Skhiri qui rit, Cozza qui pleure

Si leurs clubs respectifs connaissent un début de saison mi-figue mi-raisin (Wolfsburg 7e, l’Eintracht 9e), les trajectoires de nos deux anciens pensionnaires formés à Grammont sont cependant bien différentes.

Les deux formations s’affrontaient précisément ce week-end et c’est Wolfsburg, qui recevait, qui a infligé à Francfort sa première défaite de la saison, eux qui restaient sur quatre matchs nuls consécutifs en championnat (pour une victoire en Ligue Europa Conférence). Pourtant, alors que le fond de jeu des rouge et noir est moribond et que leur système est difficile à décrypter (trois défenseurs, six milieux de terrain et un attaquant isolé), Ellyes Skhiri fut l’un des rares à tirer son épingle du jeu, se procurant même une occasion en première période, d’un tir trop écrasé du gauche pour inquiéter le portier des Loups. Mais, selon le Frankfurter Rundschau, c’est bien au milieu de terrain qu’il a tenté tant bien que mal d’équilibrer un Francfort en déroute, à l’image de sa star Mario Götze, expulsé pour la deuxième fois de sa carrière. Des débuts difficiles collectivement donc, mais une place de titulaire indéboulonnable pour l’international tunisien, véritable métronome de son équipe, lui qui, avec Kevin Trapp et le défenseur Robin Koch, fait partie des trois joueurs qui ont disputé l’intégralité des rencontres de l’Eintracht cette saison toutes compétitions confondues.

Pour Nicolas Cozza, en revanche, l’avenir du côté de Wolfsburg s’assombrit encore un peu plus. Aligné titulaire à la surprise générale face à Cologne suite à la suspension de Rogério fin août, il n’avait plus fait son apparition dans le groupe professionnel jusqu’au dernier match, face à l’Eintracht. Retour qu’il ne dut qu’à l’avalanche de blessures dans la défense des Loups. Si l’on en croit le Kicker, sa titularisation face à Cologne, où il fut remplacé à l’heure de jeu, n’avait pour objet que de le mettre en vitrine, le club espérant éveiller l’intérêt d’un potentiel acquéreur avant que ne retentisse le gong de fin du marché estival. Car de son côté, le recrutement des Verts de Basse-Saxe ne laissait guère de suspense : Rogério, arrière gauche de Sassuolo, Joakim Maehle, arrière latéral polyvalent de l’Atalanta Bergame, Cédric Zesiger, arrière central gaucher pouvant jouer à gauche, sont arrivés. Ridle Baku, arrière droit pouvant lui aussi dépanner à gauche, n’a pour sa part pas obtenu le transfert vers le Benfica qu’il souhaitait tant. Quant à la défense centrale, elle est bien fournie et une place en son sein pour le natif de Ganges n’a jamais été envisagée par Niko Kovac.

Ce dernier, avant la réception de l’Eintracht, était interrogé en conférence de presse sur l’infirmerie de son équipe. Sa réponse ne laissait aucun espoir au défenseur cévenol : « En défense, il est rare de procéder à des changements. Mais plusieurs options s’offrent à nous [pour les postes de latéraux], comme faire basculer Maehle à gauche et lancer Baku à droite, ou bien faire reculer Kevin Paredes (milieu offensif gauche, NDLR) ». C’est finalement bien Maehle qui a rempli avec sérieux son rôle à bâbord, laissant le tribord à Baku. La saison dernière, le milieu axial gaucher Yannick Gerhardt avait parfois lui aussi été préféré à l’ancien international espoir français pour occuper le flanc gauche lorsque Paulo Otavio était absent.

Dans ces conditions, et à l’aune de ses non-convocations en septembre dans un groupe au complet, il semble limpide que Nico doit désormais faire face à une concurrence encore renforcée par rapport à la saison dernière et qu’au moins trois joueurs sont devant lui dans l’esprit de son coach (Rogério, Maehle, Baku), et peut-être même six (Paredes, Zesiger, Gerhardt). Vous nous pardonnerez ce poncif, mais il est de rigueur dans sa situation : « Il faut continuer à travailler ». Oui, bosser à l’entraînement, ne pas désespérer, saisir la moindre opportunité d’apparaître dans le groupe pro. Maintenir sa motivation et sa forme physique en attendant janvier. Et espérer une porte de sortie dès le mercato hivernal pour relancer une carrière à l’arrêt depuis son arrivée outre-Rhin (7 apparitions, 1 titularisation, 11 bancs de touche sans entrée en jeu, 5 mises à l’écart pour choix sportif, 197 minutes de jeu depuis janvier 2023).

Les freins à son transfert pourraient néanmoins être ses émoluments estimés à 88k mensuels et son contrat longue durée qui court jusqu’en 2027. Car, à court de temps de jeu, peu exposé et en difficulté lorsqu’il est apparu sur le terrain, il semble malheureusement difficile pour lui d’espérer rejoindre un club du même calibre et disposant de la même manne financière que le VfL Wolfsburg, club de la ville nouvelle appartenant à Volkswagen. Un prêt avec prise en charge d’une part conséquente de son salaire par son employeur actuel semble être la solution la plus envisageable, comme le Wolfsburger Allgemeine Zeitung l’avait déjà envisagé dès le début du mois d’août. Nous ne pouvons que lui souhaiter de trouver chaussure à son pied. La marche d’un club ambitieux de Bundesliga était sans doute trop élevée pour notre ancien protégé, mais comment reprocher à un joueur de foot, dont la carrière est courte, d’avoir envie de se frotter au niveau supérieur ? Le tout étant de savoir se remettre en question et de trouver une issue. En Allemagne, dans un club plus modeste ? En France ? Ailleurs ? À quel poste ? Son cas sera probablement à suivre début 2024.

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