Zoom EAG 2-1 MHSC : cadrer, c’est tricher

Défaites (2-1) à Guingamp dans un match où elles n’auront que trop rarement mis en danger la gardienne adverse, les joueuses de Yannick Chandioux quitteront les Côtes d’Armor avec autant de frustration que de dépit. Entre déchets techniques, trous d’air défensifs et tirs loin du cadre, les démons de la saison passée sont ressortis, venant obscurcir les quelques bons moments entraperçus au fil de la rencontre…

La déroute de janvier dernier du côté de Guingamp (4-1) avait été annonciatrice d’une cataclysmique seconde partie de saison pour les Montpelliéraines. Hier soir, les féminines du MHSC ont laissé passer une occasion de se rassurer et de reléguer ces mauvais souvenirs derrière elles. Imprécises et bousculées, elles ont de nouveau perdu, cette fois sur le score de 2-1. Inédite, cette série de défaites face à l’En Avant contribue, finalement, à faire ressortir une évidence : avec aussi peu de changements dans l’effectif par rapport à l’exercice 2020/21, il était très présomptueux de croire que les problèmes ayant plombé l’équipe allaient rapidement disparaître.

Sans Maëlle Lakrar, suspendue, ni Iva Landeka, blessée, Yannick Chandioux a choisi de reconduire le système en 4-1-4-1 utilisé face à Dijon, titularisant Morgane Nicoli en charnière, Sarah Puntigam en sentinelle et un quatuor Robert – le Bihan – Škorvánková – Weerden en soutien de Lena Petermann. Malheureusement, la réussite qui avait accompagné la victoire en Bourgogne était absente, et les lacunes languedociennes dans les duels, la récupération et l’alignement défensif ont été facilement exploités par des Guingampaises aussi pragmatiques qu’intraitables. Et surtout, malgré un nombre de tirs tentés bien plus conséquent que leurs adversaires (16 contre 7, ça me paraît un peu beaucoup mais c’est tout ce que j’ai trouvé), nos joueuses ont manqué la mire dans des proportions fatales (seulement 5 tirs cadrés).

Malgré quelques belles occasions à mettre à l’actif de Robert, Petermann, le Bihan ou Nicoli, le contenu est donc resté poussif. Le but est finalement venu d’un coup-franc de Sarah Puntigam, frappé sur la barre, Johanna Elsig récupérant la balle et remisant de la tête vers Morgane Nicoli, qui ne s’est pas loupée face à la cage (70′). Côté breton, ce sont Margaux Le Mouël sur penalty (21′) et Emmy Jézéquel (78′) sur corner qui ont châtié les visiteuses.

Alors, plutôt que de passer trop de temps à ressasser la prestation loupée du Montpellier Hérault, le reste de cet article va prendre une direction différente des usages habituels. Après un rapide tour d’horizon de ce qui n’allait pas face à Guingamp, on va essayer d’imaginer quels types de changements peuvent être apportés au 11 de départ pour insuffler une nouvelle dynamique. D’une part parce que ça me déprime de trop repenser à ce match. Et d’autre part parce que… ouais, non, en fait j’ai juste envie de faire comme ça. L’espoir fait vivre après tout.

Les (quelques) observations du jour

– S’il y a une leçon que j’ai retenue cette semaine, c’est de ne pas surinterpréter le contenu des matchs face aux grosses cylindrées que sont le PSG ou l’OL. Dans mon dernier papier, j’avais pas mal insisté sur les aspects encourageants de la rencontre précédente contre Paris, mais force est de constater que des performances comme celles-ci font appel à des ressorts différents que lorsqu’on affronte une formation à sa portée. Au printemps dernier aussi, un match correct contre Lyon (défaite 2-1) m’avait laissé quelques espoirs probablement disproportionnés. Cet affrontement face à Guingamp était autrement plus important, et il aura été davantage révélateur des problèmes qui continuent de perturber nos féminines. Faire belle figure face à une équipe supérieure techniquement et athlétiquement, en misant principalement sur la combativité, c’est bien. Mais ce n’est visiblement pas ça qui prépare à développer un jeu plus cohérent face à un rival direct au classement. Car oui, les Costarmoricaines jouent désormais dans la même cour que notre équipe, bien plus que le Paris Saint-Germain, Lyon, Bordeaux ou même, à ce rythme-là, le Paris FC.

