[Exclu AP] Stéphane Cassard: « Rulli est très fort sur sa ligne »

C’est avec un immense plaisir que nous avons pu parler avec un ancien dernier rempart de la Mosson: Stéphane Cassard. Alors à la recherche d’un club lors de notre entretien il y a quelques semaines, le vainqueur de la coupe Intertoto 99 avec le MHSC, est sur le point de s’engager à Strasbourg.

  • Après une longue carrière de carrière dans les buts, tu n’es pas parvenu à ranger les gants et tu as opté pour la case entraineur des gardiens ? Pourquoi ce choix ?

« C’est un choix très naturel. C’était ancré en moi. J’ai toujours baigné dans le football. Mes parents ont crée un club de foot il y a longtemps. Je voulais aussi donner et transmettre ce que j’ai appris. J’avais vraiment envie de faire ça, et ça m’a passionné de le faire. J’aurai pu travailler dans un centre de formation avec des équipes de jeunes mais le fait d’être en Ligue 1, ça me permet de garder l’adrénaline du week-end et de retrouver quasiment les sensations de joueurs. Tous les jours, on est à l’entraînement. Même si on ne plonge pas, il faut qu’on soit dans une bonne condition physique, on entraîne les gardiens, on les prépare pour le match, on a un rôle très spécifique. Si j’avais été joueur de champ, ça aurait été peut-être différent parce qu’entraineur d’une équipe première, c’est un vraiment un autre poste. »

  • Tu as entraîné 4 ans à Marseille où tu as connu Steve Mandanda qui après une saison moyenne l’an passé revient à son meilleur niveau? Comment l’expliques-tu?

« Quand j’ai quitté Marseille, j’ai voulu faire une sorte de bilan des 4 ans que j’avais passé avec Steve. On faisait déjà souvent des bilans durant la saison, mais on en a refait un et je lui ai dit qu’il allait faire une grande saison cette année. Il a été élu trois fois meilleur gardien de Ligue 1 avec moi, donc je m’entends très bien avec lui. C’est un grand professionnel qui sait se remettre en question. L’année passée était une année très compliquée pour toute l’équipe et Steve n’a eu quasiment aucune vacances après la coupe du Monde, et n’a eu que cinq jours de préparation. Ce n’était pas possible d’être efficace. Et le poste de gardien est un poste tellement décisif que dès que t’es moins bien, ça se voit de suite. Mais cette année, il est dans une ambiance beaucoup plus positive, il a eu une vraie coupure, une vraie préparation de 4 semaines, et il a retrouvé son niveau parce que c’est un grand compétiteur. »

  • As-tu un projet en vue depuis son départ de l’OM cet été ?

« J’espère retrouver un projet. Pour l’instant je n’ai rien de concret. Cet hiver, j’aurai pu aller dans un club de Ligue 1 mais ça ne s’est pas fait. Je cherche avant tout en Ligue 1 parce qu’à l’étranger c’est compliqué. Il faut aussi trouver l’entraîneur qui vous emmène dans ses bagages dans son nouveau projet. Et il y a une vraie concurrence dans ce métier. La Ligue 1 est le championnat que je connais le mieux. Donc j’espère retrouver rapidement dès le mois de juillet en Ligue 1. »

  • Pour les plus jeunes d’entre nous, tu débarques à Montpellier en Janvier 1999 du Havre, alors en Ligue 1, avec qui tu es titulaire indiscutable. C’est rare de voir un transfert de ce style aujourd’hui.

« Oui c’était très rare mais c’était je crois l’un des premiers mercatos d’hiver. Montpellier recherchait un peu dans l’urgence un gardien parce que Bruno Martini et Philippe Fluckinger étaient blessés. Au Havre, je réalisais une belle saison, j’étais en pleine bourre et le président ne voulait que je parte. Mais après il y a eu des discussions. Et je suis arrivé à Montpellier. Les dirigeants cherchaient un gardien disponible avec un jeu au pied assez performant. Et quand je suis arrivé, je me suis immédiatement adapté parce que je connaissais de Sochaux, Franck Silvestre avec qui j’avais déjà joué. Donc, pour les automatismes, pour parler au défenseur, cela s’est fait très rapidement. »

  • Peux-tu nous raconter l’épopée en coupe Intertoto ? D’Azerbaidjan, en Espagne puis les penaltys à Hambourg, ça doit être une expérience exceptionnelle non ?

