[Exclu AP] Habib Bamogo: « Je pense que Montpellier actuellement est bien à sa place »

Durant le confinement, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec un autre ancien Pailladin, Habib Bamogo. Formé à Grammont, l’attaquant a disputé près de 100 matchs sous le maillot orange et bleu entre 2001 et 2004. Nous sommes revenus sur ces différents avec lui.

  • Tu es aujourd’hui recruteur pour Everton. Tu cibles de jeunes joueurs français. Comment établies tu ton programme ? Comment perçoit-il les critiques faites au club anglais qui « pique » les talents français notamment grâce à l’argent ?

« Je suis arrivé à Everton parce que Michel Rabla qui est recruteur pour ce club, cherchait quelqu’un. Je m’occupe principalement des catégories U16 à U19 mais j’assiste aussi à des rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2. Je vais principalement en France et je vais aussi en Belgique. Je ne peux pas te dire quel joueur je suis précisément, parce qu’il y a forcément le secret professionnel mais tous les joueurs qui débutent en Ligue 1 et en Ligue 2, je pense que je les ai presque tous vus passer, j’en connais un paquet. Après le foot aujourd’hui s’est vraiment internationalisé mais les clubs français ont les armes pour retenir les jeunes en leur faisant signer leur premier contrat pro. » 

  • Parlons Paillade. Tu étais à l’INF Clairefontaine et selon les informations que l’on a retrouvé. Tu as préféré le MHSC au PSG. Peux tu nous expliquer ce choix ? Quels avaient été les mots pour te convaincre ? Ferais-tu ce choix aujourd’hui?

« Quand je jouais en jeune à l’INF, une saison, il y avait Mama Ouattara, paix à son âme, qui passait ses diplômes d’entraîneur à Clairefontaine. Et le week-end, il n’y a pas grand chose à faire là-bas donc il venait voir les rencontres de jeunes. Je jouais contre l’ACBB (Boulogne-Billancourt) et ce jour-là, je lui ai tapé dans l’œil. A la fin du match, il est venu voir mon entraîneur, en disant qu’il me voulait. Je suis parti ensuite quelques jours à Montpellier pour que tous les autres membres du staff me voit et pour faire un essai aussi. Le directeur du centre de formation, Jacque Bonnet me voulait. Et Mama Ouattara a commencé à discuter avec mon père. Parce que je suis d’une famille d’origine burkinabaise et lui est d’origine ivoirienne. Les dialectes sont presque les mêmes et mon père s’est de suite très bien entendu avec Mama Ouattara. Et c’est comme ça que je suis arrivé à Montpellier.

Je peux dire que ça a vraiment été le bon tremplin pour ma carrière. J’avais quand même des entraîneurs comme Der Zakarian ou Laurey qui sont aujourd’hui des coachs de Ligue 1 donc ça démontre la qualité de la formation. Aujourd’hui je referai le même choix même si on voit des joueurs de très grande qualité éclore du centre de formation de Paris. Le vivier de la région parisienne est tel qu’il y a forcément des jeunes de grande qualité à Paris. Et à Montpellier, aujourd’hui il y a toujours de très bons entraîneurs de jeunes. »

  • En 1998, tu débarques donc à Montpellier. Premier match en professionnel en 2001 sous les ordres de Michel Mézy. Quel souvenir gardes-tu de ces premiers pas sous le maillot Pailladin?

« En fait, je passe en 3 ans de U17 à mon premier match en pro. Je ne dirai pas que ce premier match c’est mon meilleur souvenir, ou c’est comme un accomplissement. Je dirai que depuis l’âge de 13 ans j’avais en tête de devenir pro. Alors déjà signer un contrat pro c’était une vraie première étape, mais après le premier match de Ligue 1, j’étais content, mais je savais qu’il y a beaucoup de boulot après et que ce n’était que la continuité du contrat pro. Par contre je garde un souvenir marquant de mon premier but en Ligue 1 contre Lyon. On s’était imposé (3-0) contre Lyon alors qu’on n’était pas favori. Cissé avait marqué un but aussi. C’était une super ambiance et on avait fait une grosse fête. C’est un souvenir qui restera gravé. »

« Quand on se sauve, c’est comme si on avait terminé champions. Il y avait une joie énorme. On se maintient contre Lyon à la Mosson (1-1) et beaucoup de gens ont dit que le match était arrangé parce que le match nul arrangeait tout le monde. Mais déjà on a joué 60 minutes à fond et ensuite ça serait vraiment trop réducteur de limiter notre sauvetage à ce match nul contre Lyon. Je crois que ce qui nous lance c’est un succès contre (3-1) à Paris avec un doublé de Mézague et un but de Mansaré. Après cette victoire au Parc, on a eu une série de résultats positifs assez incroyable. On se rend compte qu’on avait une équipe extrêmement jeune. Il y avait beaucoup d’inexpérience. Moi je jouais sur un côté et je crois que c’était Fodé qui jouait en pointe, Robert était sur un côté aussi. »

  • Pourquoi Montpellier est-il descendu selon toi l’année d’après?  Ou est-ce du aussi au retour de Nouzaret qui a été un énorme flop?

