Insupp’ #6 : Pour Emmanuel, supporter du TFC, le derby d’Occitanie n’en est pas un, RedBird est validé, son cœur bat pour les Violets

Pour ce nouveau numéro d’Insupp’, nous partons à la découverte d’Emmanuel, supporter du TFC et rédacteur pour le site LesViolets.com, jumeau d’AllezPaillade puisqu’il a été également créé en 2007. Du regain de ferveur autour du Téf’ en passant par le début de saison de son équipe et le rachat par RedBird jusqu’à son avis sur le MHSC, tous les sujets y passent : c’est parti !

Emmanuel, peux-tu te présenter et nous raconter ton histoire avec le Toulouse Football Club ?

Je les suis depuis tout jeune. J’ai emménagé à Toulouse à mes dix ans donc j’ai commencé à aller plus régulièrement au Stadium. C’est une histoire familiale. Mon père était supporter donc j’ai suivi aussi. Toulouse, c’est le club d’une région autour. Quand j’ai fait mes études, j’ai vraiment commencé à m’intéresser au club, à être abonné avec des amis. Puis j’ai intégré la rédaction du site LesViolets.com il y a quatre ans, en 2018. Ce qui est marrant, c’est que je m’y suis vraiment intéressé dans les pires années du club avec les années d’Alain Casanova et qu’on a ensuite payé avec la descente.

Quel contenu peut-on trouver sur le site LesViolets.com ?

Cela va paraître un peu prétentieux mais c’est le site de supporters toulousains le plus suivi. Pendant quelques années, on a même pris un peu le rôle du club qui se mourrait un peu et n’avait plus vraiment de communication. On faisait un peu le lien entre les supporters et on a un peu fait survivre une communauté pendant quelques années. Ce n’est plus le cas car on a été rachetés en 2020 et le club fait le travail à ce niveau-là. On fait une veille de toutes les informations sur les joueurs, les anciens. On a aussi quelques exclusivités mercato ou même des informations du vestiaire. Cela vient de JB (le créateur du site) qui a un bon petit réseau ce qui nous permet d’avoir des exclusivités.

Ce derby d’Occitanie est-il spécialement attendu par les supporters toulousains ?

Personnellement, je dirais que non. Ce n’est pas vraiment considéré comme un derby puisqu’il y a une vraie distance géographique. Avec Bordeaux, on a plus le sentiment d’une rivalité. Il n’y a pas cela entre Toulouse et Montpellier. Il n’y a pas de l’amitié mais des relations assez cordiales et comme il n’y a pas de rivalité sportive non plus, cela n’aide pas pour avoir une ferveur particulière. Peut-être qu’à terme, cela se créera un peu puisque dans cette région, de notre côté ouest en tout cas, il n’y a que Toulouse, peut-être que cela se tournera vers Montpellier mais pour le moment je ne sens pas un engouement particulier pour ce match. On parle du derby d’Occitanie mais ce n’est quand même pas la même zone.

Comment expliques-tu cette ferveur autour du TFC avec environ 13000 abonnés ?

L’engouement date d’avant la montée même si cela a joué bien sûr. Le tournant, c’est le rachat par RedBird, un fond d’investissement américain donc cela nous a fait un petit peu peur. Il y a un peu ce sentiment d’être une ville de rugby mais j’ai du mal à adhérer à cette thèse car on est une ville suffisamment grande pour accueillir plusieurs grands clubs. Autour de moi, les gens ne suivaient pas plus le rugby que le foot. Je pense que c’est un peu vrai pour toutes les villes du sud et pour Montpellier aussi, les gens sont là quand cela va bien. Il peut y avoir une vraie ferveur mais quand tu es un club un peu moyen voire qui régresse cela ne marche pas. Ce qui est paradoxal, c’est que la ferveur est remontée à Toulouse à partir de 2020, l’année du Covid, la première année en Ligue 2. On se reconnaissait davantage dans l’équipe. Les années d’avant, on avait fait venir des joueurs qui venaient pour se relancer comme Sanogo ou Imbula, des joueurs pas du tout investis pour le club. On s’identifiait de nouveau à l’équipe et avec les résultats sportifs et une communication retrouvée, on a eu des accueils de bus assez impressionnants pour la ville de Toulouse. On a refait des guichets fermés en Ligue 2 la saison dernière ce qui paraissait fou puisque cela arrivait rarement en Ligue 1 et quand cela arrivait c’était pour l’équipe adverse. Mais j’avoue que les treize mille abonnés, j’ai été surpris, je ne les ai pas vus venir.

