[Exclu AP] Jonathan Tinhan : « Jean Fernandez n’a pas été correct avec moi »

Pendant près d’une demi-heure, le champion de France 2012 s’est confié à AllezPaillade.com en toute sincérité. Touchant, Jonathan Tinhan est revenu sur son passage au club, ses rapports compliqués avec Fernandez, mais aussi sur les bons souvenirs qui l’animent encore aujourd’hui, ainsi que sur son parcours sinueux depuis son départ du MHSC. Entretien

Tout d’abord, peux-tu nous raconter ton parcours depuis ton départ du MHSC en 2014 pour Istres?
Depuis mon départ de Montpellier, j’ai pas mal bougé, puisque j’ai fait 3 clubs. J’ai fait 6 mois à Istres (National), où cela se passait très bien individuellement mais collectivement ce n’était pas ça. Les résultats étaient bien en-dessous des attentes du début de saison. Du coup, j’ai saisi l’opportunité de partir dans un club mieux classé au mercato d’hiver, le Red Star (National). En plus, les dirigeants istréens démissionnaient petit à petit donc je n’ai pas hésité à saisir cette opportunité. Je signe donc au Red Star où l’acclimatation ne s’est pas si bien faite que ça. Je suis arrivé dans une équipe qui marchait bien et qui gagnait, et je n’ai pas vraiment réussi à m’imposer sportivement. Cette fois, c’était un peu l’inverse puisque ça se passait bien collectivement mais individuellement c’était un peu décevant. Ensuite, je n’ai pas été prolongé pour la montée en Ligue 2 pour des raisons diverses, mais je ne reviendrai pas la-dessus parce que ce n’est pas un très bon épisode. Aujourd’hui, je fais une année complète à Amiens en National, qui s’est présenté après mon passage au Red Star, avec un bon projet et j’ai donc voulu tenter ma chance ici

Justement  comment ça se passe cette année à Amiens? On a pu voir que tu avais songé à quitter le monde du football avant de rejoindre la Picardie?
C’est vrai que cette saison se passe très bien. J’ai appris à me détacher un peu du football et c’est peut être ce qui m’a aidé cette année. Jusqu’à maintenant, je le prenais un peu trop à cœur. En venant à Amiens, c’était vraiment pour prendre du plaisir sur le terrain car il est vrai que j’ai longuement hésité à arrêter le football après avoir repris mes études. Je m’étais donc fixé d’autres objectifs personnels mais le club d’Amiens m’a réellement permis d’allier les deux, faire mes études et en parallèle être un joueur du club. C’est vraiment un bon compromis, pour moi comme pour eux.

En quoi consistent ces études?
J’ai repris mes études en licence de webmarketing grâce à des cours à distance. J’ai bien été aidé par l’UNFP (le syndicat des joueurs de football, NDLR) qui a pas mal d’académies partenaires. Il me faut juste deux fois dans l’année aller passer mes partiels sur Paris pendant une semaine. Comme je l’ai dit précédemment, le club d’Amiens a été cool puisqu’il me laisse aller passer ces semaines d’examens à chaque fois.

Quels sont tes objectifs sportifs à court/moyen terme? J’imagine que des clubs se sont déjà renseignés à ton sujet et au vu de tes statistiques cette saison (10 buts en 24 matchs de National)
Pour le moment je ne me pose pas du tout la question. Je sais que je commence à être remarqué grâce à ces stats, mais franchement ce n’est pas du tout mon objectif premier pour l’instant. J’ai réussi à retrouver la notion de plaisir à Amiens, je me sens bien ici et ma femme aussi, donc pour l’instant, c’est un cadre de vie qui nous convient. Je me concentre donc sur ma fin de saison individuelle et collective et ne réfléchis pas trop à partir. On verra par la suite mais le cadre proposé par Amiens pour mes études me tient vraiment à cœur et l’un ne se fera pas sans l’autre.
Pour te répondre, en tout cas, c’est vrai que j’ai eu des échos mais je ne les citerai pas car je ne les ai pas du tout rencontré à l’heure actuelle.

