Insupp’ #9 : Serious Charly, le verbe acerbe et l’humour pour critiquer son club, sa manière à lui de prouver son amour pour l’Olympique Lyonnais

Voici un nouveau numéro d’Insupp’ et cette semaine nous partons à la rencontre de Charly, plus connu sous le pseudo SeriousCharly sur Twitter. Passé par RMC, il utilise l’humour pour critiquer l’Olympique Lyonnais dans sa gestion notamment. C’est sa façon de lui montrer son amour, car on peut rire de tout et surtout du foot.

Peux-tu te présenter et nous en dire plus sur ton amour pour l’Olympique Lyonnais ?

Je m’appelle Charly, j’ai 31 ans. Je supporte l’OL depuis maintenant vingt-cinq ans même si j’en suis vite parti. C’est un peu pour me raccrocher à la ville car cela fait vingt ans que j’habite à Paris. Mon activité principale, c’est de faire des débriefs d’après-match sur les réseaux autour de l’OL.

Pourquoi le choix de l’humour pour faire passer tes messages autour du club ?

Je pars du principe que les messages sont plus forts quand ils sont passés avec humour. C’est une manière de dédramatiser, même si ce n’est que du foot, des situations un peu frustrantes. Quand on est Lyonnais, depuis dix ans, si on n’a pas d’humour on file tout droit en dépression. C’est sur un ton acerbe parce que cela me représente, c’est ce que je suis et le club est assez propice à en rire ou en pleurer.

Aurais-tu une anecdote d’un match entre l’OL et le MHSC ?

Oui, j’ai une anecdote d’un match contre Montpellier. C’était en 2013 et j’avais été invité par Orange pour aller voir le Classico OM-PSG. Ils nous avaient invités au stade et avant le match avec d’autres Twittos, ils nous avaient mis dans un bar sur la plage à quatorze heures. Et il se trouve que cet après-midi là, il y avait OL-Montpellier. On était une dizaine de Twitter avec pas mal d’alcool, le match arrive et on prend cinq à un. Je ne m’en souviens pas trop car j’avais pas mal d’alcool dans le sang. Cela reste un des matchs qui m’a le plus marqué. Pour le reste, contre Montpellier, on ne préfère pas trop s’en souvenir car cela ne réussit pas trop à l’OL. Ils ont un bilan contre l’OL assez positif. Il n’y a pas beaucoup de clubs à part Rennes qui peuvent se targuer de nous embêter autant.

Quelle est l’ambiance générale autour de l’Olympique Lyonnais ?

Il y a cette résignation de se dire qu’on n’en sortira jamais. Les supporters ont pris conscience que le problème était au-delà des joueurs et de l’entraîneur. Il a l’expérience, un palmarès et un bagage à l’inverse de ses prédécesseurs. C’est intéressant puisque ce sera le premier match où il aura pu travailler avec les joueurs. Ce sera un premier révélateur pour lui.

Il y a un problème de gouvernance. On n’y comprend rien. On a un problème de compétences en haut lieu, ce n’est pas moi qui le dis, c’est Sidney Govou qui connaît mieux le club que moi. C’est cela qui empêche Lyon de prendre les bonnes décisions. Ce n’est jamais de la faute de la direction, personne ne se remet en question. Il y a un déclin inexorable. En résumé, cette gouvernance bancale et une cellule de recrutement faiblarde (deux scouts seulement à l’OL) empêche l’OL de se développer.

Quel est ton avis sur le choix de Laurent Blanc pour succéder à Peter Bosz ?

Il y a des doutes d’abord puisqu’il n’a pas entraîné depuis un certain temps. Dans l’histoire de l’OL, il y a un motif d’espoir avec Laurent Blanc qui est avec Gérard Houllier, l’entraîneur avec le plus grand palmarès qui arrive au club. Il est aussi le plus Aulas compatible. Il faut des critères particuliers pour s’entendre avec lui. Laurent Blanc parle français, il connaît la Ligue 1. Il a une aura d’un mec qu’on respecte. Il y a le doute sur son adaptation au football moderne, son coaching, ses choix d’hommes mais c’est un entraîneur costaud pour Lyon.

Que penses-tu du retour de Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette ?

