Collection: les enfants de loulou #1 – Aurélien

En créant un musée tout entier consacré à sa collection d’objets sportifs, Louis Nicollin a fait rêver tout une génération de jeunes montpelliérains. Plus de 20 ans plus tard, alors que Loulou n’est plus, des dizaines de ses enfants se sont engouffrés dans le chemin qu’il avait tracé, ce qui permet à Montpellier d’avoir un des réseaux de collectionneurs les plus dynamiques de France. Peut-être qu’un jour une aile du futur musée Louis Nicollin leur permettra d’exposer leur plus belles pièces, mais en attendant AllezPaillade.com a voulu rencontrer ces passionnés. Le premier épisode est consacré à Aurélien.

Bon raconte-moi un peu le commencement, qu’est-ce qui t’a donné envie de collectionner les maillots ?

Déjà, je viens d’une famille où tout le monde adore le foot et le MHSC. Mais au fond tout commence grâce à Louis Nicollin. Mes parents ont un ami en commun avec Loulou. Du coup, à 12 ans, je me retrouve à table avec eux et Loulou est là. Il finit par venir vers moi et me demande : « Est-ce que tu aimes le foot ? ». Un peu intimidé, je lui réponds que oui et que je vais même aux matchs. Et là, il me propose de m’envoyer un maillot. Au début, on n’y croit pas vraiment. On se dit qu’il dit ça pour me faire plaisir mais qu’il n’y pensera pas. Une semaine plus tard, je reçois le maillot de Stéphane Darbion porté. Voilà comment tout a commencé. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, j’ai environ 80 maillots portés de la Paillade.  

 
 
 
 
 
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Justement comment on passe d’un maillot offert à cette collection impressionnante ?

Comme tu peux imaginer, j’ai pas commencé directement à collectionner à 12 ans, j’étais un peu trop jeune. Mais ça m’a trotté dans la tête et en grandissant, vers 2013-2014, donc dans la période post-titre, j’ai commencé à regarder beaucoup les offres sur Leboncoin et Ebay. À l’époque, c’était les principaux sites, il n’y avait pas encore Vinted ni les groupes de collectionneurs. Dès qu’il y avait quelque chose de pas mal et pas trop cher, j’y allais.

Je sais que tu as une logique propre à ta collection pour éviter de t’éparpiller, est-ce que tu peux nous l’expliquer ?

Alors moi, je ne fais que les maillots domicile portés en championnat avec une exception : le maillot de Ligue des Champions que je voulais à tout prix et que j’ai pu récupérer il y a quelques années. C’est con mais pour moi les maillots domicile ce sont toujours les plus beaux. Je me suis fixé cette logique pour me mettre un cadre, sinon c’est une quête infinie. Puis franchement financièrement, c’est plus sain. Donc je pars sur les domiciles, mais attention : c’est chaque maillot domicile porté dans la saison, donc s’il y a des petites variations sur le maillot, au niveau du sponsor par exemple, je vais faire en sorte de les récupérer. Avec cet objectif en tête, la pire période : c’est la Ligue 2 car il y avait moins d’argent, plus de sponsors et plus de changements. Tu avais même des périodes où des entreprises pouvaient payer au match pour sponsoriser le club. En 2005-2006, tu avais six maillots différents à domicile, maintenant c’est trois-quatre en moyenne. En général, tu as le domicile, le bleuet de France, le rose et le maillot floqué aux couleurs LGBT. Cette année, tu en avais un en plus qui faisait la promotion de Montpellier comme capitale européenne de la culture. Ça varie.

Les fameux maillots 2005 2006 et leurs multiples sponsors

Par rapport à d’autres collectionneurs, toi, tu as une petite particularité : tu as choisi de commencer ta collection à la création du club 1974, avec tous les problèmes que ça induit pour les authentifier, vérifier qu’ils ont bien été portés.

C’est marrant, on me pose souvent la question. La facilité, c’est de collectionner à partir de l’apparition des patchs [depuis la saison 2010-2011, le MHSC appose sur ses maillots un (ou plusieurs) patchs qui permettent d’authentifier que le maillot a été préparé ou porté en match]. Pourtant, pour moi, dès mon premier maillot, mon objectif : c’était de retracer l’histoire du club. Donc, je devais commencer dès 1974. Évidemment, les maillots anciens sont plus compliqués à avoir et pour vérifier qu’ils sont bien portés, c’est aussi plus dur, mais avec l’expérience et mes contacts, j’essaie d’y arriver. Pour des maillots aussi vieux, tu ne peux jamais être à 100% sûr.

J’imagine qu’on a des lecteurs qui ont des maillots dans les placards et qui se demandent s’ils ont pu être portés. Est-ce que tu as des conseils pour identifier un maillot porté ?

Il y a toujours une part de risque, on peut toujours se tromper. Pour moi, il y a un trio magique : la taille du flocage, la provenance et la photo du maillot porté. Déjà, sur un maillot porté le flocage du nom fait toujours au minimum entre 7,3 et 7,5 centimètre de hauteur. Sur un maillot boutique, on est plutôt entre 6 et 7 centimètres donc c’est un bon indicateur. Ensuite, il y a la provenance, si c’est un collectionneur de confiance, un ancien joueur, un ancien pensionnaire du centre de formation qui le vend. Enfin, il y a un travail d’archive à faire, on essaie de trouver des photos du maillot porté lors de la saison, ou du match. Ça permet de repérer des petits détails.

Tu m’as dit tout à l’heure que t’avais environ 80 maillots, mais si demain on te demandait d’en garder un seul, lequel ce serait ?

