Zoom DFCO 1-2 MHSC : l’esquisse d’une nouvelle ère

Arrachant les trois points sur le fil après avoir été beaucoup malmenées, les féminines du Montpellier Hérault ont malgré tout réussi à lancer leur saison du côté de Dijon (1-2). Une prestation contrastée, qui aura fait émerger quelques vérités concernant la construction de l’effectif héraultais.

Si ce ne fut pas la démonstration de force qu’on aurait pu espérer, la victoire de nos joueuses du côté du Stade des Poussots n’en reste pas moins un résultat satisfaisant. Dans une D1 Arkema où une équipe européenne comme Bordeaux peut se faire accrocher en ouverture par le promu stéphanois (1-1), on sait bien que les matchs faciles se font rares pour un club comme le MHSC. Et outre le résultat final, c’était aussi la manière de jouer et la mise en place qui étaient au cœur des interrogations avant la rencontre.

Le premier schéma tactique utilisé en compétition officielle par Yannick Chandioux a donc été un 4-1-4-1, une organisation résolument offensive, qui a logiquement amené son lot de déséquilibre au fil des 60 premières minutes. Si le quatuor Mondésir-le Bihan-Škorvánková-Robert, disposé en soutien de Lena Petermann, a pu être dominateur durant une partie de la première mi-temps, cette ligne de quatre joueuses fut aussi facilement transpercée au cours des temps forts dijonnais, laissant Sarah Puntigam, seule récupératrice, en difficulté. Idem pour la défense, souvent prise à défaut dans les duels.

En fin de rencontre, l’entrée de Landeka a permis de rééquilibrer un peu plus l’équipe en retrouvant le dispositif familier du 4-2-3-1, souvent utilisé sous Mendy. Reprenant leur marques, les Pailladines ont ainsi su remettre la main sur la possession après l’égalisation du DFCO, enchaînant les offensives et finissant par provoquer le coup-franc salvateur de Sarah Puntigam.

Une performance collective contrastée, donc, entre temps forts séduisants et une longue portion du match passée à souffrir des offensives adverses. Ce scénario, parfois inquiétant, n’empêche pas néanmoins de retrouver pas mal de positif dans plusieurs prestations individuelles…

Les observations du jour

– Il y a une certaine justice à ce que ce soit Sarah Puntigam qui ait libéré les Montpelliéraines, tant on lui en a beaucoup demandé au cours de la partie. Elle a enchaîné les rôles ingrats, d’abord seule dans l’entrejeu à tenter d’endiguer les avancées adverses, puis replacée latérale gauche à la sortie d’Inès Belloumou. Un poste qui n’est pas le sien, mais qu’elle devra probablement occuper plusieurs fois dans la saison, puisqu’il n’y a plus qu’une seule latérale gauche de métier dans l’effectif depuis le départ de Leonie Pankratz. C’est malheureusement de son côté qu’est venue l’action amenant le but dijonnais. Malgré tout cela, l’Autrichienne a livré un match honorable, avant finalement de se muer en véritable sauveuse pour le MHSC. Elle a en effet su prendre ses responsabilités dans le temps additionnel, profitant d’une fissure dans le mur rouge-et-blanc pour inscrire le coup-franc de la victoire (92′).

– Intenable sur son côté droit, Faustine Robert fut l’une des grandes satisfactions de la rencontre. Si la Sétoise n’est pas parvenue à marquer, malgré plusieurs grosses occasions (dont un centre-tir qui a trouvé la barre), c’est elle qui fut le détonateur sur le but de Petermann, en éliminant deux adversaires balle au pied avant de voir sa frappe contrée revenir dans les pieds de sa coéquipière. Une action qui illustre les qualités de dribbleuse de la recrue offensive du MHSC, bonifiées par son excellente vision du jeu. Ces atouts font évidemment énormément de bien à un collectif héraultais en manque de leaders techniques la saison dernière. Reste à savoir quel rôle pourrait permettre à Chandioux d’exploiter au maximum les qualités de son attaquante : sur l’aile droite, en pointe dans un système à deux avant-centres, ou même milieu offensive centrale dans un 4-2-3-1 ? Les options sont nombreuses, mais pour le moment, Robert devrait rester cantonnée sur son côté, dans un registre qu’elle semble parfaitement maîtriser.

