Mais qui es-tu Adana Demirspor ?

Adana Demirspor, c’est le blaze de l’invité surprise du mercato montpelliérain. Totalement inconnu des supporters pailladins début juillet, le club du sud-est de la Turquie en passe de devenir leur pire cauchemar. Comment ? En signant Younès Belhanda, puis Benjamin Stambouli en l’espace de deux semaines au nez et à la barbe du MHSC. À tel point, qu’on a fini par se demander si les Turcs n’allaient pas aussi embarquer Bruno Carotti, Mamadou Sakho et tant qu’à faire pourquoi pas Philippe Sers. Mais qui es-tu Adana Demirspor ?

Le club de la cinquième plus grande ville turque

Adana, derrière ce nom qui vous rappellera peut-être une spécialité culinaire turque, le Adana Kebab, que vous avez pu manger au kebab du coin se cache en fait la cinquième ville de Turquie avec 1 572 000 habitants. Située au sud-est du pays, la ville est bordée par la mer Méditerranée disposant d’un climat exceptionnel, elle est l’une des plus dynamiques du pays. Et pourtant, dans un pays qui vit pour le football, la cité ne peut pas compter sur un club de premier rang. Le palmarès de l’Adana Demirspor ? Quatre trophées de champion de deuxième division et trois de troisième division. Imaginez un peu, c’est comme si en France, une ville telle que Toulouse avait un club avec un palmarès quasi-vierge qui moisissait en seconde division. Impensable.

Un club personnalisé par un homme : Murat Sancak 

Adana avait donc des atouts et un homme a su les déceler : Murat Sancak. On aimerait vous conter l’histoire d’un self-made man à la Loulou Nicollin, mais en Turquie tout est souvent lié à des jeux de pouvoirs. Lorsqu’il débarque à Adana en 2018 plein d’ambition, Sancak est avant tout connu pour ses liens avec Recep Tayyip Erdoğan. À la tête de Star, un média à la ligne éditoriale pro-Erdogan, Sancak a pu bénéficier de la présence du président turc lors de l’inauguration de la nouvelle enceinte du club de 34 000 places. L’homme fort de l’Adana Demirspor est avant tout issu d’une famille d’homme d’affaires. Président du groupe industriel BMC, son cousin Ethem, est lui dans le TOP 30 des fortunes turques. Mais Sancak, c’est aussi un homme de média, qui aime jouer avec les journalistes n’hésitant pas à révéler les tractations qu’il mène avec les joueurs qu’il souhaite enrôler. Un homme qui souhaite se mettre en avant et qui tranche avec l’identité profonde de ce club créé en 1940 par des cheminots en antagonisme à l’autre formation de la ville l’Adanaspor, soutenue par les classes supérieures. Une opposition qui a longtemps offert le derby le plus bouillant de seconde division.

Une saison 2020-2021 mouvementée

Après une saison 2019-2020 qui s’était soldée sur une décevante défaite en demi-finale d’accession en D1, 2020-2021 semblait débuter sur de même base. Fin décembre, le club nage en eaux troubles. Huitième du championnat, Adana voit même son président, Murat Sancak, claquer la porte pendant le mercato hivernal suite à une sombre affaire de transfert avorté qui a provoqué un conflit avec une frange des supporters. Sauf que, énième revirement de situation, massivement interpellé par les supporters, Sancak change d’avis, reprend les rênes du club et nomme un nouveau coach, Samet Aybaba. Après ça, tout change : dans leur stade tout juste inauguré, l’Adana Demirspor effectue une fin de saison canon avec 10 victoires et 2 nuls lors des 12 derniers matchs. Un parcours exemplaire qui permet à la formation turque de coiffer au poteau Giresunspor (2e) et Samsunspor (3e) pour devenir champion de deuxième division grâce à une meilleure différence de buts.

Quel avenir pour un projet XXL ?

En signant consécutivement Younès Belhanda, Mario Balotelli puis Benjamin Stambouli avant peut-être de s’attacher les services de David Luiz, l’Adana Demispor a déjà réussi son pari : faire parler de lui dans toute l’Europe. Une politique sportive ambitieuse en recrutant des grands noms vieillissants du football qui rappelle ce qu’avait pu proposer le FK Anji Makhatchkala au début des années 2010. Le club russe s’était offert Samuel Eto’o, Roberto Carlos ou encore Lassana Diarra avant de sombrer en troisième division. Mais c’est dans un contexte différent, post-covid, que s’inscrit le projet sportif d’Adana. Les dirigeants ont signé de gros salaires, certes, mais des joueurs libres de tout contrat. En fait, l’ambition de l’Adana Demirspor se rapproche plus de l’Istanbul Başakşehir. Club racheté en 2014, par l’AKP, le parti d’Erdoğan, Başakşehir est passé de la deuxième division au titre en 2020, puis à la Ligue des Champions et à un huitième de finale de Ligue Europa (pour aller plus loin voir ce thread de FC Geopolitics). Tout comme les succès de Başakşehir ont été utilisés par Erdoğan pour appuyer son pouvoir dans le pays, derrière, l’objectif de maintien annoncé par Sancak : « Tout comme nous ne sommes pas montés pendant vingt-six ans, nous ne devrions pas descendre en vingt-six ans« , le club est vu comme un tremplin et la personnification de l’ambition d’un homme. Reste à savoir si Sancak sera suffisamment patient pour faire face aux aléas sportifs, ou si les premières déconvenues signeront l’arrêt de mort de l’Adana. Premiers éléments de réponse le 15 août prochain pour le premier match de la saison face à Fenerbahçe.

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