[Omlin] « La consécration d’un gardien dont on connaissait le talent sans en mesurer l’ampleur »

Nous avons eu la chance d’échanger avec Jonathan Tunik, membre du média HoppSuisse. Il nous a fait le meilleur portrait possible de notre dernière recrue, Jonas Omlin. On vous laisse découvrir paisiblement le nouveau gardien Pailladin:

« Vu de la France, les mains suisses s’illustrent avant tout pour les montres qu’elles façonnent et leur manière soyeuse de manier la raquette. En football, ce sont les mains gantées qui constituent une petite tradition helvétique : la Nati n’a pas toujours été compétitive, mais un point n’a jamais suscité d’inquiétudes et c’est bien le poste de gardien. Trop modeste pour franchir sa frontière occidentale (la L1 n’a connu dans son histoire récente que des portiers suisses jouant des rôles de viennent-ensuite, comme le vétéran Benaglio à Monaco et les jeunes Frick puis Racioppi à Lyon), cette réputation a trouvé son public outre-Rhin. Durant la dernière décennie, les gardiens suisses ont fait le bonheur de Wolfsburg, Dortmund, Mönchengladbach ou Augsburg. Le Rhin, justement. Une bonne partie des cours d’eau suisses s’y jettent et suivent son cours jusqu’à Bâle, dernière étape avant l’étranger. Il en va de même pour les talents du football suisse lors de la dernière décennie, et les gardiens n’y font pas exception. C’est dans ces deux traditions, nationale et clubiste, que s’inscrit le parcours de Jonas Omlin. Jeune gardien au pays qui en forme pléthore, il fait des va-et-vient depuis l’effectif du FC Lucerne : chez le SC Kriens, sorte de voisin aimable où Lucerne envoie ses jeunes, en équipe réserve, puis au FC Le Mont, à Lausanne, où il pratique son français. Il s’impose finalement à Lucerne malgré la présence imposante du vieillissant taulier David Zibung, joue deux saisons complètes, et se retrouve attiré dans un FC Bâle qui ne sait trop sur quel pied danser. Les Rhénans restent sur une saison 2017-2018 où ils perdent le titre pour la première fois depuis 2009, mais ont atteint les 1/8 de Champions League où ils ont battu Manchester City à l’Etihad Stadium. Arrivé comme doublure, il se retrouve amené par les aléas du mercato à remplir les souliers abandonnés par Tomas Vaclik, qui avait lui-même remplacé avec brio le gardien de la Nati Yann Sommer. On lui colle alors un concurrent dans la fleur de l’âge et doté d’une expérience en Bundesliga, le Danois Martin Hansen. Pour compliquer les choses, le coach Raphaël Wicky est démis de ses fonctions après la première journée de championnat et une défaite au match aller de 2e tour de Ligue des Champions. Malgré cet été tourmenté et une blessure entre août et octobre, Omlin retrouve sa place dans les buts et fait forte impression au 2e tour, n’encaissant que 10 buts sur 16 matchs disputés. Il porte notamment le FC Bâle au titre en Coupe Suisse, écrivant ainsi la première ligne de son palmarès. À la fin de la saison, le contrat de Martin Hansen n’est pas renouvelé et Jonas Omlin se retrouve officiellement portier titulaire du FC Bâle pour la saison 2019-2020. Une saison plus serrée que la précédente, mais où les Rotblau donnent une impression d’inédite fragilité. Cette fébrilité fait presque les affaires du natif de Sarnen, joueur le plus en vue de son équipe. Une visibilité qu’il ne démérite pas. Écœurant lors de matchs cruciaux, que ce soit contre YB en Super League, Lausanne en Coupe ou Francfort en Europa League, il domine d’un cran les autres gardiens du championnat, à commencer par Jérémy Frick et David von Ballmoos.

S’il fallait différencier les trois remparts ciblés par Montpellier, celui de Servette, qui connaissait sa première saison dans l’élite, serait la révélation, celui d’YB, la valeur sûre qui commence à stagner, et celui du FC Bâle la consécration d’un gardien dont on connaissait le talent sans en mesurer l’ampleur. Capable d’arrêts réflexes époustouflants, serein et ne présentant pas de déficit marquant, il a été le pilier d’une saison difficile mais qui aurait pu se terminer bien plus mal. À seulement 26 ans, sa destination et son prix peuvent surprendre, quand on sait que les derniers gardiens à avoir exploser à Bâle sont partis dans des Top 5 de Bundesliga et de Liga pour 6 et 9 millions d’euro. Il est également surprenant de le voir faire une croix sur le Final 8 d’Europa League, où il aurait pu profiter de la formule allégée pour faire des hold-up avec le FCB. Tant mieux pour Montpellier, qui fait assurément un bon coup.

Et la Nati dans tout ça ? Comme l’amorce de cette présentation le suggère, Omlin a de la concurrence. Plusieurs fois appelé en stage depuis son arrivée à Bâle, il n’a jamais joué sous le maillot rouge à croix blanche. Yann Sommer est titulaire indiscutable, à tel point que son concurrent Roman Bürki a décidé de renoncer à la sélection jusqu’à nouvel ordre. Le sélectionneur Vladimir Petkovic avait alors décidé de donner le rôle de n°2 à Yvon Mvogo, bouché à Leipzig, et d’effectuer une rotation pour le poste de troisième gardien entre Omlin, Von Ballmoos et Gregor Kobel. De par sa saison actuelle, et en s’assurant du temps de jeu dans un championnat de haut niveau, il ne serait pas surprenant de voir Omlin dépasser ses concurrents pour s’installer confortablement en doublure. De là à devenir titulaire, la marche reste imposante, car Yann Sommer a encore de belles années devant lui et Roman Bürki n’a pas fermé la porte à un retour. »

Encore un grand merci à Jonathan.

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