Que penses-tu de RedBird depuis son arrivée ?

Il y avait des craintes car les exemples des fonds d’investissements étrangers n’étaient pas bons comme à Bordeaux notamment. On avait peur que le projet sportif passe au second plan derrière du trading bête et méchant. Ce n’est clairement pas ce qui s’est passé. Le club a été restructuré, il était en train de mourir à petit feu. Ils ont remis de gens dans les bureaux, ils ont créé des postes. Ils ont travaillé à tous les niveaux, même en terme d’infrastructures. Cela a créé un élan. Ils sont connus pour beaucoup miser sur la data ce qui a fait que nous sommes allés chercher des joueurs complètement inconnus qu’on a recrutés pour trois cent cinquante mille euros et Branco Van Den Boomen a fini meilleur joueur de Ligue 2. C’était un monstre alors qu’il avait déjà vingt-cinq ans. C’est un peu cela la méthode RedBird et clairement, cela a marché. Après, il y a toujours des doutes sur le long terme car ils ont pour objectif de faire le mieux possible avec le minimum d’investissements et je ne suis pas sûr que cela colle avec les ambitions affichées, c’est à dire s’installer dans le Top 8 de Ligue 1. Jusque-là, on a toujours vendu nos pépites du centre de formation tous les étés. J’ai peur sur le long terme pour un projet durable pour le club, même en terme d’attachement c’est important de garder les joueurs. On va voir comment cela se passe cette saison, le mercato n’a pas été très bien géré. Ils viennent aussi de racheter le Milan AC. Il y a aussi cette peur de devenir les seconds couteaux voire un club satellite pour RedBird et que tout aille pour le Milan AC. Mais globalement, le bilan est très positif depuis leur arrivée.

Quel bilan tires-tu de ce début de championnat (12ème, 8 points) ?

On est à notre place. Le mercato, on se disait qu’il serait réussi si on ne vendait pas nos joueurs cadres. On avait peur de se faire dépouiller, ce n’est pas ce qui s’est passé. On n’a pas réussi à les prolonger non plus, beaucoup sont en fin de contrat dans quelques mois. Dix jours avant la fin du mercato, Rhys Healey, meilleur buteur de Ligue 2 l’an dernier s’est fait les croisés. Il était un peu la valeur marchande et la vente attendue pour garder les autres. Au final, on l’a perdu mais sur blessure. Et du coup, on a dû vendre un autre joueur qui était Ngoumou qui est un jeune du centre de formation qui est parti au Borussia M’Gladbach. On s’est donc affaiblis offensivement mais aussi défensivement. Bafodé Diakité est parti et n’a pas été remplacé. On n’a pas du tout de joueurs sur le banc pour la défense ce qui est très inquiétant. Au regard de cela, le début de championnat n’est pas fantastique mais il est plutôt conforme à l’équipe que l’on a. On n’est pas capable de faire du jeu. On a changé de système en passant à cinq derrière. C’est plus ou moins notre place, on a perdu des points bêtement. À Clermont, on ne doit jamais perdre là-bas. Ils n’ont rien montré, eux non plus mais on perd quand même deux buts à zéro donc c’est inquiétant.

Quelles sont les forces et les faiblesses du TFC ?

On joue dans un 3-4-3 mais au milieu les deux joueurs, Van Den Boomen et Spierings ont un profil assez similaire, deux bon joueurs de ballons mais peu mobiles et assez lents alors qu’ils devraient faire davantage d’allers-retours comme Lens arrive à le faire dans ce schéma. On n’a pas ce profil-là. On se fait vite transpercer sur les transitions et on subit. Offensivement, on n’est pas flamboyants non plus. Avec le départ de Ngoumou, on a perdu de la profondeur. Il y a également un manque de vivacité devant.

