérapie, pas du genre à se plier aux desiderata des uns et des autres, le coach n’avait en effet pas hésité à laisser Michy Batshuayi à la maison lors du déplacement à Cologne, après que ce dernier eut fait part de ses états d’âme concernant son statut de remplaçant et de son désir de retourner en Turquie au mercato d’hiver. Pas rancunier pour autant, et surtout pragmatique, Toppmöller a rappelé le Belge face à Wolfsbourg, estimant qu’il avait bien travaillé pendant la semaine. Un choix payant, car, entrant en fin de rencontre, il a permis à son équipe d’arracher le nul à la 96^e minute. Un but d’autant plus important que le collectif de Francfort, hormis Götze et un Ellyes Skhiri qui retrouve de sa superbe, avait livré une prestation sans relief, à l’image du duo (in)offensif Knauff-Bahoya, bien loin du niveau attendu dans un club de ce standing.

Elye Wahi sait donc ce qui lui reste à faire pour espérer que son entraîneur retourne sa veste : mettre les bouchées doubles à l’entraînement et arrêter de traîner son spleen. Mais en a-t-il seulement l’envie et la détermination ? Combien de chances a-t-il déjà laissé passer ? Pointé du doigt pour son manque d’investissement la semaine, le Français n’adopte pas l’attitude requise pour s’imposer dans un championnat exigeant physiquement, mentalement et tactiquement. Pourtant, en l’absence de Burkardt et en l’état actuel de la concurrence, il y aurait bien une place à prendre devant. Une place hélas peut-être déjà prise dans un futur proche, puisque le club souhaite s’attacher les services d’un jeune prodige cet hiver, en la personne de Said El Mala, international espoir allemand de Cologne. C’est Dino Toppmöller en personne qui l’a confirmé à Sky.

L’avenir de l’attaquant français passé par Lens et Marseille semble donc s’obscurcir de plus en plus à Francfort. Mais avec un bilan statistique famélique depuis son départ de l’Hérault, un déficit d’implication régulièrement évoqué, un salaire avoisinant les 285 000 EUR mensuels et un manque à gagner que Francfort espère limiter le plus possible, difficile de prédire quel club, à l’aube de 2026, serait prêt à prendre le risque de miser sur Wahi (deuxième plus gros transfert de l’histoire de l’Eintracht derrière Hugo Ékitiké, il avait été acheté 26 millions EUR à l’OM).