Je pense que celui porté par Olivier Giroud, lors de la saison du titre à Auxerre. Parce que bon déjà, c’est le dernier match de l’année, celui à l’issue duquel tu es sacré champion. Puis c’est Olivier Giroud, le meilleur buteur de ton club l’année du titre, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection de ton pays. C’est une pièce qui a sa place dans un musée.

Oui, comme tu dis, c’est un bout d’histoire. Comment tu t’es débrouillé pour dénicher une telle pièce ?

C’est grâce à ma page Instagram, collection_mhsc6, un collectionneur m’a contacté pour me proposer ce maillot. D’ailleurs cette page, initialement, je l’avais créée parce que je me disais : « C’est bien tu as toute cette collection, mais elle est chez toi dans un placard, personne ne peut la voir, je ne peux pas la partager« , mais finalement elle m’a permis de me mettre en contact avec pas mal de collectionneurs et de récupérer des maillots. C’est une belle vitrine.

Est-ce qu’il y a un maillot que tu n’as pas encore et que tu rêverais d’avoir ?

Un maillot porté par Laurent Blanc, le meilleur buteur de club, et si possible de la saison 1989-1990, c’est une saison que je n’ai pas et c’est la saison où on gagne la coupe de France. Il y a un collectionneur qui l’a, je tâte le terrain mais je pense qu’il ne le vendra jamais.

D’ailleurs, au final, il te reste encore beaucoup de maillots à trouver dans ta chasse au trésor ?

J’ai une petite liste avec des photos d’archives sur mon téléphone. Si je ne te dis pas de bêtises, il m’en manque 13. C’est difficile, il y a peut-être des maillots que je n’ai pas encore repérés parce que les premières années les maillots sont presque des tee-shirts. C’est à partir de 1976, que tu commences à avoir des sponsors comme « Géant Casino ». À l’époque, ils utilisaient le même jeu de maillots toute la saison, il y a eu aussi des maillots qui ont servi pour plusieurs saisons. Je te partage quand même la liste, on sait jamais dans les lecteurs d’AllezPaillade.com, il y en a peut-être qui ont quelques reliques.

Toujours dans cette optique de chasse au trésor, quel est le maillot que tu as eu le plus galéré à trouver ?

Alors, c’est pas le plus beau mais je dirais le maillot domicile « Uniconfort » 2005-2006, il n’a été porté qu’une seule fois dans la saison contre Sète. Je le cherchais depuis des années quand un jour sur un groupe de collectionneurs, on me le propose en échange suite à un post où je disais que je le cherchais. On se met d’accord pour un échange tout se passe bien, j’étais super content. Et la veille de l’échange, il a voulu le laver : tous les flocages sont partis. Heureusement, la vie est bien faite quelques mois plus tard je l’ai trouvé sur Vintage Football Area, un site qui propose plein de maillots anciens. Souvent ils achètent des cartons de maillots entiers à des anciens pros.

NE JAMAIS METTRE UN MAILLOT DE FOOTBALL A LA MACHINE A LAVER

Et le maillot que tu as en ta possession et que tu considères comme le plus rare ?

Je pense que c’est le Maison Phoenix bleu, il n’est vraiment pas courant. C’est ma plus belle pièce ancienne. Je l’ai eu via un ancien pensionnaire du centre de formation et il y a de grandes chances qu’il ait été porté par Jean-Louis Gasset, jeune. J’en ai un encore plus vieux qu’on estime entre 1976 et 1980, mais j’ai dû mal à savoir s’il a été porté ou pas. Après, les plus anciens pourront nous répondre mais est-ce qu’ils vendaient déjà des maillots boutique à cette époque-là ?

 
 
 
 
 
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Je crois aussi que tu as vécu le rêve de tout collectionneur : visiter le musée de Louis Nicollin.

Oui, oui, mais il ne faut pas le dire (rires) parce que leur grande crainte c’est de crouler sous les demandes de visites des différents collectionneurs. J’ai eu beaucoup de chance, je l’ai visité l’an dernier et c’est exceptionnel, il y a de tout. Sur Montpellier, évidemment, c’est de la folie mais t’as plusieurs bâtiments (spécialisé cyclisme …). J’ai hâte que ce soit dans le stade pour que tout collectionneur de la Paillade puisse le voir. Il y a un conservateur qui s’occupe du musée, c’est lui qui s’occupe de réceptionner les maillots après les matchs, il gère tout. Il me disait que le gros problème qu’ils ont actuellement, c’est la place. Ils ont été obligés de stopper l’affichage des maillots de Montpellier à 2018 ou 2019 parce qu’il n’y a plus aucun espace de libre. Il me racontait qu’à l’origine Loulou l’envoyait acheter des maillots dans des brocantes, des ventes aux enchères. Chez Loulou, tu avais une vraie stratégie, Laurent Nicollin poursuit la collection par respect pour l’œuvre de son père mais ça le fait moins vibrer.

Pour terminer, si tu devais donner un conseil à un jeune qui veut se lancer de la collection de maillots de Montpellier et qui se demande peut-être par où commencer ?

C’est marrant, il y a un collectionneur de Montpellier qui est un jeune étudiant, très sympa. Je me vois un peu en lui et je lui ai donné quelques conseils. Pour moi, le plus important c’est de ne pas se frustrer si on passe à côté de maillots, ça finit toujours par ressortir. Moi, j’en ratais plein parce que je n’avais pas de thunes, je me disais : « Putain, ils reviendront jamais ». Au final, je les ai retrouvés.

Pour clôturer l’interview Aurélien a tenu à remercier Ben, les deux Stéphane et Marvin des collectionneurs passionnés qui l’aident au quotidien à trouver et authentifier des maillots portés.

Crédits photos : Magzby

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