Le point fort, c’est la défense centrale. On joue à trois mais les deux joueurs indiscutables sont Nicolaisen et Rouault, ils sont très forts. Nicolaisen, il était en D3 anglaise il y a un an et maintenant il est monstrueux. Je pense qu’il a le niveau pour jouer dans une équipe qui joue l’Europe, il fait un très bon début de saison. Et Rouault, c’est un jeune sorti du centre qui a une vraie marge de progression, solide et bon dans la relance.

Quel est ton avis général sur le MHSC ?

Sur les dernières années, c’est un peu le club qu’on aurait aimé être quand vous aviez le duo Delort-Laborde. Vous étiez proche des places européennes et c’est dommage que vous n’ayez pas passé ce cap-là. C’est une équipe qui était sans doute dans le Top 10. J’ai l’impression qu’il y a un nouveau cycle qui a du mal à s’enclencher avec Olivier Dall’Oglio. Si on regarde sur le papier, il y a de sacrés joueurs. Téji Savanier bien sûr, Elye Wahi aussi qui est en Espoirs et à chaque fois je le trouve excellent. Il y a le matériel pour viser quelque chose comme le Top 10. J’avais peur pour le MHSC en début de saison. Au final, vous avez un peu enchaîné les victoires. Je pensais à une saison un peu galère un peu comme Nantes il y a quelques années qui avait de bons joueurs mais qui sans dynamique a flirté avec la relégation. Intrinsèquement, il n’y a pas trop de soucis à se faire pour vous.

Quel souvenir gardes-tu de Christopher Jullien, nouvellement arrivé dans l’Hérault et ancien pensionnaire du TFC ?

J’ai un très bon souvenir de lui, déjà parce que c’était un mec très sympa, et aussi parce qu’il nous a sorti une magnifique saison en 2016-2017 avec Issa Diop à ses côtés. Par la suite il a été moins régulier, il a surtout fait plusieurs énormes bourdes qui gâchaient l’impression générale. Mais il avait le niveau pour s’installer dans un club européen et il l’a un peu montré au Celtic. Alain Casanova disait même qu’il avait le potentiel pour l’équipe de France. Il n’a pas connu la meilleure période du club mais il a laissé une très bonne image chez nos supporters j’ai l’impression. Cela fait plaisir de le voir essayer de se relancer chez vous après sa grosse blessure.

Quel est le joueur de Montpellier qui te fait le plus peur pour dimanche ?

Si je n’en dis qu’un, c’est Téji Savanier car il peut toujours faire basculer une rencontre avec une passe ou une frappe de loin. Après je dirais Elye Wahi car je pense qu’il a un vrai potentiel, il me fait peur.

Un petit pronostic ?

Je dirais un à un pour la sécurité. Je vois bien un match assez ouvert avec du suspense jusqu’au bout. Toulouse qui mène et comme d’habitude, on encaisse un but au retour des vestiaires.

Quel est ton côté Insupp’ ?

J’ai tendance à vite m’énerver. Je suis plutôt de nature calme mais je deviens un peu sanguin. Des fois après je me dis que cela ne valait pas le coup de gueuler comme cela. Pas forcément sur les arbitres, plutôt sur les joueurs. J’ai mes préférés et ceux qui m’énervent assez facilement, je peux être de mauvaise foi avec les joueurs que je n’aime pas.

Nous remercions Emmanuel pour le temps qu’il nous a accordé et nous lui souhaitons une bonne saison avec le TFC.

Retrouvez les deux derniers numéros de la chronique juste ici :

Insupp’ #4 ; Le Magic Scop, de 5 à 85 ans pour soutenir Angers

Insupp’ #5 : Pour Thomas, supporter strasbourgeois, avec Laurey, Blanc ou encore Cantona, le MHSC compte dans le football français

Autres articles

InfirmerieTFC-MHSC

2 Commentaires

S’abonner
Notifier de
2 Commentaires
Récents
Anciens Populaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
2
0
L’article vous fait réagir ? Commentez !x
AllezPaillade

GRATUIT
VOIR