Nicolas, supporter de Bordeaux : « On est en pleine dépression »

Suite du tour de France des supporters. Rencontre aujourd’hui avec Nicolas, supporter des Girondins de Bordeaux et fondateur de Web Girondins. Nous évoquerons avec lui la forme actuelle de son équipe, sa passion pour Bordeaux, et les derniers résultats du MHSC.

Bonjour Nicolas, peux-tu te présenter pour nos internautes ?

Bonjour, je m’appelle Nicolas, j’ai 47 ans et je suis le responsable et fondateur du site Web Girondins.

Quand, et comment es-tu devenu supporter des Girondins de Bordeaux ?

Depuis tout petit, dès l’âge de 6 ans. Mes parents m’amenaient au stade, j’ai donc toujours l’impression d’avoir supporté les Girondins. C’est une passion familiale. Moi, je suis de la région donc c’est logique de supporter ce club. J’habite à Bordeaux, mais comme je travaille sur le site les soirs de match, je n’ai pas l’occasion de me rendre au stade ces temps-ci.

Le club a perdu son identité, et la recherche depuis 2015 dans ce stade

J’imagine que tu as dû aller au stade par le passé. Quel est ton meilleur souvenir au stade en tant que supporter de Bordeaux ?

Oui, j’en ai vécu tellement. Le plus marquant, c’est le dernier match au Parc Lescure. Le match face à Nantes pour l’adieu à Lescure était incroyable en ce qui concerne l’ambiance et les émotions. Je n’ai jamais vécu ça. On disait adieu à notre stade, on avait l’impression qu’on disait adieu à notre club. Le groupe de supporters a fait un énorme travail pour que les adieux soient réussis. Depuis, on galère. On a laissé une partie de l’âme du club dans ce stade, et on ne l’a jamais retrouvée depuis.

D’ailleurs, il me semble que le premier match au nouveau stade, c’est contre Montpellier. C’est bien ça ?

Oui, j’y étais. Diego Rolan inscrit un doublé. C’était lui qui avait marqué le dernier but à Lescure contre Nantes et il inscrit le premier contre Montpellier au nouveau stade. On gagne 2-1 avec une belle ambiance. Mais depuis, on vit une descente aux enfers.

Et cela dure depuis plusieurs saisons maintenant. Bordeaux est actuellement dernier du championnat. Comment expliques-tu ce que tu qualifies de « descente aux enfers » ?

2015 justement, le point de rupture. Il y a aussi la vente du club de l’ancien propriétaire, M6, pour GACP King Street. GACP a quitté le club en décembre 2020. Ensuite, King Street est parti en avril 2021 pour revendre le club à la société de Gérard Lopez en juillet dernier. Le club a été endetté, des contrats ont été proposés à des joueurs qui sont au-dessus des standards du club. Le club a perdu son identité, et la recherche depuis 2015 dans ce stade, qui ne correspond pas à l’identité des Girondins. On perd ce côté familial. L’effectif s’est affaibli saison après saison d’autant plus que le club est surendetté et n’a pas de marge de manœuvre pour se redresser. Cet été, après le rachat, le recrutement a été fait de manière à renouveler l’effectif. 13 nouveaux joueurs sont arrivés en 2 mercatos, et ça n’a pas pris, il n’y a aucune cohésion d’équipe. Tout cela explique la dernière place que l’on occupe à l’heure actuelle.

Même si mathématiquement ce n’est pas fait, il n’y a aucun signe qui montre qu’on pourrait se sauver.

Bordeaux a même changé de coach il y a quelques semaines. Vladimir Petkovic a laissé la place à David Guion. Que penses-tu de ce changement ?

Il n’y a pas d’effet Guion. On a fait 2 matchs nuls et 2 défaites depuis son arrivée. On joue en 5-4-1 avec 3 centraux de plus d’1m90 et deux pistons qui n’attaquent pas. On est un peu plus solide, mais on ne gagne pas de match.

Donc le problème ne venait pas du coach ?

Je pense que c’est plus global. Il y avait sûrement un problème de communication avec l’ancien coach. Est-ce qu’il était vraiment le choix des joueurs ? On se pose beaucoup la question ici. Les joueurs recrutés cet hiver sont arrivés avant Guion car Petkovic a été démis de ses fonctions assez tardivement. La mayonnaise ne prend toujours pas. Ils ont beau essayer de faire jouer tous les nouveaux joueurs, après avoir écarté les anciens, ça ne marche toujours pas. On a recruté MBaye Niang qui ne met pas un pied devant l’autre, et on a posé 4,5 millions sur Fransergio qui n’arrive pas à s’intégrer. Avec un effectif qui n’arrive pas à jouer ensemble et un coach qui ne communiquait pas, voilà pourquoi on est 20èmes à l’heure actuelle.

Selon toi, est-ce que les Girondins arriveront à se sauver ?

Je ne sais pas, mais ça va être très compliqué. Le tournant était le match à domicile face à Troyes que l’on perd 2-0. On devait absolument gagner ce match, mais il n’y avait aucune détermination sur le terrain. Les joueurs sont apathiques et montrent peu de solidarité. Tous les ingrédients sont là pour qu’on soit relégué en fin de saison. À moins que l’on réagisse face à Montpellier… C’est un peu le dernier espoir. Si les joueurs ne changent pas d’attitude, on file en Ligue 2.

Tu penses qu’une défaite contre Montpellier condamnerait définitivement ton équipe ?

Je le pensais déjà contre Troyes. Même si mathématiquement ce n’est pas fait, il n’y a aucun signe qui montre qu’on pourrait se sauver. On n’a fait aucun clean sheet cette saison. Puis, il faut gagner des matchs. On en a gagné seulement 4 cette saison, dont 2 à domicile. C’est trop peu.

Bordeaux a la clé pour ce match et non pas l’adversaire. Si on perd ce match, c’est terminé pour nous.

As-tu suivi la première partie de saison du MHSC, qu’en as-tu pensé ?

J’ai très peu suivi. J’ai l’impression que Savanier est un peu moins bien, mais c’est tout. Je ne connais pas très bien votre équipe. Il y a Mavididi et Mollet que j’aime bien. Sinon, c’est le collectif. Aujourd’hui, on craint toutes les équipes à Bordeaux.

As-tu un souvenir particulier d’un match entre Montpellier et Bordeaux ?

Celui de 2015 que l’on a évoqué. Sinon, à Montpellier, quand Rio Mavuba marque son premier but avec Bordeaux. C’était en 2004 lors d’une victoire Girondine 2-1 sur la pelouse de la Mosson. C’était une belle frappe de 20-30 mètres.

Quelles sont pour toi les clés du match ?

Pour Bordeaux, c’est jouer 90 minutes sous haute intensité, ce qu’on a jamais fait cette saison. Surtout, ne pas encaisser de buts. Marcelo pourrait rester sur le banc pour passer à un système avec 4 défenseurs. Cela dépendra aussi de la capacité de Yacine Adli à mener le jeu bordelais. C’est un joueur sur lequel on s’appuie à chaque match et qui ne répond pas présent. Bordeaux a la clé pour ce match et non pas l’adversaire. Si on perd ce match, c’est terminé pour nous. On est un peu en pleine dépression car on n’a pas été relégués depuis 1992.

Un pronostic pour terminer ?

Un match nul, 1-1 ou 0-0.

Merci beaucoup Nicolas d’avoir répondu à nos questions ! Bon match à toi.