« Les gens ont du mal à le croire. Mais c’est les inondations à la Mosson qui nous ont fait beaucoup de mal. On commence un début de saison avec des victoires de prestige contre Paris et contre Nantes (4-1). Et après les inondations il y a une période d’un bon mois où on ne joue plus à domicile. Il y a eu en plus une trêve internationale et ça nous a coupé les jambes. A la base, nous n’étions vraiment pas partis pour une saison galère, puisqu’on a bien démarré. Et après Robert Nouzaret a hérité d’une situation très compliquée. Tous les joueurs s’entendaient bien avec lui. Il a fait ce qu’il a pu. On avait le potentiel pour se maintenir. »

  • Malgré tout, tu inscrits 16 buts cette saison-là qui restera longtemps un record. Si le collectif allait mal, individuellement, tu cartonnais…

« Au début de cette saison, Bernardet me demande de passer dans l’axe. Ce n’est pas mon poste de prédilection qui est à droite, mais comme je ne peux rien lui refuser, j’ai accepté et ça a marché. Oui, ça a été en nombre de buts la meilleure saison de ma carrière. Avec Rui Pataca, on était complémentaire. Lui était plutôt renard des surfaces, moi j’avais des qualités de vitesse et sur le terrain, on s’entendait bien. On jouait en 4-4-2 et Doumeng nous apportait beaucoup. »

  • As-tu une anecdote sur Loulou en particulier ? Comment vois-tu la gestion faite par Laurent Nicollin aujourd’hui ?

« Je peux juste dire qu’il sera difficile de trouver quelqu’un qui a autant d’amour pour le club que lui. Car pour lui, c’était vraiment sa fille. Il en parlait comme ça. Évidemment il y a des gens comme Laurent ou Bruno Carotti qui ont le club ancrés en eux, mais lui c’était encore plus. Il avait ce don malgré ses coups de gueule, d’être toujours juste. Je peux vous dire que parfois il venait à la mi-temps, ou en fin de match et il gueulait. Mais nous, joueurs, on savait en rentrant au vestiaire qu’on avait été mauvais. On n’a pas besoin de lire les compte-rendus dans le journal pour le savoir. Et je peux te dire que chaque fois qu’il a gueulé, c’était juste. Et c’est vraiment ce qu’il faut souligner c’est malgré sa passion, il a toujours été d’une grande justesse. Après c’est quelqu’un quand il est content, venait nous voir et était très généreux. »

  • Quel choix de carrière regrette-tu, on voit qu’à l’étranger, ça a été assez compliqué, c’était comment en Indonésie ?

« La seule chose que je regrette c’est que Montpellier n’était pas au niveau de cette saison quand j’y étais et que je n’y sois pas resté jusqu’à 23-24 ans. C’est le seul petit regret. Après, je n’ai aucun regret d’avoir joué à l’OM. C’était mon rêve de gamin et on ne peut pas refuser d’aller jouer là-bas. Sur les millions d’enfants ou de personnes qui jouent au foot, il n’y en a pas beaucoup qui ont pu porter ce maillot, et j’en suis fier. Aujourd’hui encore ça a une résonance. C’était une super opportunité, je suis content de ce que j’ai fait. Mais, je pense que j’étais un peu jeune pour appréhender ce que c’était que le très haut niveau. Le très haut niveau ce n’est pas simplement jouer au foot. C’est plein de petits détails, c’est la découverte d’un vestiaire avec des grands joueurs, alors qu’à Montpellier j’étais un peu dans mon cocon. C’est plus individualiste.

L’Angleterre en fait, quand je suis arrivé de Grèce, je n’avais pas de fait de préparation et je me suis blessé très vite. Et chaque fois que je me sentais mieux, et que je pensais que j’allais m’imposer, je me suis blessé et j’ai rechuté. L’Indonésie, c’est grâce à Gathuessi qui jouait à Montpellier qui y était déjà que je suis parti là-bas. Il m’a dit de venir qu’il y avait de l’ambiance dans les stades et que ça serait une bonne expérience. ça l’a été et ça m’a permis de découvrir une région du monde que je ne connaissais pas. »

  • Aujourd’hui, quel est ton rapport avec Montpellier ? Le club t’avait notamment permis de t’entrainer avec l’équipe réserve en 2017 pour garder la forme.

« Je garde toujours des contacts avec Laurent, avec Rouvière et Bruno Carotti. On ne s’appelle tous les jours évidemment. Mais dès que je suis dans le Sud pour mes activités, on essaie de se voir. On a porté le même maillot et on a des choses à se dire. »

  • Aurait-il pensé à une telle évolution du club entre le début des années 2000 et le virage pris 10 ans plus tard ?

« Déjà personne n’aurait pensé que le club finisse champion. Même si je pensais qu’avant le titre, dans la saison, il pouvait se passer quelque chose d’exceptionnel. Après, il faut se dire que depuis que Der Zak est là, le club est dans une certaine stabilité. Il n’y a pas le stress du maintien qui peut paralyser les joueurs ou les dirigeants qui sont obligés de recruter en urgence au mois de janvier. Et c’est vraiment bien pour un club de passer des saisons tranquilles. Montpellier peut recruter sereinement. Après, évidemment, ça serait bien d’être Européen. Mais pour y faire quoi? Il ne faut pas avoir envie de se brûler les ailes. Je pense que Montpellier actuellement est bien à sa place. Alors oui, tu peux te dire qu’à part Paris, tout le monde est au même niveau, mais je pense qu’il manque encore quelques ingrédients au club pour viser plus haut. »

  • Pour terminer, que penses-tu d’un duo d’attaquant comme Andy Delort / Gaetan Laborde?

« Il s’entendent très bien alors qu’au début, on pouvait penser qu’ils avaient des qualités similaires. Mais derrière eux, aussi, il faut voir que c’est très solide. A la Mosson, ils jouent très haut, ils peuvent avoir beaucoup de ballons dans la surface. C’est un bon duo. »

Un grand merci à lui et le meilleur dans son parcours d’après carrière !

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AllezPaillade

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