Montpellier – Benfica : une revanche à prendre

Comme quoi l’histoire du football aime bien nous adresser quelques clins d’œil. Car si la France a dû attendre 20 ans pour pouvoir coudre une deuxième étoile sur son maillot, Montpellier va retrouver le Benfica Lisbonne, son premier adversaire européen, trente saisons plus tard en Youth League. D’ailleurs, en septembre dernier, lorsque le club publiait une interview de Pascal Baills et de Kader Ferhaoui en commémoration des trente ans de ce dépucelage européen, il devait être bien loin de se douter que les deux équipes s’affronteraient de nouveau quelques mois plus tard.

Le 12 juillet 1988, lorsque Loulou se déplace à Genève pour le tirage au sort de la coupe UEFA, en compagnie de sa garde rapprochée, son chauffeur, des officiels de la mairie et une nuée de journalistes locaux, il tient déjà sa victoire : en moins de 15 ans, il a conduit la Paillade de la D4 à l’ambiance feutrée des locaux de l’UEFA. Le hasard désignera le Benfica Lisbonne. Sportivement, c’est un gouffre qui sépare le Montpellier Paillade SC (le club changera de nom la saison suivante) et le Benfica. Tout juste promu en Division 1, Montpellier a acquis cette qualification européenne au gré d’une place sur le podium de la saison 1987-1988. Le Benfica, lui reste sur une finale de C1 perdue au tirs-au-but contre le PSV. Mais avec un effectif montpelliérain composé d’un savant mélange de jeunesse (Blanc, Baills, Ferhaoui), d’expérience (Milla, Rust et Bernardet) et disposant d’un roc nommé Júlio César en défense, on se prend à rêver.

Malheureusement, les Héraultais vont vite déchanter. D’abord en tribune, avec seulement 12 500 spectateurs, le stade de la Mosson n’est pas plein. Il faut dire que le tarif, 500 francs en tribune d’honneur, n’est pas incitatif. Ensuite, sur le terrain, Montpellier est cueilli à froid et encaisse dès la 8e minute un but d’Hernani. Deux autres réalisations suivront, pour un score lourd de 3-0. « Même si je me foutais un peu du résultat, tellement j’étais heureux de jouer la coupe de l’UEFA, j’étais un peu déçu d’en prendre trois. 3-0, ça faisait cher quand même ! », dira plus tard Loulou dans les colonnes du Midi Libre.

À l’issue de la rencontre, les espoirs de qualif’ se sont envolés. Il reste toutefois un match retour et une nouvelle défaite 3-1. Pour l’histoire, Patrick Cubaynes se chargera d’inscrire le premier but européen de la Paillade, quelques secondes seulement après son entrée en jeu. De ce match retour, Louis Nicollin gardait aussi l’ambiance du Stade de la Luz : « Fabuleux ! On avait perdu 3-1, mais ce stade, qu’il était beau ! En partant de là, je n’avais qu’une envie, rejouer l’Europe au plus vite. »

Trente ans plus tard, Pascal Baills évoque malgré tout « un bon souvenir » qui aura servi pour plus tard, notamment quand Montpellier a recroisé Valdo au PSG ou Mozer à Marseille. Personne n’a oublié non plus le festin de la pinède du château de Grammont lors du match aller: « On avait organisé une grande fête. J’avais convié tous les présidents de clubs corporatifs que nous avions affrontés avant, mais aussi Georges Frêche, Gérard Saumade et le président du Benfica. » Symbole d’un club qui n’a pas oublié d’où il vient, même s’il sait où il va : de nouvelles rencontres européennes.

Composition de Montpellier à l’aller : Rust, Júlio César, Lucchesi, Baills, Lowitz, Lemoult, Ferhaoui, Bernardet, Valderrama, Milla, Cubaynes. Entrée : Blanc 50e.

Composition de Montpellier au retour : Rust, Baills, Nono, Lucchesi, Lowitz, Júlio César, Blanc, Lemoult, Ferhaoui, Bernardet, Milla. Entrée : Navarro 46e , Cubaynes 82e.

Source : Eric Champel, Jean-Bernard Sterne : « 40 ans de Football à la Paillade », 2014 / MHSC : « Ils rêvaient d’un autre monde », 2018 / Midi Libre, Interview de Louis Nicollin, 2014

 

Autres articles

18 Commentaires

S’abonner
Notifier de
18 Commentaires
Récents
Anciens Populaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
18
0
L’article vous fait réagir ? Commentez !x
AllezPaillade

GRATUIT
VOIR