Ouverture de l’appel d’offres de LFP : un enjeu vital pour le MHSC

53,5 %. C’est la part que représentaient les droits TV dans l’ensemble des revenus annuels du MHSC en 2021-2022, hors transferts.

En partant de ce constat, pas besoin d’être expert-comptable pour comprendre que l’appel d’offres de la LFP qui s’ouvre ce mardi 12 septembre est importantissime pour le MHSC. D’autant que le dernier en date remonte à mai 2018 et a été marqué par le fiasco Mediapro. Un échec cuisant pour la LFP qui n’a pas été sans conséquence pour les clubs « moyens » de notre Ligue 1 très dépendants des droits TV. En clair, ce qui est en train de se jouer à Paris pendant que vous lisez ces quelques lignes, c’est tout bonnement les mercatos du MHSC sur les cinq prochaines saisons.

En amont, le boss de la LFP, Vincent Labrune, s’est montré très ambitieux quitte à friser le ridicule. « Avec CVC, on travaille depuis septembre dernier sur l’appel d’offres qui sera lancé cet automne, vraisemblablement en septembre. On est relativement sereins. Notre objectif est 1,6 milliard d’euros de revenus annuels en 2027. Le vrai objectif pour la L1 est celui-là. » C’est comme si les dirigeants du football français n’avaient pas appris de leurs erreurs, on retrouve le fameux milliard, celui-là même qui a plongé le foot français dans une crise sans précédent qui n’a pu être solutionnée que par des prêts du gouvernement et l’entrée des vautours de CVC dans la société commerciale de la LFP. Alors, concrètement comment il compte s’y prendre l’ami Vincent pour aller chercher son milliard ? Eléments de réponse dans L’Équipe, « Dans le business plan de la société commerciale de la LFP, elle mise sur 863,7 millions d’euros annuels et 200 millions d’euros de droits internationaux« .

Source : Statista

Ok mais la réalité c’est quoi ?
– Commençons sur le plan national. En 2021, Prime Vidéo a raflé 80% des matchs de Ligue 1 pour la bagatelle de 250 millions d’euros. Si les droits TV actuels (624 millions d’euros) se maintiennent à un niveau comparable à l’avant-2018 (726 millions) c’est donc seulement parce que Canal + a posé 332 millions sur 2 matchs en 2018, dans un contexte totalement différent. Car comme l’explique Pierre Maes dans son podcast « le Business des Droits TV« , c’est la concurrence qui crée la valeur des lots. En 2018, Canal + devait faire face à un nouveau venu RMC Sport qui venait de racheter la Premier League et la Ligue des Champions, des compétitions historiquement diffusées sur ses antennes, c’est ce qui avait poussé la hausse des enchères sur la Ligue 1. Aujourd’hui, qui pourrait bien s’intéresser à la ligue 1 ? Amazon n’a jamais vraiment communiqué sur son nombre d’abonnés. Pire, d’après une étude du cabinet NPA Conseil la firme américaine perdrait 130 milllions d’euros par an avec son offre. Canal + montre de plus en plus de désintérêt pour le football français au profit du rugby et de la F1. Restent les nouveaux venus, comme DAZN qui vient de poser un pied en France à travers un contrat avec Canal + ou Apple TV qui diffuse la MLS. Difficile toutefois de les imaginer investir les 800 millions fantasmés par Vincent Labrune, d’autant que DAZN a frôlé la faillite en 2022 et que comme le rappel bien L’Équipe, l’appel d’offre de la Serie A (championnat qui était pourtant en finale de la dernière LDC) est resté infructueux.
– Sur le plan international, c’est vrai qu’il a souvent été considéré que la Ligue 1 pouvait faire mieux. Sauf que là aussi le timing de l’appel d’offres ne tombe pas au mieux et on l’a vu précédemment, le timing d’un appel d’offres c’est la clé de son succès. Alors qu’en 2021, la Ligue 1 pouvait surfer sur la présence de Neymar et Messi dans son championnat, elle a perdu ses deux stars sud-américaines l’été dernier. Elle doit aussi faire face à la concurrence d’un nouveau venu : l’Arabie Saoudite qui a quand même réussi à refourguer son championnat en carton à un paquet de diffuseurs étrangers dont Canal +.

Tout ça, les imminences grises de la LFP et de CVC le savent bien, alors ils ont un plan : une grande simplification. Exit les sept lots mis en concurrence en 2018 menant à une multiplication des acteurs (et des abonnements), cet appel d’offres ne sera constitué que de deux lots. Ainsi, par exemple, le lot comprenant les extraits quasi en direct des buts et des actions clés ne devrait pas être remis en vente et irait à l’attributaire du lot premium. Le premier lot serait un pack comprenant les trois affiches « premium » de la journée, le second serait composé des six autres matchs, des « sans dents » quoi, dont le MHSC fera très souvent partie.

Bref, la LFP est face à une mission impossible et une perte de vitesse structurelle du modèle du football payant (les jeunes se détournent du football et sont encore moins prêts à sortir la carte bleue pour y accéder). Une baisse des droits TV à l’issue du futur appel d’offres ne serait pas en soi synonyme de l’incompétence de Vincent Labrune et de la LFP, mais on peut critiquer ces discours hors-sol et le manque d’anticipation du football français face aux changements qui s’annoncent.

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