Zoom sur EAG 4-1 MHSC

Balayées dans un match apparemment prenable, compte tenu du classement et du statut perçu des deux équipes, les Pailladines se sont à nouveau tiré une balle dans le pied dans leur quête de plus en plus en compromise d’une troisième place européenne…

Si vous croyez que le décalage existant entre les ambitions affichées du MHSC masculin et les résultats obtenus actuellement est particulièrement frustrant, je vous invite à jeter un coup d’œil à la section féminine. Alors que Fred Mendy claironnait encore durant la trêve sa conviction que ses joueuses allait finir l’année devant leurs rivales bordelaises, le coach n’a pu être qu’une nouvelle fois le spectateur d’une performance alarmante, formant un écho ironique à ses déclarations présomptueuses.

Défaites 4 buts à 1 sur la pelouse du Stade Akademi EAG, les Montpelliéraines n’ont pas vu le jour face à des Guingampaises motivées et incisives dans leurs rushs offensifs. Après un premier quart d’heure pourtant solide, le duel entre les deux formations s’est vite mué en une sorte de Waterloo footballistique pour les visiteuses. Un désastre qui a exposé, en plus d’une heure et demie, les nombreux manques ayant déjà pointé le bout de leur nez tout au long d’une première partie de saison très cahoteuse.

Les Observations du jour

– Inutile de s’attarder à faire un point au cas par cas dans un match si pauvre, alors jetons plus tôt un coup d’œil secteur par secteur, en commençant par la gardienne, Lisa Schmitz. De retour dans les cages après un long intérim bien assuré par Cindy Perrault, l’Allemande a vécu une soirée cauchemardesque, abandonnée par la défense risible de ses coéquipières. Même si on aurait aimé la voir plus décisive, comme sa doublure a su l’être plus tôt cette saison, il est néanmoins difficile de placer ne serait-ce qu’en partie sur elle le blâme pour cette défaite, tant son équipe n’a pas répondu présent, accumulant les occasions bretonnes.

– Ce qui nous amène à la défense, le principal point noir au terme de cette soirée. En l’absence de la taulière Elisa de Almeida, ainsi que de celle de Maëlle Lakrar, c’est la jeune Maelys Mpome (17 ans) qui s’est retrouvée titularisée par Mendy, aux côtés de l’expérimentée Anouk Dekker. Une charnière complémentaire sur le papier, mais purement catastrophique sur le pré. Les multiples erreurs de placement et d’appréciation de Mpome, normales compte tenu de sa fraîcheur à ce niveau (une seule apparition en D1 avant Guingamp) ont été coûteuses. Quant à Dekker, la lenteur de ses déplacements ne l’a pas aidée à combler les manquements de sa partenaire. Côté latérales, on retiendra que trois des quatre buts adverses sont arrivés par le côté droit, pourtant occupé par une internationale française de renom en la personne de Marion Torrent. La capitaine n’a guère pu empêcher les virevoltantes Louise Fleury et Alison Peniguel, toutes deux buteuses, de se régaler tout au long de la rencontre.

– Inexistant, le milieu constitué de Sarah Puntigam, Clarisse le Bihan et Iva Landeka n’a tenu qu’une mi-temps, la première citée se trouvant remplacée par Dominika Škorvánková à la pause. Déjà fautive sur une action de but face à Issy, Landeka a récidivé avec une perte de balle amenant la deuxième réalisation de l’EAG, signée Margaux Le Mouël. J’avoue rester perplexe sur ses titularisations répétées, comme sur sa prolongation de contrat.

– La maladresse n’a pas aidé les attaquantes pailladines dans leurs rares opportunités. Nérilia Mondésir a péché dans l’exécution et si Lena Petermann sauve les apparences en réduisant la marque en fin de rencontre (sur une passe de l’Haïtienne, qui avait récupéré la balle au préalable), reste que son match a également été ponctué de nombreuses erreurs et ballons perdus. Au passage, les 5 réalisations de l’Allemande cette saison pâlissent lorsqu’on les compare aux performances des buteuses d’autres formations de première moitié de classement, comme par exemple l’ancienne du MHSC Faustine Robert et ses 8 buts, dont 1 fut marqué vendredi face à son ex-club (on pense aussi aux 17 buts de Shaw pour Bordeaux ou au 10 et 8 buts respectivement inscrits par Matéo et Viens du Paris FC). Montpellier manque de tueuses en attaque, et ces stats en sont l’illustration.

