Zoom Féminines : en attendant Chandioux

Avec deux victoires lors des trois dernières rencontres, les Pailladines connaissent une légère embellie dans leur morose saison 2020/21. Mais les fondations restent fragiles, et le vrai travail de reconstruction commencera cet été, alors qu’un nouvel entraîneur viendra tenter de relever le vaste défi que lui propose un MHSC en quête de renouveau…

Un peu en retrait ces derniers temps, c’est avec plaisir que je reprends la plume pour livrer mes impressions sur les trois dernières rencontres jouées par le Montpellier Hérault en D1 Arkema. Durant le gros laps de temps qui s’est écoulé depuis mon dernier article, de nombreux changements sont survenus, avec bien évidemment le départ de Frédéric Mendy, mais aussi plusieurs matchs joués, sans réel enjeu sportif pour les Pailladines.

Trois performances qui n’en restent pas moins encourageantes, face à Issy (3-0), Bordeaux (0-1) et Soyaux (2-1). La réception des Girondines, dont on pouvait craindre le pire, a notamment été marquée par une entame de match accrocheuse, symbolisant à la fois la volonté du staff d’implanter des changements tactiques et la détermination d’un groupe de joueuses souhaitant faire de leur mieux dans des circonstances compliquées. Ce qui n’a pas empêché la défaite. Sans être fantastiques, les succès enregistrés contre les Franciliennes et les Angoumoises furent eux relativement rassurants, bien que teintés par quelques imperfections, allant de la perméabilité défensive au manque de finition devant les buts.

L’autre grande nouvelle, c’est évidemment l’annonce par le club de l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Yannick Chandioux, qui débarquera cet été de Dijon avec un CV plutôt solide et des ambitions assumées. Rompu aux luttes du football amateur masculin après un long passage sur le banc de Montceau-les-Mines, le Bourguignon a pris en main avec succès la section féminine du DFCO en 2017, qu’il a fait monter en D1 dès sa première saison. Après avoir assuré le maintien des Chouettes dans l’élite pendant trois autres exercices, c’est maintenant dans l’Hérault qu’il viendra poser ses valises, avec pour objectif annoncé de ramener le MHSC sur le podium. En attendant de voir comment le mercato estival répondra à ces attentes, on peut en tout cas se réjouir du discours tenu par le technicien concernant le projet sportif du club.

En parallèle, les Oranges-et-Bleues avaient donc trois matchs à jouer sous l’égide de Baptiste Merle, l’ex-bras droit de Frédéric Mendy. Bien qu’épaulé par Jean-Louis Saez et John Utaka, c’est bien le jeune technicien qui semble avoir pris les rênes de l’équipe, lui qui se montre toujours aussi vocal et impliqué sur le banc héraultais.

Retour, donc, sur les performances de nos joueuses au cours de ces trois rencontres, sur la manière dont les ajustements de coaching réalisés par l’encadrement ont pu les influencer et sur ce que cela peut présager pour l’exercice qui vient.

Quelques observations…

– Avec son doublé face à Soyaux (dont un deuxième but somptueux), Elisa de Almeida en est maintenant à trois buts sur les trois derniers matchs. Une conséquence directe de son replacement au milieu, instauré après le départ de Mendy. L’internationale tricolore semble se régaler dans son nouveau rôle, elle qui aimait déjà se projeter vers l’avant lorsqu’elle était utilisée comme défenseuse centrale. De Almeida est ainsi capable d’afficher une palette complète dans l’entrejeu, où elle contribue autant à la récupération, qu’à la création, en combinant bien avec ses ailières (en particulier Mondésir) et même à la finition, lorsqu’elle pousse ses courses jusque dans la surface adverse. En ce moment, c’est clairement elle la joueuse capable d’injecter le plus de vie dans le jeu montpelliérain. Si elle venait à quitter Grammont cet été, ce serait une nouvelle lourde perte pour la section féminine.

– L’intronisation du trio Merle-Saez-Utaka a donc été synonyme de changements tactiques, avec entre autres de nouveaux dispositifs mis à l’essai contre Issy et Bordeaux. Face au GPSO92, le triumvirat languedocien a ainsi misé sur un 4-3-3, ce qui représentait une certaine rupture avec les schémas utilisés jusque-là sous Mendy, qui privilégiaient l’utilisation de deux récupératrices au milieu. Une modification en partie forcée par les absences de Landeka et Torrent, mais qui a porté ses fruits avec une animation offensive plus maîtrisée qu’à l’accoutumée. Puis, contre Bordeaux, c’est un 4-1-4-1 qui fut aligné, avec une emphase mise sur le pressing et l’agressivité, pour asphyxier au maximum les Girondines. Une approche qui aurait pu être payante sans la présence en face de Khadija Shaw, co-meilleure buteuse de D1 Arkema (21 buts), toujours aussi inarrêtable.