– Lena Petermann continue d’être une pièce centrale de l’effectif montpelliérain. Certes, son influence sur le jeu peut parfois être limitée, d’où le choix opéré par Yannick Chandioux de la faire sortir en début de seconde période, alors qu’elle peinait à peser dans la partie. Mais, comme toujours, l’instinct de buteuse unique de l’Allemande lui a permis de faire basculer le match à l’avantage du MHSC, en ouvrant la marque dans le premier acte (23′). Toujours bien placée dans la surface, Petermann possède une qualité de finition aussi rare qu’indispensable pour son équipe.

– Pendante de Faustine Robert sur le côté gauche, Nérilia Mondésir a de nouveau brillé par sa capacité à gratter des ballons et à apporter le danger dans la surface, touchant également la barre transversale sur une belle frappe de loin. L’Haïtienne s’en est globalement mieux tirée que ses partenaires Clarisse le Bihan et Dominika Škorvánková. Très à leur avantage lors des temps forts offensifs, où elles ont su créer et combiner avec de belles séquences de passes devant la surface adverse, elles ont en revanche trop reculé avec le reste du bloc lorsque Dijon a pris le jeu à son compte, manquant aussi de présence dans les duels.

– Défensivement, Johanna Elsig et Marion Torrent ont plutôt réussi leur rencontre. Très présente dans les duels et en couverture de ses partenaires, Elsig semble taillée pour assumer un rôle de leader dans l’arrière-garde montpelliéraine. Seule une balle perdue bêtement en tout début de deuxième acte, entraînant une action très dangereuse pour le DFCO, vient ternir le premier match en D1 de la recrue allemande. Torrent a livré une performance relativement solide sur son côté droit, tandis qu’Inès Belloumou, titulaire à gauche, a plutôt souffert face au défi physique imposé par les Bourguignonnes. Maëlle Lakrar, elle, poursuit son apprentissage en défense centrale, avec de l’envie mais toujours une certaine fébrilité.

– Le coaching était plutôt bon. Esther Mbakem-Niaro fut la première entrante, remplaçant Petermann, et amenant avec elle un registre intéressant dans le jeu dos au but, la conservation et la distribution du ballon. Mais ce sont surtout les entrées d’Ashleigh Weerden et Iva Landeka qui ont amené le tranchant et l’équilibre nécessaires pour permettre aux Pailladines de reprendre la main sur le match après l’égalisation dijonnaise.

Alors au final, que retenir de cette première sortie bigarrée ? Une lecture positive du match tendrait à mettre en avant le potentiel très intéressant de l’attaque du MHSC. Le groupe sur lequel Chandioux va pouvoir s’appuyer devant est en effet assez prometteur.

Tout d’abord, le départ d’Adelina Engman a été comblé par le retour de prêt de Mbakem-Niaro et franchement, je pense que le MHSC a gagné au change. Faustine Robert ne fait pas qu’étoffer numériquement le secteur offensif, elle peut carrément lui donner une nouvelle dimension grâce à sa belle palette technique. On peut aussi espérer que Lena Petermann, qui a manqué un tiers des rencontres l’an passé, soit en train de laisser ses problèmes physiques derrière elle, renforçant de facto le 11 type par ses talents de finisseuse. Mary Fowler a progressé à vue d’œil lors des J.O. de Tokyo et possède tous les atouts pour passer un cap cette année. Ajoutons à cela la présence toujours précieuse de la battante Nérilia Mondésir et la vitesse tranchante d’Ashleigh Weerden, toutes deux encore jeunes et capables de s’améliorer, et il est clair que la puissance de feu de l’attaque héraultaise pourrait être d’une tout autre envergure cette saison.

C’est plutôt derrière que le bât blesse, avec une arrière-garde inexpérimentée et un milieu de terrain manquant d’une sentinelle solide. Les profils offensifs de joueuses comme le Bihan (attaquante de formation), Škorvánková ou même Puntigam laissent à désirer dans le secteur de la récupération, une faiblesse qui peut facilement être exploitée par des adversaires bien organisées.

Cette fébrilité défensive devrait continuer à être testée en ce début de saison, avec un calendrier difficile pour le mois de septembre : deux déplacements périlleux du côté de Guingamp et Reims, et la réception, dès vendredi (18h30), du Paris Saint-Germain. À Chandioux, donc, de trouver la bonne formule pour faire cohabiter le potentiel de ses attaquantes avec la nécessité de renforcer l’entrejeu, afin de ne pas laisser sa jeune défense en difficulté.

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