– La performance de Nérilia Mondésir encapsule probablement à elle seule toute la frustration qu’on peut avoir avec cette version du MHSC. Rentrée dès la 54ème minute (Chandioux corrigeant alors son choix étrange et peu payant de titulariser Ashleigh Weerden), l’Haïtienne a su dynamiter son couloir gauche, avec des accélérations fulgurantes et de l’assurance balle au pied. À vrai dire, elle fut probablement la joueuse ayant eu le plus d’impact sur la rencontre avec le moins de temps de jeu. Mais comme souvent, elle peine aussi à proprement exploiter ses superbes courses, s’accrochant trop au ballon, hésitant à tirer et s’empalant finalement sur les lignes défensives adverses. Elle a malgré tout failli amener un but de Faustine Robert d’un très bon centre, et ce type d’action montre que son explosivité et son altruisme peuvent faire d’elle une option atomique en sortie de banc, où elle fait face à des défenses fatiguées. Mais comme la saison dernière, et à l’image de son équipe toute entière, ce potentiel indiscutable et ces efforts louables se retrouvent vite annihilés lorsque les hésitations et l’imprécision ressortent aux abords de la surface.

– La question de l’animation offensive est la clé pour comprendre les maux du MHSC. Pour le moment, deux des trois buts montpelliérains cette saison sont arrivés sur coup-franc (merci Sarah Puntigam), avec le but inaugural de Lena Petermann comme seule réalisation dans le jeu. Ce qui saute aux yeux, c’est que les Héraultaises sont lentes dans leur construction du jeu, facilement déstabilisées dans les duels et souvent à contre-temps dans leurs transmissions. Leur identité est difficile à définir, car elle n’ont ni la fulgurance et l’efficacité d’une bonne équipe de contre, ni la mainmise sur l’entrejeu et l’aisance dans les passes d’une formation se basant sur la possession. C’est frustrant, car Škorvánková ou le Bihan sont pourtant capables de fluidifier la circulation de la balle et de prendre leur part à la récupération. Mais lorsqu’une équipe comme Guingamp vient mettre de l’impact, ces qualités se perdent vite face aux assauts adverses.

– Le match des latérales n’a certainement pas aidé non plus. Le cas Inès Belloumou devient particulièrement inquiétant, alors que pour la troisième fois de suite, la jeune défenseuse a dû être sortie en cours de match, après avoir cette fois-ci provoqué un penalty. Elle qui avait gagné en aisance au fil de la saison dernière a désormais d’immenses difficultés à contribuer offensivement, en plus de se retrouver bousculée dans le défi physique. Marion Torrent, elle, a livré un match plus qu’hasardeux, en particulier dans ses passes. De concert, d’ailleurs, avec son ailière Faustine Robert, qui a eu du mal à animer le jeu comme elle avait pu le faire face à Dijon.

Une réflexion (plus optimiste) sur de possibles ajustements

O.K., donc jusqu’ici, on s’est pas mal focalisé sur les problèmes. Maintenant, si on cherchait des solutions ?

Il est certain que la progression de cette équipe ne pourra se faire que sur la durée, avec une certaine stabilité dans les choix tactiques et un plan de jeu clairement défini. Et ce n’est pas en quelques paragraphes que l’on pourra réussir à faire disparaître ces cahots sur lesquels plusieurs coachs différents ont buté depuis des mois. Néanmoins, on peut toujours tenter d’identifier des pistes pour améliorer les choses, avec plus ou moins de réalisme.

