Frédéric Mendy, nouvel adjoint : comment interpréter son retour au club ?

C’est l’une des annonces marquantes de ce début de semaine. Interrogé lundi au micro de France Bleu Hérault, Laurent Nicollin a non seulement confirmé le maintien de Romain Pitau au poste d’entraîneur numéro 1, mais a également annoncé le retour au sein du club de Frédéric Mendy, qui viendra renforcer le staff en tant qu’adjoint.

Ancien défenseur du club (2004-2007), Mendy a par la suite effectué sa reconversion sous les couleurs du MHSC, en entraînant notamment les U19 masculins pendant 2 ans (2013/15) avant de prendre les commandes de l’équipe première féminine en 2019. Successeur de Jean-Louis Saez, il y a connu un parcours difficile, conclu par une mise à l’écart en cours de saison, ce qui fut une première pour un entraîneur de la section.

Dès lors, si la dernière impression laissée au club semble de prime abord négative (et alors que Mendy n’a pas coaché depuis), on peut se demander ce qui motive un tel retour. Pour essayer de trouver quelques éléments de réponse, tentons donc de retracer un peu le parcours du technicien avec le MHSC féminin.

Sa première saison fut, somme toute, assez honorable et semblait se maintenir dans la continuité du travail de Saez. Au moment de l’arrêt prématuré des compétitions en mars 2020, les Pailladines se classent au 4ème rang, à quatre unités d’une équipe de Bordeaux qu’elles auraient dû affronter quelques semaines plus tard.

Les choses se gâtent véritablement à l’été 2020, avec une deuxième vague de départs chez les cadres. Alors qu’un an plus tôt, le contingent suédois avait notamment quitté Grammont (Blackstenius, Jakobsson, Sembrant), accompagné de Janice Cayman ou Virginia Torrecilla, c’était maintenant au tour des internationales françaises (Gauvin, Karchaoui, Toletti) de faire leur exode. Le mot reconstruction est dès lors lâché par la direction et la tâche de Fred Mendy s’annonce difficile. Mais les choses vont prendre une tournure encore plus compliquée que prévu.

Déjà cahoteux en première partie de saison, le parcours des Montpelliéraines se transformera en véritable chemin de croix sur la phase retour, marqué par plusieurs défaites aussi inédites qu’embarrassantes : une élimination en Coupe contre Issy, alors juste promu en D1 (2-1), une claque sur la pelouse de Guingamp (4-1) et bien sûr, la déroute à domicile face à Reims (0-4), qui précipitera finalement le départ du banc de l’ancien Bastiais, à quatre journées de la fin du championnat. Au final, les Montpelliéraines termineront l’exercice 2020/21 à la 7ème place, le pire classement de leur histoire.

Il est clair que la conjoncture n’était pas bonne pour lui. Outre l’effectif au niveau déclinant, Mendy devait également composer avec les blessures de certaines cadres comme Clarisse le Bihan et aussi et surtout Lena Petermann, sa seule buteuse fiable (13 matchs joués sur 22 pour elle en 2020/21) cette année-là. Au final, le technicien s’est montré dans l’incapacité de relever le challenge corsé qui lui était imposé, ne parvenant pas à corriger les symptômes de fragilité exhibés par son équipe au fil des rencontres. Certaines fractures semblaient même émerger au sein d’un groupe très hétérogène, mix peu probant de transfuges venues de championnats européens (pour beaucoup de Bundesliga), et de jeunes pousses manquant encore d’expérience.

Et c’est la principale leçon que semble avoir retenue l’état-major héraultais de cette campagne catastrophique : l’importance de construire un effectif plus cohérent. Exit donc plusieurs étrangères, pour certaines en bout de cycle et parfois inconstantes (Puntigam, Landeka) voire pour d’autres assez transparentes (Pankratz, Engman, Weerden), et place maintenant à un recrutement axé sur l’expérience en D1 française. C’est dans cette logique que sont débarquées depuis des cadres comme Robert ou Bilbault, accompagnées de jeunes internationales prometteuses telles que Deslandes et Khelifi. Et même lorsque le club se tourne vers l’étranger, il cible là encore des joueuses avec de l’expérience dans l’Hexagone (Gevitz, Boureille). Une politique qui, pour l’heure, semble apporter un mieux dans le jeu et les résultats, même si cela demande encore confirmation sur les matchs à venir.

Tactiquement parlant, s’il faut comparer Mendy à son successeur Yannick Chandioux, on notera surtout l’évolution du système de jeu. De schémas privilégiant la présence de deux récupératrices, avec une défense à quatre (4-2-3-1 ou 4-4-2), le technicien bourguignon s’est lui vite orienté vers des dispositifs à trois centrales. Une décision qui a permis à l’équipe de retrouver un semblant d’assise défensive contre les adversaires plus abordables du championnat.

On peut souligner aussi l’évolution éclair de Nérilia Mondésir, muette sous Mendy, qui a franchi un palier de manière spectaculaire en cours de saison dernière (10 buts marqués sur ses 11 dernières apparitions en D1). Mais encore fois, Il ne faut pas oublier que Chandioux a bénéficié d’un groupe globalement plus compétitif (et d’une saison pleine de Lena Petermann l’an dernier) pour pouvoir apposer sa patte sur cette équipe et faire progresser ses joueuses les plus jeunes. Un luxe qui n’a pas été accordé à son prédécesseur.

Il est donc possible que ce constat soit l’un des facteurs qui justifie, dans l’esprit des dirigeants, le retour de Mendy sur un banc pailladin. Après tout, si la construction de l’effectif était principalement à blâmer pour les maux de l’équipe féminine lors de la saison 2020/21, cela dédouane quelque peu le coach qui aurait eu la malchance de se retrouver, en définitive, au mauvais endroit, au mauvais moment.

Il ne nous échappera pas également que, malgré la fin d’aventure difficile, Fred Mendy semblait être parti en bons termes avec sa direction. Bertrand Queneutte le présentait notamment comme une « figure très investie et très appréciée au sein du club » au moment de sa mise à l’écart de l’équipe féminine. Reconverti en pompier volontaire dans le quartier de la Paillade, il ne fait nul doute que l’état d’esprit de l’homme continue de faire l’unanimité au sein du MHSC. Et lorsqu’on écoute le discours d’un président obnubilé par les « ondes positives », on est en droit de penser que c’est l’un des facteurs qui explique ce retour inattendu. Nicollin et son état-major doivent très clairement estimer que Mendy possède assez de compétences, d’expérience et surtout, de caractère, pour aider Romain Pitau à réinsuffler les bonnes valeurs au groupe professionnel.

Alors qu’on attend toujours d’en savoir plus sur la composition du staff, il est difficile de savoir quel sera le rôle exact attribué à Frédéric Mendy. La seule chose dont on puisse être sûr, c’est que son rappel s’inscrit bien dans la volonté affirmée des dirigeants de s’appuyer avant tout sur la fibre pailladine pour relancer la machine MHSC. Quitte à donner une nouvelle chance à un ancien qui semblait avoir quelque peu tourné la page football. L’avenir dira s’il eut été plus judicieux de s’appuyer sur un ou plusieurs regards extérieurs, mais pour l’heure, ce choix de miser en premier lieu sur des gens très proches du club pour en raviver l’esprit demeure clairement la direction choisie par le président Nicollin.

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