Concernant l’équipe nationale du Bénin, tu avais été convoqué il y a deux ans mais tu n’as toujours pas eu de sélection. Qu’en est il?
En fait, j’ai toujours refusé la sélection pour des raisons personnelles. Il y a deux ans, j’ai voulu y aller pour voir de mes propres yeux comment cela se passait et vivre la chose de l’intérieur. Comme je m’y attendais, je ne suis pas fait pour jouer avec cette sélection. Il me manque cette attache ou ces racines. Je ne peux donc pas jouer pour un maillot qui n’est pas totalement dans mon cœur, surtout pour une équipe nationale. Aujourd’hui, j’ai définitivement fait une croix dessus.

Revenons en au MHSC. Tu signes durant l’été 2011, l’année du titre, alors que ton club formateur du GF38 est en liquidation judiciaire. Comment les contacts se sont-ils noués?
Quand on a su que le club aller être en liquidation, personnellement je sortais d’une saison plutôt bonne entraînant pas mal de contacts, essentiellement de clubs de Ligue 2. Montpellier ne s’était pas encore manifesté à ce moment-la. Quand le MHSC m’a contacté, j’étais en contact très avancé avec le FC Nantes alors en Ligue 2. Le contact avec Montpellier s’est fait au dernier moment mais le club a formulé une offre écrite très rapidement. Je n’ai pas hésité et j’ai sauté sur l’occasion. Au début, cela était confidentiel car la liquidation n’avait pas été formulée officiellement. Cependant, officieusement, nous avions déjà un accord entre nous et je m’étais même entraîné 15 jours avant l’officialisation de la liquidation de Grenoble. Une fois faite, j’ai pu réellement signer au club.

Malgré un faible temps de jeu, 4 matchs, tu fais donc parti des champions de France 2012. Quels souvenirs en gardes-tu ?
Malgré ce faible temps de jeu, ça a quand même été une année extraordinaire. Je suis passé du dernier de Ligue 2 au premier de Ligue 1, un bon saut donc (sourire). Sur le plan humain, c’était vraiment une de mes plus belles années. Après, sur le plan sportif c’est vrai que j’ai beaucoup de blessures et pas eu énormément de temps de jeu. Mais j’ai vraiment découvert un club auquel je me suis vraiment attaché alors que je n’ai aucune racine à Montpellier. Que ce soit avec la direction ou les joueurs que j’ai rencontré, c’est vraiment une expérience que je n’oublierai pas. D’ailleurs, je prends toujours des nouvelles du club et je les suis, encore aujourd’hui.

Cette année-là, tu inscris notamment le but de l’égalisation à Dijon en fin de match, ton premier sous nos couleurs.
C’est marrant parce qu’encore aujourd’hui, les supporters de Montpellier me parlent de ce but. Je suis content d’avoir laissé ce bon souvenir et d’avoir marqué ce but qui a compté pour le titre. C’est aussi un souvenir que je n’oublierai pas. Quand je suis parti, le président m’en a remercié, c’est des petites attentions qui font du bien et qui touchent aussi.

L’année suivante, tu ne joues pas beaucoup plus, mais tu prends part à l’aventure de la Ligue des Champions, un grand souvenir?
C’est vrai que l’année suivante, j’ai plus joué en Ligue des Champions qu’en championnat (1 match en L1 pour 2 matchs en LdC, NDLR). Le coach faisait un peu plus tourner. En effet, ça restera quelque chose d’extraordinaire. Aujourd’hui, je peux dire que j’ai joué la Ligue des Champions dans ma vie et pour tous les footballeurs c’est un rêve. J’ai pu l’accomplir avec le MHSC.

Contre Schalke, tu réalises une action qui restera associée à ton passage. Tu offres l’égalisation à Souley dans le temps additionnel mais cette passe, sincèrement, volontaire ou pas?
(Rires) Oui, elle l’est! On me l’a souvent demandé mais je le vois vraiment en retrait et je tacle, je lui mets le ballon comme je peux. Bon, c’était pas vraiment une « galette » mais c’était volontaire et puis ça va au fond, c’est le principal! (sourire).

