Vu du Caillou #38: Le paradoxe Giroud

Je me trouve au moment précis où j’appuie le plus délicatement possible sur les touches de mon ordinateur portable en salle de surveillance de l’épreuve de philosophie en terminale STMG, l’ancien BAC G « le bac à bon marché » dixit Michel Sardou.

Un des sujets est le suivant : « S’engager est-ce renoncer à sa liberté ? »

En salle C26, une bonne moitié de planchistes semble interloquée et je cogite que l’épreuve de 4h va vraisemblablement se transformer en 1 heure syndicale.

Pourtant, chez moi, cette question fait écho et je décide de « philosopher » avec vous sur ce sujet. Évidemment la coupe du monde au Qatar me permet de centrer le débat sur l’actualité et sur mon propre choix de boycotter l’ensemble des rencontres. Platon et Socrate ne me seront d’aucune aide sur ce sujet.

Pour ceux ou celles qui me lisent depuis quelques années vous savez bien que mon boycott n’a pas été décidé au dernier moment comme certains de nos politiques. Je ne peux pas taper depuis 2010 sur ce choix aberrant et regarder des matchs en toute liberté. J’ai ma conscience.

En une phrase je donne déjà ma position, c’est trop rapide !

Il faut réfléchir un peu plus monsieur le professeur ! Je tiens tout de suite à signifier que je ne suis pas enseignant en philosophie. C’est d’ailleurs une matière qui m’a beaucoup déçu quand j’étais lycéen. Je m’y suis ennuyé. Peut-être aujourd’hui suis-je plus mûr pour apprécier cette matière ?

Je reviens au sujet sur ce nouveau prisme : « Mon boycott de la coupe du monde me fait-il renoncer à ma liberté ? »

Je partirai sans réfléchir sur un plan en 2 parties (thèse, antithèse)

• Partie 1 : C’est bien ma liberté de boycotter cette honteuse coupe du monde.
• Partie 2 : Ce boycott me prive aussi de ma liberté de communier avec Olivier Giroud.

Le cas Giroud teste clairement le sérieux de mon engagement. En effet le scénario de la blessure de Benzema et de sa nouvelle titularisation à la pointe de l’attaque des Bleus ont quelque peu ébranlé ma résistance. Ses deux buts au premier match m’ont bousculé émotionnellement même si je suis très heureux pour lui. Mais je n’ai pas vécu le bonheur en direct de ces deux buts de ce fantastique joueur tant décrié par certains qui ne connaissent pas grand-chose au football.  Giroud « pue le foot » et il se place toujours au service du collectif.

Alors oui, j’aurais apprécié vivre ces moments, mais mon combat m’a privé de cette liberté.

Néanmoins, la FIFA et son « infâme » Infantino, la fédération française et son «cracra » Le Graët , la France et son scandale d’État, enfin ma viscérale «Sarcoïdose » me mettent à l’abri d’une soudaine prise de liberté par rapport à mon engagement.

En tant qu’enseignant d’histoire-géographie et de la spécialité en géopolitique, j’espère que cette attribution de la Coupe du monde au Qatar sera jugée un jour, que la France sera inquiétée pour sa participation active à cette aberration mais j’ai aussi la liberté d’espérer quand même de grands moments pour Olivier Giroud.

Même si cela peut paraître confus, c’est ma philosophie de comptoir et « ma liberté de penser ».  Après Sardou je termine ma chronique par des paroles de Florent Pagny, des chanteurs malheureusement engagés. C’est aussi leur triste liberté et la mienne de ne pas les écouter.

Après deux heures de surveillance active, les élèves planchent encore, le sujet les a finalement inspirés. Comme trop souvent les professeurs s’avèrent des mauvaises langues. Il est temps pour moi de conclure cette réflexion sur mon engagement et sur ma liberté en espérant vivement que cette « piteuse » coupe du monde se termine pour que nous, amis supporters du Montpellier Hérault, nous nous retrouvons tous unis derrière notre club pour la lutte finale. Peut-être que cet arrêt forcé servira au moins à sauver notre équipe bien mal embarquée en championnat. Encore un paradoxe!

Gloire à Giroud et allez Paillade !

Stéphane Castieau