« C’est un super souvenir. C’est vrai qu’au début les gens dénigraient la Coupe Intertoto mais quand on voit qui on a éliminé, ça reste quand même une super performance. Je dirai que c’est du niveau des phases de poules de la Ligue Europa aujourd’hui. On est allé en Azerbaïdjan, on a battu l’Espanyol et au retour je me fais une fracture d’un doigt en allant chercher un ballon dans la lucarne, je finis le match comme ça, et je ne rentre que pour le match retour à Hambourg. C’était alors une super équipe, ils étaient en tête de Bundesliga, et ça se termine là-bas sur une série de penaltys où j’en arrête trois et il y en a un qui passe à côté. C’est un super souvenir et pour l’anecdote durant la série, ça aurait dû être Butt leur gardien qui tirait en championnat, qui aurait dû finir la série. Mais elle s’est arrêtée au quatrième tir, vu qu’on a marqué le dernier. On a vécu une super aventure. »

  • Pourquoi le club est-il descendu à l’issue de la saison ? Est-ce dû au recrutement des Nantais qui semble avoir perturbé le club et qui a fait couler beaucoup d’encre (Pedros, Loko, Decroix, Gourvennec, Pedros) ? Est-ce dû à la coupe intertoto ?

« Il y a différents facteurs, c’est compliqué à analyser. Disons que toutes les équipes qui démarrent en Coupe d’Europe très tôt, ont une saison difficile. Après l’Intertoto, nous avons joué l’Etoile Rouge puis la Corogne. On joue une équipe de feu avec Makaay et Pauleta devant, une équipe qui finit champion d’Espagne si je me souviens bien. On s’était dit qu’on était tombé contre une grande équipe. Avec ces matchs en semaine, c’est très compliqué de te remobiliser le week-end pour le championnat. On avait accumulé beaucoup de matchs. On avait un gros effectif pourtant. Mais si on prend l’exemple de Strasbourg cette année, ils ont été performants en championnat du moment où ils n’ont plus eu à jouer la Ligue Europe.

Après, il y a une vraie cassure dans le groupe aussi, c’est un mélange de tout. Disons qu’au final, cette descente a été un mal pour un bien pour le club. Qu’elle a permis de redéfinir une politique sportive, de corriger les erreurs, de redémarrer un nouveau cycle. Et Montpellier est vite remonté, est vite redevenu une référence du foot en France. »

  • Sur la deuxième partie de saison, tu perds ta place au profit d’un jeune du centre de formation, Rudy Riou, comment vous souvenez vous de cette période ? Il y avait un autre gardien qui poussait, Rémy Vercoutre.

« Je suis arrivé au club parce que Martini et Fluckinger étaient blessés et parce que les dirigeants pensaient que Rémi et Rudy n’étaient pas prêts pour débuter en Ligue 1. Au début de la saison, les deux alternaient sur le banc pour être mon numéro 2. Puis, j’ai eu un coup de moins bien, et Rudi est devenu numéro un. Dès la fin de la saison, j’ai demandé à être prêté. Dans ma carrière, je suis toujours parti du principe que je voulais jouer. Donc il me fallait partir. On a très bien travaillé avec Rudi et Rémy. Ils étaient tous les deux de la même génération et on a eu une excellente relation parce que ce sont deux bons gars. Il y avait Laurent Pionnier qui arrivait dans le groupe aussi et qui participait aux entraînements. Il y avait beaucoup de respect entre nous. »

  • Nous avons souvent l’impression à Montpellier que la majorité des gardiens formés depuis une dizaine d’années (Bertaud, Ligali, Jourdren et Pionnier) sont plutôt bons ou très bons sur la ligne, mais ont beaucoup de mal dans le jeu aérien. Est-ce que c’est dû selon à toi à un manque de leur formation, comment peux-tu l’expliquer?

« Le jeu aérien, c’est ce qu’il y a de plus compliqué. Quand on parle de dominer dans les airs et d’être au top dans ce domaine, en France, il n’y a eu qu’un seul gardien qui maîtrisait ce secteur. C’était Bernard Lama. Aujourd’hui les ballons sont différents et les trajectoires sont plus compliquées à lire. Un gardien, on lui demande plus de choses aussi, il a plus de masse athlétique qu’auparavant. On demande surtout à un gardien de sortir avec efficacité, d’avoir confiance en sa défense qui sont de plus en plus grands aussi. C’est un secteur très particulier et cette difficulté n’est pas propre à Montpellier. C’est global. Après, je vais te donner un exemple. On considère que le meilleur gardien au monde c’est Oblak. Mais, est-ce qu’on parle de ses sorties? Non, on dit que c’est le meilleur parce qu’il a des réflexes exceptionnels sur sa ligne. 

  • Durant son passage, il a pu côtoyer Frédéric Garny, aujourd’hui entraineur des jeunes au centre de formation au MHSC. Pascal Baills, de son côté, qui est adjoint depuis très longtemps? Parliez-vous déjà de reconversion?