Tu es ensuite prêté à Arles-Avignon, alors en Ligue 2.
J’y ai rencontré de très bons mecs, au niveau de l’équipe en tout cas. J’ai rencontré un groupe qui vivait très bien, très joyeux donc on passait vraiment de bons moments. Sportivement, c’était un peu difficile parce qu’on jouait le maintien. Malgré tout, j’en garde un très bon souvenir car ça m’a permis d’acquérir du temps de jeu et d’enchaîner les matchs. Cela m’a fait du bien également au niveau de la confiance pour la suite.

Ton dernier exercice sous nos couleurs n’est pas plus réjouissant avec 4 rencontres disputées. Parfois réclamé par les supporters, as tu l’impression de ne pas avoir eu réellement la chance de t’imposer sous nos couleurs malgré le passage de 3 coachs différents ?
Vraiment le seul point noir de mon passage à Montpellier, c’est la période avec Jean Fernandez. C’est quand même lui qui est venu me chercher à Arles-Avignon à la fin de la saison. Personnellement, j’avais pour objectif de repartir en prêt pour continuer à acquérir du temps de jeu. J’étais alors très heureux que le nouveau coach me fasse confiance et finalement, le feeling ensuite n’a pas du tout eu lieu : il ne m’a jamais fait confiance, même quand les résultats de l’équipe n’étaient pas bons il n’a jamais voulu me donner ma chance. Même sur le plan humain, il n’a pas été correct avec moi. C’est vrai que je suis quelqu’un d’assez sensible et sincère et c’est vraiment quelque chose que je n’oublierai pas. Cet entraîneur ne restera jamais dans mon cœur.
En ce qui concerne René Girard et Rolland Courbis, je les remercie tous les deux parce qu’ils ont toujours été francs avec moi. Sans rester focalisé sur la question du temps de jeu, ils m’ont appris énormément de choses et ont toujours étaient corrects avec moi, humainement et sportivement. J’ai vraiment rien à leur reprocher, juste les remercier pour ce qu’ils m’ont apporté par leurs connaissances et les progrès qu’ils m’ont permis de faire.

Es-tu toujours en contact avec certains joueurs?
Oui, je parle de temps en temps avec Jonas (Martin), Bryan (Dabo), Morgan (Sanson), avec Daniel (Congré) et Joris (Marveaux) aussi. J’ai également des contacts avec des membres du staff. J’ai encore pas mal d’accroches avec Montpellier. Je suis vraiment parti en bons termes du club. Quand je viens sur Montpellier, j’hésite pas à aller voir l’équipe, le club a toujours été correct. Il n’y a rien a dire de négatif sur le club en lui même. J’ai eu la chance d’évoluer dans ce club et si je peux rester en bons termes avec lui et prendre des nouvelles des gens qui le font vivre, je le fais avec plaisir.

Le départ de Courbis, toi qui l’as connu, t’a-t’il étonné ?
Pas réellement surpris car il y a eu pas mal de sous entendu sur la fin de saison, donc ça ne m’a pas surpris. Après, est-il parti au bon moment? Je ne sais pas, peut être pas (sourire) mais on pourra pas lui enlever tout ce qu’il a fait pour le MHSC sur le plan sportif. Il est venu quand le club avait besoin de lui, il l’a sauvé et l’a fait remonter au classement. On ne pourra pas le lui enlever. Après voilà, c’est du Courbis (sourire), tout le monde connaît le personnage donc, non, pas vraiment surpris.

Pour finir, que penses-tu de la nomination de Frédéric Hantz et du travail qu’il a déjà accompli au club?
La nomination de Frederic Hantz, c’est très bien, honnêtement je suis content. Même dans le projet de jeu, on voit que l’équipe a retrouvé la confiance. J’espère vraiment qu’ils vont se sauver parce que ce n’est pas un club qui doit jouer en Ligue 2. Ça fait plaisir pour l’équipe, les joueurs retrouvent de la sérénité et surtout, reprennent du plaisir dans le jeu.


Un grand merci à Jonathan pour sa disponibilité et sa sincérité dans ses réponses. L’équipe d’AllezPaillade.com lui souhaite le meilleur avec l’Amiens SC ainsi que dans son parcours académique.

Retrouvez Jonathan Tinhan sur Twitter

 

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