Pourquoi faut-il soutenir Rolland Courbis?

On peut bien entendu, et cela serait facile, tout mettre sur le dos de Rolland Courbis. Ses choix tactiques, son coaching peu exemplaire depuis le début de saison. Pourtant, et vous étiez 76% à le penser avant Caen, je pense qu’il ne faut pas virer le Coach. Voici pourquoi

Il n’est pas le seul fautif, loin de là

Aux dernières nouvelles, Rolland Courbis a mis un terme à sa carrière de joueur, il y a un bon moment. Ce sont les joueurs qui sont sur le terrain, et qui ne donnent pas satisfaction. Des joueurs qui reviennent de blessure et qui tardent à retrouver leur niveau, comme Jonas Martin, ombre de lui même depuis sa blessure sur le synthétique du Moustoir. Ryad Boudebouz, sur qui nous fondions beaucoup d’espoir, n’a pas l’impact espéré. Si ses grigris sont toujours agréables et appréciables, ils ne sont malheureusement pas assez décisifs. L’algérien doit bien plus peser dans le jeu, d’autant que le départ d’Anthony Mounier conjugué à l’absence de Morgan Sanson doit le propulser comme le leader technique de l’équipe. Une errance technique affligeante, préjudiciable à l’ensemble de l’équipe qui, elle, ne peut compenser la défection de l’algérien. On attend impatiemment le retour de l’international espoir français.

Jonathan Ligali de son coté peine à confirmer les espoirs placés en lui, son match face à Saint-Etienne en est le parfait symbole : rares et timides sorties aériennes, fébrilité surprenante, le gardien menace de moins en moins Geoffrey Jourdren, dont on attend également le retour de blessure avec impatience. Mathieu Deplagne lui est en constante souffrance sur son coté, quelque soit l’adversaire en face. Bouffé par Rodelin à Caen, par Monnet-Paquet face aux verts,… le pailladin n’en finit plus de décevoir. Malheureusement Courbis ne dispose d’aucune réelle alternative à ce poste, hormis peut-être Bryan Dabo, qui apporte néanmoins sa percussion au milieu de terrain pailladin, ce qui est précieux.

Devant aussi, l’effectif est faible, avec Mustapha Yatabaré en recherche d’automatismes et un Kévin Bérigaud à la vitesse d’exécution proche de zéro. Lui qui doit profiter de son maigre temps de jeu pour se remettre d’une première saison dans l’ombre de Barrios ne risque pas de remonter dans l’estime des supporters que nous sommes. Pourtant, les joueurs se battent, voilà pourquoi l’hypothèse d’un abandon du coach par le vestiaire ne tient pas, à mon sens. Les joueurs se battent, mais c’est sur le plan technique que le bâs blesse. Un autre coach ne pourrait pas obtenir plus. Daniel Congré, irréprochable à Caen confirme cela, en répétant que « il faut rester mobilisé, même si c’est dur.« 

Des circonstances exceptionnelles

Arrêtons-nous maintenant sur les circonstances des défaites enregistrées par les pailladins. Hormis le non match face à Angers, où tout le monde s’accorde à dire que la défaite fut méritée, les hommes de Courbis n’ont pas été vernis, loin de là. Lors de la deuxième journée, Montpellier offre une prestation solide, bien que peu séduisante, et s’incline dans les dernières minutes sur un but involontaire de Grosicki. Face à Paris, les pailladins ont sûrement fourni leur meilleur match de la saison, craquant devant l’inévitable Matuidi et tombant sur un Trapp niveau Ligue des Champions, pas le celui que les Girondins ont affronté. Un match nul encourangeant à Troyes plus tard, Montpellier fléchi à nouveau face à de curieux stéphanois, peu incisifs mais profitant de deux erreurs individuelles de Ligali, peu vif, et de Bensebaini, incapable de mettre Nolan Roux hors-jeu. Avec une réduction de l’écart en fin de match, les pailladins n’ont une fois de plus pu accrocher un point.