J’étais très content du retour d’Alexandre Lacazette. Je pense qu’il a plusieurs belles années devant lui et il le prouve avec ce début de saison. C’est un joueur extrêmement important et peut-être qu’il ne se rend pas compte de la mission qui l’attend. On est dans un Olympique Lyonnais en ruine qui a besoin d’un vrai leader. Il est capable de le faire. Pour Corentin Tolisso, j’avais plus de doutes. Pas sur la qualité du joueur, mais sur sa capacité à être un membre à plein temps de cet effectif. Son corps ne le suit plus parfois. Avec ces retours, j’ai peur que cela masque les réels problèmes. Après Genesio, on nous a donné Juninho comme doudou pour qu’on arrête de pleurer. Et là, c’est un peu pareil pour qu’on arrête de pleurer pendant quelques mois.

Quelles sont les forces et les faiblesses de Lyon cette saison ?

C’est un peu rebattu avec l’arrivée d’un nouveau coach. Il va peut-être gommer certaines faiblesses et donner de nouvelles forces. L’OL de Peter Bosz, il n’y avait zéro force. Heureusement, Lyon a des joueurs qui individuellement sont au-dessus de la moyenne. Il faut que les joueurs aient la tête à l’endroit. Si Laurent Blanc arrive à remettre Caqueret ou Aouar à l’endroit, c’est un effectif de grande qualité. Il y a des joueurs qui savent finir des actions maintenant qu’il n’y a plus Toko-Ekambi.

La principale faiblesse, c’est la défense. Tous les observateurs, les supporters l’avaient repéré. Il faut jouer avec Lukeba en défense centrale mais qui n’a que dix-neuf ans, Boateng qui est cramé et Da Silva qui n’est pas très fort au foot. Il y a Tagliafico et Gusto qui sont intéressants. Donc l’OL ne sait pas défendre et en plus, il y a un problème physique car à la soixantième minute, avec un seul match par semaine, on décline.

Quel est ton avis général sur le MHSC ?

Montpellier est un club qui m’inspire beaucoup de sympathie notamment grâce au titre. C’est l’évènement le plus dingue que j’ai vu depuis Auxerre en 1996. Ce que le MHSC a fait c’est historique. Le duo Courbis-Nicollin avant la remontée c’était folklorique. J’ai beaucoup vibré pour Montpellier l’année du titre pour qu’ils aillent taper le PSG. Tu es toujours content quand un petit poucet débarque de nulle part pour faire la nique au grand. Il n’y avait rien qui prédestinait Montpellier à gagner le titre. Cela n’arrivera peut-être plus jamais mais vous avez le trophée dans l’armoire et vous pourrez le raconter à vos petits-enfants « On a tapé le PSG de l’ère qatarie ». Et vous avez un joueur que j’aime beaucoup, c’est Jordan Ferri.

Quel est le joueur qui te fait le plus peur pour samedi ?

Ce n’est pas Jordan Ferri, mais c’est toujours et encore Téji Savanier. Il est terrifiant Savanier. Il est parfois en demi-teinte mais s’il a décidé d’être Zidane, on est mort. Il y a un côté mystique autour de ce joueur-là que je trouve fascinant. C’est un joueur des années 90. Non pas dans son jeu car il est très moderne dans sa façon de jouer mais dans sa nonchalance et sa manière de concevoir le foot et la vie, c’est assez anachronique son côté « J’aime le foot et je joue au foot là où j’ai envie et je vous emmerde ». C’est assez rare dans le foot d’aujourd’hui mais j’adore.

Un petit pronostic ?

Le pronostic du cœur, je dirais deux à zéro pour Lyon mais j’ai peur que cela finisse en match nul.

Enfin, quel est ton côté Insupp’ ?

C’est le même que beaucoup de personnes de mon âge qui ont connu l’OL des années 2000, avec les titres, la joie et l’exigence, on n’est jamais content. Et on ne sera jamais content avant que l’OL retrouve son standing à la hauteur de ce qu’il était il y a quinze ans. Je ne suis jamais content et toujours de mauvaise foi, sinon ce n’est pas drôle.

Nous remercions Charly pour le temps qu’il nous a accordé. Nous lui souhaitons le meilleur dans ses projets et avec l’OL.

Retrouvez les deux derniers numéros d’Insupp’, juste ici.

Insupp’7 : Monaco est bien en Ligue 1, que cela plaise ou non

Insupp’ #8 : Mathieu, une culture Sang et Or pour soutenir son club