– Mais une analyse de ce match ne serait pas complète sans jauger le coaching d’un Fred Mendy aux choix de plus en plus énigmatiques depuis quelques semaines. Commençons donc par sa décision de garder Škorvánková sur le banc qui, si elle n’est pas justifiée par un quelconque souci physique chez la Slovaque, est tout bonnement incompréhensible. Dès son entrée, l’ancienne Munichoise a rassuré, fluidifiant le jeu pailladin et se procurant deux occasions. Qu’on la sorte du 11 au profit d’une Sarah Puntigam impactant peu le jeu est un mystère.

– Mendy semble aimer bouder ses joueuses les plus techniques. Malgré un CV respectable cette saison (3 buts), Banušić n’a même pas disputé la moindre minute face à l’EAG. Au moment de sortir une Ashleigh Weerden peu en verve (mais s’étant tout de même procuré l’une des rares occasions pailladines de la première période), le coach lui a préféré Adelina Engman, dont l’inefficacité ne devient que plus criante au fil de ses apparitions. La rentrée de Mary Fowler était bien sentie, mais difficile de savoir pourquoi Iva Landeka est restée sur le terrain quand Clarisse le Bihan apparaissait comme une meilleure option dans l’entrejeu à ce stade. La garder associée à Škorvánková aurait constitué un choix plus offensif et donc, logique au vu du score.

– Il est enfin difficile de comprendre pourquoi Morgane Nicoli se trouve actuellement dans les limbes (à moins qu’il ne s’agisse à nouveau d’un problème physique, ce qui semble peu probable), alors qu’elle aurait été une candidate parfaite pour évoluer en charnière centrale aux côtés de Dekker. Bombarder la très jeune Maelys Mpome au poste de titulaire, alors que la Corse était disponible, relève presque d’une faute d’orgueil de la part d’un banc héraultais trop sûr de son fait. Un orgueil que les Guingampaises se sont fait une joie de rabâcher.

Alors, où vont donc aller les Montpelliéraines désormais ? La réponse à court terme, c’est à Grammont pour la réception d’une équipe de Fleury très proche de leur ravir la quatrième position. À long terme, en revanche, ce match perdu fait naître de nouvelles interrogations quant au futur de ce groupe.

Que le MHSC perde ses meilleures joueuses de mercato en mercato, c’est une réalité qui perdure depuis le milieu des années 2000 et l’arrivée de Lyon sur la scène féminine. Auparavant, ces départs n’empêchaient pas le club de se renouveler en dénichant et en formant de nouveaux talents, avec une direction sportive stable. Depuis 2007, seuls trois coachs se sont assis sur le banc languedocien : Sarah M’Barek (2007/13), Jean-Louis Saez (2013-19) et donc Frédéric Mendy. Il n’est ainsi pas dans les habitudes du club de changer de trajectoire aussi tôt lorsqu’il s’agit de l’encadrement technique des féminines.

S’il ne fait aucun doute que Mendy doit faire face à un championnat plus resserré, et que son effectif ne rivaliserait certainement pas avec les équipes que ses prédécesseurs-euses ont pu avoir sous leur coupe, reste que la déliquescence récente de la section féminine est aussi de sa responsabilité.

Les arrivées successives d’une multitude de joueuses étrangères (au passage, il faudra peut-être s’interroger sur le fait que les coachs de cet effectif cosmopolite n’ont pas l’air de parler un mot d’anglais…) étaient vouées à combler les départs de visages très familiers pour les supporters montpelliérains, lançant l’équipe sur une nouvelle trajectoire sportive, l’Europe en point de mire. Mais pour le moment, nous nous prenons davantage à regretter un passé qui s’éloigne, tout en regardant avec anxiété vers le ventre mou du classement.

Un crève-cœur, tant cette section féminine fait partie intégrante de l’identité pionnière de notre MHSC.

Article proposé par The Great One

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