Et enfin ce déplacement à Caen où, logiquement, personne ne nous voyait ramener quelque chose. Dominateur en début de match, Montpellier encaisse l’ouverture du score sur une nouvelle erreur individuelle. C’est cette fois-ci Deplagne qui, sans pression, laisse Rodelin lui griller la politesse et catapulter la gonfle au fond des filets de Ligali, impuissant. Sur pénalty, inexistant, les hommes de Courbis reviennent logiquement dans la partie avant de frémir dans le deuxième acte et de reculer pour conserver un bon point face à des normands en pleine bourre actuellement. Au bout du temps additionnel, sur un coup de billard improbable, Jeff Louis inscrit le but des 3 points pour Caen et replonge les montpelliérains dans le doute.

En quoi peut on attribuer une telle poisse à un seul homme? Personnellement, je ne suis pas quelqu’un de superstitieux, et ne croit pas vraiment à une malédiction. Mais force est de constater que les joueurs sont victimes d’une succession de faits de jeu défavorables, et cela ne serait pas pertinent de l’attribuer au coach.

Son riche passif

Un bref rapide en arrière doit permettre à tout supporter d’accorder encore du temps au Coach. Après une prestation emplie de malchance à Créteil pour le début de la mission « maintien en L2 » face, qui plus est, à un adversaire direct, Rolland a su inverser la tendance et relancer la machine, avec la suite que l’on connaît. Relancer des joueurs que l’ont croyait perdus comme Montaño, des recrutements intelligents, avec des gars comme Lacombe, Bocaly, Compan, Sabo ou encore Marveaux, toujours présent dans l’effectif. Tout ces gars ont été décisifs dans l’accession à la L1. Certains ont même participé à la plus belle page de notre histoire. Tout pailladin qui se respecte ne peut nier une certaine part de responsabilité à Rolland Courbis dans l’obtention du titre de Champion de France en 2012.

Lors de son second passage au club, qui dure encore aujourd’hui, Courbis a de nouveau relancé des joueurs, comme l’étonnant Dabo, Daniel Congré parfois raillé mais qui n’est pas le plus à critiquer, Mounier fantomatique sous Girard et étincelant avec Courbis. Du recrutement intelligent là encore, avec des coups comme Mbaye Niang, décisif dans notre redressement malgré un comportement criticable, Lucas Barrios qui nous serait bien utile à l’heure actuelle pour tenir les ballons devant, ou encore le prometteur – à confirmer – défenseur algérien Bensebaini. Bien sur, il y a eu du recrutement bizarre, symbolisé par Gissi. Mais en L2 aussi on a eu des mecs relativement inutiles, comme Sahnoun, avec néanmoins la réussite collective précédemment décrite. Les erreurs de recrutement n’empêchent pas nécessairement le triomphe mais oui, parfois Courbis se trompe.

Il a au moins le mérite de le reconnaitre, bien qu’il ne soit pas seul, au passage, à définir le recrutement.

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras

Certains veulent pourtant la tête du Coach! En dépit de ces belles années, de ses exploits chez nous, Courbis devrait être sacrifié au seul titre qu’il faille « faire quelque chose ». Faire quelque chose, ok, à condition de ne pas faire n’importe quoi! Car si Courbis est prié de prendre la porte, qui serait son successeur? Loulou a déclaré prévilégier une solution interne, pensant logiquement à Baills éternel numéro deux et totalement inexpérimenté au poste plus que médiatisé de coach principal.

Revenons tout de même un instant sur les rumeurs. Girard, bien entendu. Champion de France 2012, le gardois a toute notre sympathie et c’est bien naturel. Mais il a récemment déclaré ne pas être intéressé par cette perspective. Hantz, viré étrangement de Bastia, est actuellement en villégiature du coté de Rodez mais n’a jamais fait part de son envie de reprendre du service. Dans notre situation, faire appel à quelqu’un d’inactif depuis plus d’un an est-il ce qu’il y a de mieux à faire. Domenech, ce mégalo anti-relations publiques, capable de se servir des caméras de M6 pour demander sa femme en mariage après le naufrage français à l’Euro 2008. Cet entraineur capable de chialer avec Landreau avant de l’évincer de sa liste pour le mondial allemand, capable aussi de se laisser dicter ses compositions par ses joueurs – quand bien même il s’agit de Zidane – ou de lire une lettre de grève de son équipe un jour de mondial sud-africain? Il leur faut des couilles à ces joueurs, des couilles et du génie tactique.

Ce qu’il leur faut, c’est Rolland Courbis.