Par exemple, Esther Mbakem-Niaro et Morgane Nicoli ont toutes les deux réalisé des phases de préparation intéressantes, inscrivant respectivement 3 et 2 buts en 5 matchs… peut-être faudrait-il leur faire davantage confiance ? Une organisation en 4-4-2 (ou 4-4-1-1) offrirait ainsi à Lena Petermann une partenaire intéressante en la personne de Mbakem-Niaro. La jeune avant-centre peut en effet jouer un rôle de point de fixation devant, laissant l’Allemande plus libre dans ses déplacements. Un duo d’attaque avec un pivot et un électron libre, accompagné sur les ailes de joueuses pouvant bien centrer et dribbler, comme Mondésir, Robert ou Fowler (trop peu utilisée à mon goût), tout cela pourrait vite peser sur les défenses adverses.

À la récupération, Nicoli est un joker intéressant. Défenseuse centrale de métier, elle a joué 5 minutes plus haut en fin de match contre Paris et peut-être pourrait-on envisager de reconduire l’expérience sur un match entier, en misant sur la joueuse corse pour amener davantage de présence dans les duels. Un duo avec Škorvánková serait intéressant, car il associerait deux profils différents dans l’entrejeu, l’un défensif, l’autre offensif. Mais surtout, cela permettrait à Sarah Puntigam de redescendre plus bas, soit pour épauler Elsig en charnière centrale, soit pour remplacer Belloumou sur le côté gauche. Au vu des difficultés rencontrées par la latérale en ce début de saison, je pencherais plutôt pour la seconde option.

Autre idée possible, un retour au 3-4-3, système partiellement utilisé face au PSG. En acceptant que l’équipe, telle qu’elle est construite, sera de toute façon vulnérable défensivement, ce schéma permettrait de mettre l’accent sur l’offensive. Lakrar, Elsig et Nicoli peuvent constituer l’arrière-garde. Devant, j’ai vraiment envie de voir un trident Fowler-Petermann-Robert en action. Škorvánková et Puntigam pourraient se partager l’entrejeu, même si Clarisse le Bihan aurait aussi son mot à dire. Enfin, Marion Torrent et Nérilia Mondésir viendraient animer et sécuriser les couloirs droit et gauche, respectivement.

Oui, je sais, Mondésir est une attaquante, mais franchement, elle est dotée d’une bonne éthique défensive et pourrait apporter quelque chose d’assez unique sur un côté. Avec l’attaque comme seul maître-mot, je pourrais même imaginer une version de ce 3-4-3 où Torrent est positionnée en défense (remplaçant Lakrar ou Nicoli), tandis que Mondésir récupère sa place à droite (l’aile qu’elle occupait la saison dernière d’ailleurs) et que Fowler redescend d’un cran à gauche. Cela permettrait à Mbakem-Niaro d’intégrer le trio d’attaque avec Petermann et Robert. Ce serait hyper-perméable, mais ça pourrait aussi être spectaculaire.

Évidemment, tout ça serait plus simple si l’équipe pouvait compter sur une vraie sentinelle pour tenir le milieu de terrain, ou sur plus de deux latérales de métier. Les solutions proposées ici sont peu conventionnelles, je l’admets. Digressions moyennement cohérentes d’un auteur trop exalté, animé par l’énergie du désespoir et un trop-plein de temps libre. Mais vu la façon dont l’effectif est construit, c’est peut-être vers des directions peu explorées jusqu’ici qu’il va falloir s’orienter pour améliorer les choses.

Le prochain rendez-vous des Pailladines sera du côté de Reims, le 25 septembre, après la trêve internationale. Un match dans la même veine que celui qui vient de les opposer à l’En Avant. Bon nombre de Montpelliéraines iront se changer les idées en sélection (que ce soit en A où chez les jeunes) durant la quinzaine qui vient, et on espère retrouver tout le monde en forme pour la suite des choses. Nul doute que Yannick Chandioux, lui, va profiter de ce break pour faire chauffer ses marqueurs sur le tableau blanc, en quête de la bonne formule pour, enfin, trouver quelques certitudes avec cette équipe héraultaise.

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