– Ces nouveaux choix tactiques réussissent en tout cas plutôt bien à Nérilia Mondésir. Si l’on peut déplorer que l’ailière soit encore et toujours aussi absente à la finition (0 buts cette saison), cela ne l’empêche pas de faire son maximum pour compenser ces lacunes par une débauche constante d’activité sur son côté droit. Des efforts qui résultent notamment en de nombreux centres distillés non sans précision par l’Haïtienne match après match. Ce faisant, elle a désormais 4 passes décisives au compteur, dont 2 glanées lors des trois dernières rencontres, ce qui la place au premier rang chez les Pailladines (ex-aequo avec Petermann) dans cette catégorie. En bref, c’est plus « NériCentre » que « NériGol », mais ça reste très satisfaisant.

– Autre joueuse à avoir plutôt bien négocié les trois derniers matchs : Inès Belloumou. Titulaire à chacune de ces rencontres, la latérale commence à s’affirmer, en sécurisant bien son côté gauche, mais surtout, en prenant de plus en plus part aux attaques montpelliéraines. Même dans un match rude contre Bordeaux, on sent qu’elle est en train de passer un cap, en devenant un rouage solide de l’équipe sur les phases de constructions offensives. Ce faisant, elle a poussé sa concurrente Leonie Pankratz sur le banc (ou en défense centrale, suivant les besoins), ce qui n’est pas rien lorsqu’on sait que l’Allemande avait été enrôlée pour prendre la suite de Sakina Karchaoui l’été dernier. Si Belloumou continue sur cette lancée l’an prochain, elle pourrait en tout cas offrir au futur coach Yannick Chandioux une option plus qu’intéressante à gauche de la défense.

– Niveau charnière, les trois matchs de l’ère post-Mendy ont été marqués par une phase d’expérimentation particulièrement prononcée. Si Anouk Dekker est restée titulaire durant toute cette période, la solide Néerlandaise a néanmoins été associée à trois partenaires différentes en défense centrale  : Leonie Pankratz, Sarah Puntigam et Maëlle Lakrar. Seule cette dernière avait déjà été utilisée à ce poste plus tôt dans la saison. Puntigam, en particulier, représentait un choix curieux pour affronter les Girondines. Milieu de métier, parfois utilisée dans un rôle assez offensif, elle a pourtant livré une performance correcte dans des circonstances compliquées, ce qui n’a pas empêché Baptiste Merle et le reste du staff de la replacer plus haut au match suivant. Lakrar, elle, a plus souffert lors de la réception de Soyaux, les attaquantes de l’ASJ multipliant les raids dangereux en seconde période. On suivra avec intérêt le choix des coachs pour accompagner Dekker lors du dernier rendez-vous de la saison, contre le Paris FC.

– Après une série de plusieurs rencontres disputées en tant que milieu de terrain sous l’impulsion de Fred Mendy, Marion Torrent a finalement été replacée à son poste habituel de latérale droite sur les deux derniers matchs. Bien que blessée durant sa dernière sortie avec l’Équipe de France (cheville gauche), elle a profité du calendrier très très espacé de la D1 pour signer son retour contre Bordeaux, dans une prestation globalement satisfaisante. Néanmoins, contre les Girondines comme contre Soyaux, les deuxièmes mi-temps furent périlleuses à négocier pour la capitaine, qui donnait parfois l’impression d’être à la peine physiquement face aux attaques adverses.

– Le duel face aux Sojaldiciennes a également été marqué par le retour à la compétition de Clarisse le Bihan. La Bretonne était en effet restée éloignée des terrains depuis la défaite contre l’OL, le 6 février dernier, match durant lequel elle avait célébré sa 100ème sous le maillot montpelliérain avec un but. Sa plus récente rentrée fut contrastée, la joueuse étant d’abord sanctionnée d’un carton jaune avant même d’avoir touché son premier ballon. Mais ensuite, le Bihan a retrouvé sa touche offensive, se procurant même une bonne occasion en toute fin de rencontre. Si la formule actuelle du milieu de terrain, basée sur un trio Puntigam-de Almeida-Landeka, sera probablement reconduite pour la dernière journée, il est en tout cas positif de voir le MHSC récupérer une nouvelle option sur le banc dans ce secteur de jeu, même si ce come-back de l’ex-Guingampaise intervient tard dans l’exercice actuel. Sous contrat la saison prochaine, on espère que Clarisse sera cette fois-ci épargnée par les pépins physiques, elle qui a toutes les qualités requises pour retrouver pleinement son rang de cadre de l’effectif héraultais.

