[Exclu AP] Geoffrey Dernis: « Laurent Nicollin a pris la relève avec classe. »

Suite et fin de l’interview de Geoffrey Dernis, il revient sur la fin de son expérience à Montpellier, son rôle de consultant à France Bleu Hérault. Il revient aussi sur l’importance de faire des bons choix de carrière quand on est un jeune joueur.

• Ne regrette-t-il pas de ne pas avoir disputé la Ligue des Champions avec le MHSC après le sacre du titre?

« J’aurai voulu terminer ma carrière à Montpellier. C’est une grosse déception je le cache pas. Je l’ai toujours dit. En fait l’année du titre, les dirigeants n’ont pas voulu démarrer les négociations d’éventuelles prolongations de contrat avant la fin de la saison. Ils ne voulaient que ça pollue le truc, et que ça nuise à l’objectif final du titre. Ils savaient que je voulais rester, j’avais 31 ans et je voulais forcément continuer et jouer la Ligue des Champions. Je suis parti en vacances et à mon retour, mon agent m’a dit que Montpellier ne voulait pas me garder. Je savais qu’ils voulaient prendre Mounier et la concurrence ne m’effrayait pas. Au contraire. Mais c’est comme ça, je n’en veux à personne. Juste je pense qu’à part ma blessure au genou, j’avais une fait belle saison, et j’avais contribué au titre. J’aurai voulu finir ma carrière ici. »

• Hormis ton passage en Grèce, a-t-il eu des contacts à l’étranger ? N’a-t-il pas le regret de ne pas être parti bien avant et d’avoir eu une expérience dans un des grands championnats?

« J’avais l’ambition de partir à l’étranger et je voulais en Espagne parce que c’est un championnat qui me plait énormément et qui correspond plutôt à mes qualités. J’ai eu des contacts avec l’Espanyol Barcelone pendant un moment. Sauf que le président qui me voulait, est parti. Et celui qui est arrivé à changer évidemment d’entraîneur. Et tout est tombé à l’eau. »

• Que pense-t-il du derby contre le NO ? Lui qui a connu les derbys avec St Étienne doit avoir une vision particulière de ce genre de matchs.

« Je n’aime pas les débordements qu’il peut y avoir mais j’aime les matchs chauds. J’aime bien ce contexte de grosse rivalité, que ça chambre. C’est quand même le top de sentir à domicile, chez toi, un stade plein, qui te pousse et que tu donnes ton maximum. Quand j’étais avec Saint Etienne à Lyon, tu n’as envie que d’une chose, c’est de faire taire un stade tout entier. J’ai toujours essayé dans ma carrière de trouver des ressorts psychologiques pour améliorer ma performance. »

• Comment voit-il le passage de relais entre Louis et Laurent Nicollin ? Quelle était déjà le poids de Laurent entre 2009 et 2012 ?

« Humainement, ça a été quelque chose de très brutal avec la mort de Louis qui était adoré. Et tout le monde a été touché par sa mort. Mais après, la transition s’est faite en douceur, sauf que Laurent crie moins que son père (Rires). En fait je ne vois quasiment aucune différence. Montpellier est un club équilibré, qui a d’excellents bilans financiers, et qui passent la  DNCG chaque année sans souci. Laurent a pris la relève avec classe. »

• Pourquoi est-il devenu consultant ? Comme s’est lié le contact avec FBH ? Se rend-il compte que sa présence donne un véritable sens à l’émission ?

« En fait, je savais qu’il cherchait un consultant et il s’intéressait en premier à Laurent Pionnier qui ne pouvait pas en raison de son boulot à l’UNFP. Mais je savais aussi que j’étais dans une sorte de short-list. Et Laurent leur avait dit que ça me plairait et que j’avais le profil pour le poste. Ils m’ont invité à déjeuner avec Bertrand et la responsable de la radio. C’était un lundi et je pensais juste qu’il voulait m’avoir de temps en temps mais pas du tout dans un rôle de consultant permanent. Et ça s’est bien passé et le soir à 18h je faisais ma première émission. »

• On l’entend être très bienveillant à l’encontre du club et ses critiques sont toujours très posées. Quelle est sa ligne de conduite dans son rôle de consultant ?

« J’essaie d’être le plus juste possible. J’essaie d’être constructif quand je critique. Certains me reprochent de dire certaines choses après les défaites à l’extérieur. Mais j’essaie d’avoir le bon degré. Je veux aussi sur les commentaires des matchs faire vibrer les gens. Qu’ils aient l’impression d’être au stade. Je suis content du retour que j’ai des émissions et des matchs. Et je pense qu’on fait un bon duo avec Bertrand, qui lui est journaliste et moi qui apporte la vision de l’ancien joueur. Les gens ont l’air contents de nous écouter le lundi et le vendredi soir aussi dans les émissions et c’est tant mieux »

• Montpellier est-il devenu un club qui compte en Ligue 1 ?

« Montpellier fait partie des références en Ligue 1. Ils arrivent à vendre des joueurs à bon prix comme Mukiele à Leipzig par exemple ou Aguilar à Monaco ou Roussillon. Montpellier recrute aussi intelligemment. C’est un club maintenant qui est structuré avec un centre de formation tout neuf. »

• Que pense-t-il du foot aujourd’hui, des joueurs qui partent très tôt avec une obligation de changer en permanence de club ? De l’inflation des prix ? Combien vaudrait Geoffrey Dernis au sommet de sa carrière avec les prix d’aujourd’hui ?

« Moi, sans me jeter des fleurs, à aujourd’hui, je vaudrais 15 millions d’euros. J’ai été un bon joueur de Ligue 1, pas un grand joueur mais un bon joueur de Ligue 1. Après, je ne pense pas que partir à l’étranger soit la solution idéale. Il ne faut pas que les jeunes partent d’entrée pour le plus gros salaire possible. On voit combien de joueurs sont partis s’enterrer en Angleterre et reviennent en Ligue 1 en ayant régressé. Je ne pense pas que Mapou ait fait la meilleure carrière possible en partant à Newcastle. Stambouli a eu des difficultés en Angleterre aussi. Cabella aussi. Après les choix de carrière, il faut vraiment faire les bons. Parce que sinon, si tu ne fais que banquette, c’est compliqué après. L’exemple c’est Olivier Giroud. Il aurait pu partir pour un gros salaire au Celtic. Mais tu sais quand tu signes là-bas en Ecosse, tu ne sais jamais trop comment en sortir. Il a fait le bon choix pour sa carrière en venant à Montpellier. Et il ne serait sûrement pas devenu le joueur qu’il est devenu. »