« Non, nous ne parlions pas de reconversion. Mais je constate que de plus en plus de joueurs intègrent le staff d’un club. Pascal a tellement joué pour ce club, que c’est logique qu’il veuille à son tour transmettre de son vécu. Je crois que les joueurs ont forcément une expérience plus importante que quelqu’un qui n’a été joueur. Le foot c’est vraiment notre milieu, on est piqué avec et on ne veut pas forcément ça s’arrêter. Même s’il y a des joueurs qui tournent complètement le dos et qui font vraiment autre chose après leur carrière. »

  • Un mot sur Rui Pataca qui était un joueur apparemment au grand cœur qui s est très vite intégré?

« Rui Pataca était quelqu’un de très généreux. Un peu à l’image avec moins de talent d’un Andy Delort ou de Gignac. C’est le genre d’attaquant qui se bat et qui mouille le maillot. C’était un bon gars. »

  • Ce souvenir est aujourd’hui l’un des plus beaux pour les supporters Pailladins. De votre côté, comment vis-tu ce match de la montée en 2008/2009 au Stade de la Mosson qui voit le MHSC rejoindre l’élite ?

« J’ai connu cette sensation dans le bon sens avec Strasbourg. Nous sommes montés un soir de 37ème journée à domicile contre Metz. Un derby en plus. Ce soir-là quand nous nous sommes échauffés, je savais que sincèrement nous ne pouvions pas perdre. Il y a une ambiance extraordinaire et nous nous sommes imposés (2-1) je crois. Et là c’était l’inverse, on savait que ça serait super compliqué. On savait que le stade était plein, qu’il y allait avoir une ferveur incroyable contre nous, c’était hostile. Dès le début, on savait que ça serait dur. En plus Montpellier était sur une série exceptionnelle, ultra-positive. Et que cette année-là, il avait un tireur de coup franc, Tino Costa, qui avait été décisif un bon nombre de fois. On sentait que c’était pour eux. C’est une soirée symbolique qui a en plus lancé la carrière de Geoffrey Jourdren. Je me souviens que Carrasso se blesse, et qu’il fait l’arrêt décisif. Il a lancé sa carrière vraiment sur ce match. »

  • La saison dernière, on a souvent milité pour Benjamin Lecomte en Equipe de France… Être gardien du MHSC et sélectionné avec les bleus, est-ce vraiment compatible ?

« Déjà, il faut regarder la hiérarchie actuellement en place. Benjamin il a devant lui Lloris, Mandanda, Aréola et Maignan. Pour bousculer cette hiérarchie, il faut être performant dans les compétitions européennes. On voit que Maignan a eu du mal avec Lille en Ligue des Champions, on voit qu’Areola est parti de Paris pour le Real, après une saison compliquée avec le PSG en Coupe d’Europe. Alphonse avait en Coupe d’Europe peu de vécu qu’avec Villareal. Pour s’imposer au plus haut niveau, je me suis toujours dit qu’il lui manquait encore un peu d’expérience dans un autre club. Et je vois que je ne suis pas trompé. Benjamin, il a eu la bonne idée d’aller à Monaco. Et c’est évident qu’il faudra qu’il joue en Coupe d’Europe et être bon pour changer la hiérarchie. Mais pour les gardiens, c’est si particulier. Regardez Ter Stegen, il est très bon à Barcelone, mais devant lui en sélection il y a un monstre qui est intouchable, c’est Neuer. 

  • Que penses-tu de Géronimo Rulli ?

« C’est un très bon gardien. Il est très fort sur sa ligne. Avec beaucoup de réflexe. Il ne sort de sa surface que s’il est sûr de lui. Et il y a rarement du déchet. On voit par exemple que Benjamin est un gardien plus à l’aise dans les airs. C’est plus naturel pour lui. On sent qu’il veut y aller. Benjamin a aussi un pied gauche exceptionnel. »

  • Suis-tu encore les résultats de Montpellier d’un oeil ? Comment vois-tu l’équipe mise en place par Michel Der Zakarian ?

« Chaque fois que je viens à Montpellier avec l’équipe adverse, je sais que tous les joueurs disent que c’est difficile de jouer à Montpellier. Il y a un staff avec Michel qui fait du très bon boulot. C’est un club qui est de mieux en mieux structuré. Je dirai que désormais il ne lui manque plus qu’un stade, plus petit, pour faire que ça soit encore plus compliqué pour les adversaires de venir. Je sais qu’il y a toujours un problème de public à la Mosson, que la saison du titre il n’y a eu qu’un match à guichets fermés en fin de saison. Il y a un vrai noyau de supporters mais les gens ont du mal à venir. Mais on sait que c’est difficile de venir à Montpellier. C’est un super club. »

Encore merci pour cet entretien, nous lui souhaitons le meilleur dans son nouveau projet avec le Racing.

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