– La saison de Lena Petermann laisse perplexe. Lorsqu’elle est à 100%, l’Allemande apporte incontestablement une autre dimension à l’attaque pailladine. Le problème, c’est qu’elle accumule les absences depuis la reprise, manquant environ un tiers des rencontres disputées par le MHSC en 2020/21 (13 apparitions sur 21 journées). Et c’est sans compter les matchs où elle a été reléguée sur le banc, par choix tactique ou pour préserver son physique.
Durant la phase retour, les indisponibilités se sont multipliées pour l’avant-centre, en corrélation avec des résultats en berne pour l’équipe sur cette partie du championnat. Un phénomène loin d’être anodin, qui s’est reproduit sur les derniers matchs. Alors qu’elle avait trouvé le chemin des filets lors de sa dernière apparition contre Issy, il y a un mois, les matchs face à Bordeaux et Soyaux, disputés sans elle, ont par la suite montré à quel point le reste du contingent offensif languedocien manque de finition, de Almeida sauvant la mise contre les Charentaises. Signe ultime de cette Petermann-dépendance : en dépit de toutes ses absences, elle reste encore et toujours la meilleure buteuse (et aussi co-meilleure passeuse) des Montpelliéraines cette saison, avec 6 réalisations.

– En l’absence de Petermann, c’est Adelina Engman qui a endossé son rôle à la pointe de l’attaque héraultaise et… ça reste toujours aussi compliqué pour elle. La Finlandaise manque clairement d’alchimie avec ses coéquipières, ce qui est logique au vu du temps de jeu restreint qu’elle reçoit depuis son arrivée. Mais que ce soit dans le jeu dos au but, dans la capacité à se libérer du marquage ou dans la qualité de tir, l’ancienne de Chelsea reste invariablement en dessous des attentes.
Son utilisation au poste d’avant-centre est d’autant plus discutable qu’elle relègue Mary Fowler sur l’aile gauche, dans un rôle qui ne lui convient que moyennement. Face à Soyaux, l’Australienne a d’ailleurs glané sa seule vraie occasion du match après la sortie d’Engman, lorsqu’elle a été replacée en pointe.
Ashleigh Weerden a, de son côté, été poussée sur le banc lors des deux derniers mois. Un choix loin d’être illogique, la pointe de vitesse et le sens de la passe de la Néerlandaise étant des atouts intéressants pour une entrante en fin de rencontre. Mais quoi qu’il en soit, l’impact léger de ces trois joueuses lors des dernières affiches illustre une nouvelle fois l’urgence de faire venir une, voire même plusieurs recrues offensives cet été.

– Si les jeunes joueuses que sont Belloumou, Lakrar ou Fowler ont toutes eu droit à une bonne dose de temps de jeu récemment, il existe une autre Pailladine en herbe qui a totalement disparu des radars depuis le départ de Mendy : Maëlys Mpome. La défenseuse centrale de 18 ans n’est plus apparue sur une feuille de match depuis la déroute contre Reims (0-4), le 3 avril dernier. Probablement un problème physique, mais au vu de la communication toujours aussi limitée du club sur la section féminine, pas moyen d’en être certain à 100%. On espère la revoir le plus tôt possible en tout cas.

– Et pour finir, petite mention à Lisa Schmitz qui continue de s’affirmer comme une valeur sûre dans le but héraultais. L’Allemande a notamment été ultra-décisive contre Soyaux, réalisant plusieurs parades compliquées en seconde période et empêchant ainsi les coéquipières de Laura Bourgoin de revenir au score. Face à Bordeaux, elle avait aussi su retarder l’échéance via quelques bonnes interventions. Sa prolongation de contrat, entérinée le 19 mars dernier, est une des bonnes nouvelles de la saison.

La difficile campagne 2020/21 des Héraultaises va donc s’achever le 5 juin prochain, du côté du stade Robert-Bobin, l’antre du Paris FC. Au mieux, nos joueuses conserveront leur 5ème position en championnat. Mais quoi qu’il advienne, cela restera le plus piètre classement de la section féminine du club depuis sa création en 2001.

Une victoire contre le PFC aurait un mérite, néanmoins. Depuis l’amorce de la phase retour, les Pailladines n’ont remporté que trois victoires, et toutes sont intervenues contre les trois dernières équipes du classement (Le Havre, Issy et Soyaux). Aussi, il serait de bon ton pour le MHSC de rééditer sa performance du match aller à Grammont (2-1) et de l’emporter une nouvelle fois face aux Franciliennes. Infliger une défaite à ce rival historique serait en effet la meilleure des façons de donner rendez-vous aux escouades concurrentes pour le podium en vue de la saison prochaine.

Article proposé par The Great One

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