Omlin ne se sentait pas bien à Montpellier

Au programme de ce nouveau Die Pailladiner, on s’intéresse aux états d’âme de notre ancien portier, Jonas Omlin. Un article bien évidemment proposé par notre correspondant de choc sur place, Javary.

Bien qu’il ait laissé une excellente impression au MHSC d’un point de vue sportif, Jonas Omlin semble avoir rencontré des difficultés à s’adapter à la vie languedocienne. C’est en tout cas ce que laissait entendre le président Nicollin il y a quelques semaines et également ce qui ressort d’une interview du portier de la Nati parue lundi sur le site d’information suisse watson.ch.

En effet, le gardien des Poulains y fait état d’un obstacle de taille qu’il a dû surmonter dans l’Hérault : la barrière de la langue.

« Je suis méga content d’être ici (à Mönchengladbach, NDLR). Le simple fait de pouvoir parler ma langue maternelle simplifie déjà beaucoup de choses. Je me sens à nouveau plus libre », confie-t-il. Il poursuit : « Je me suis retrouvé dans un pays étranger, avec une langue étrangère, en plein confinement. Nous étions de fait enfermés à la maison. C’est justement ce temps d’acclimatation qui nous a été enlevé ». Pourtant, le niveau de français de Jonas Omlin face caméra apparaissait plus que correct.

Sans vouloir l’exposer, peut-être sous-entend-il alors que c’est son épouse, qui comme lui a grandi en Suisse alémanique, qui a eu plus de mal à s’intégrer, malgré les efforts qu’ils ont faits : « À la fin, nous nous sommes faits des amis en dehors du football. Nous sommes allés tous les jours au même café, où nous avons rencontré un couple de Français qui parlait très bien anglais. C’est un conseil que je donnerais à tous ceux qui arrivent dans un nouvel endroit : allez toujours dans le même bistrot, c’est comme ça qu’on apprend à connaître les gens. »

Si le Covid, forcément, n’a rien facilité, il n’est pas la seule raison de l’acclimatation compliquée des Omlin à Montpellier : « Les Français sont très attachés à leur langue. Tu dois apprendre le français immédiatement. En tant que personne extérieure ou étrangère, il est difficile d’entrer dans cette ‘famille’, car tu ne peux tout simplement pas dialoguer ».

Mamadou Sakho et Wahbi Khazri ont certes évolué outre-Manche, et Stephy Mavididi est lui-même un ressortissant britannique, mais il n’est pas sûr, en effet, que la majorité de l’effectif et du staff héraultais maîtrise la langue de Shakespeare et encore moins celle de Goethe. Mais s’il est totalement compréhensible qu’une première expérience à l’étranger soit difficile, d’autant plus dans une région où la culture, la langue et le climat sont très différents, les torts, dans ce genre de situation, s’il y en a, sont toutefois souvent partagés.

En effet, Jonas Omlin souhaitait-il réellement se fondre dans le moule du club et de la ville ? Ou l’ADN du Montpellier-Hérault, où l’on s’embrasse, où l’on s’engueule, était-il fondamentalement trop différent de sa culture ? Le passage du portier helvète par la Ligue 1, dont les observateurs n’ont d’ailleurs jamais manqué de louer le niveau, était-il un choix réellement enthousiaste ou bien un passage obligé afin de consolider sa place en équipe nationale et de se faire remarquer par la Bundesliga, le championnat étranger le plus suivi chez nos amis de Suisse alémanique ?

Irréprochable dans ses performances sous nos couleurs, l’ancien portier du FC Bâle n’a en effet pourtant jamais semblé s’identifier réellement à la Paillade, malgré l’amour que lui portaient les supporters. À l’inverse, par exemple, d’un Geronimo Rulli dont le passage fut pourtant plus bref, ou d’un Benjamin Lecomte dont le retour est plus que convainquant. En revanche, à peine avait-il franchi le seuil des installations et du vestiaire du Borussia Mönchengladbach que ses yeux brillaient face aux caméras du club allemand.

Plutôt actif sur Instagram pour rendre compte de ses matchs en Bundesliga, nous regretterons qu’il n’ait pas daigné accorder une petite publication de remerciement au MHSC au moment de son transfert, comme c’est pourtant désormais la coutume à l’ère moderne. Ce même MHSC qui lui a permis de réaliser son rêve de signer en Allemagne.

Bien que les tractations n’aient pas été simples, si on en croit une autre interview qu’il avait accordée à un autre site suisse, Blick, peu après le transfert : « Le 10 janvier, Montpellier m’a dit qu’il était certain à 100 % que je ne partirais pas. J’étais assis dans le bureau des dirigeants et je leur ai dit ce que j’avais envie de faire, que j’avais envie de partir au Borussia Mönchengladbach. Que c’était aussi une décision familiale. Parfois, j’avais l’impression que les médias étaient mieux informés que moi. Par exemple, j’ai reçu le refus de Montpellier le dimanche et j’ai lu le lundi que c‘était en fait loin d’être fini. Une grande partie de ce que la presse a rapporté s’est avérée. C’est fascinant de voir comment tout cela s’est passé. Mais je devais en même temps rester concentré et faire mon job. Montpellier lutte pour le maintien, les résultats ne sont pas bons du tout. Alors je leur ai dit que je ne ferais mes valises qu’au moment où j’aurais leur feu vert définitif pour un départ ».

Alors cette absence de remerciement, ingratitude ou simple futilité sans importance ? Chacun se fera son avis. Même si malgré tout, Jonas Omlin considère que son aventure héraultaise l’a enrichi : « Ce fut une période instructive, j’ai dû m’imposer et m’affirmer, sortir de mon oasis de bien-être. On apprend aussi beaucoup de ces expériences. ».

Et le gardien de conclure, visiblement soulagé : « Nous avons trouvé une belle maison près de Düsseldorf où nous nous sentons très à l’aise. Nous avons déjà une place en garderie pour notre fils, il s’y intègre bien et s’y fait beaucoup d’amis. Cela facilite beaucoup les choses. Quand je sais que ma famille va bien, j’ai aussi la tête claire ». Et tant mieux. La réussite sportive et familiale outre-Rhin, c’est tout le mal que nous lui souhaitons. Car nous, nous n’oublions pas les points qu’il nous a rapportés et les valises qu’il nous a souvent évitées, alors que le club était en pleine traversée du désert. Pailladin un jour, Pailladin toujours.

Si ses propos sur ses difficultés d’intégration en France et son adaptation express en Allemagne ont le mérite d’être sincères, il nous semble cependant important de nuancer leur interprétation ouvertement négative par les journalistes helvètes, qui ne manquent pas de les ponctuer tout au long de l’article par des commentaires orientés que notre ex-gardien n’a pas tenus et qui nous paraissent volontairement exagérés (« Jonas Omlin n’a pas du tout aimé la France », « Montpellier n’est plus qu’un lointain souvenir », « Pas sûr que le gardien de la Nati passera ses prochaines vacances dans l’Hérault », « les gros problèmes qu’il a rencontrés en France »…).

Vous pouvez retrouver les autres articles de Javary traitant des aventures des anciens Pailladins en Allemagne en cliquant au lien suivant.

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