[Exclu AP] Vincent Di Stefano, une carrière entre pelouses et chantiers

La magie du XXIe siècle. On peut traîner sur LinkedIn dans la quête d’un nouveau taff, puis tomber sur le profil d’un ancien du MHSC: Vincent Di Stefano. Un homonyme ? Non, le CV correspond bien: 3 ans à Montpellier, 1 an à Tubize, puis Sedan et Sète, mais à la case dernière expérience c’est Kaufman & Broad, un géant de l’immobilier en France qui apparaît.

Quelques messages plus tard, l’ancien international U19 accepte une petite interview pour nous raconter, comment, à 27 ans, il gère sa carrière, sa passion du football et son nouveau métier de responsable développement.

Quels souvenirs gardes-tu du MHSC, de ta formation, de la ville, toi qui est natif de Voiron ?

C’est des supers souvenirs, je suis arrivé l’année du titre, ça a été une première année incroyable. Ça s’est super bien passé avec les U19 et la réserve, puis l’équipe de France. Ce titre c’était incroyable 2011-2012.

Très jeune, tu es régulièrement appelé en sélection avec les sections U19, tu y côtoies Pléa, Pogba, Umtiti. Tu vis mêmes un championnat d’Europe, ça doit être une expérience inoubliable ? 

Ça, c’était exceptionnel, on faisait une bonne saison en U19 avec Fabien Lefèvre. Et là, Jean-Pierre Mankowski me convoque avec la génération 93:  Pogba, Kondogbia, Umtiti. Je fais un Euro, des souvenirs incroyables. Sur le coup, on regarde pas trop face à qui on évolue. On avait joué contre l’Angleterre. Il y avait un certain Harry Kane, par exemple. Forcément, quand t’es avec des joueurs aussi incroyables, tes partenaires remontent ton niveau, en terme de qualité, c’était incroyable.

Le premier souvenir qui nous revient sous le maillot du MHSC, c’est ton but face à Tétouan au Maroc, lors d’un match amical. Avais-tu le sentiment que ta carrière était lancée ? Quels étaient les mots d’un René Girard à cette époque ?

On avait fait trois jours de stage : on avait joué contre le champion du Maroc et j’avais marqué en amical à ce moment-là.  J’étais juste le petit jeune, un numéro 33 qui montait. J’ai jamais été un phénomène, celui qu’on attendait réussir. J’ai toujours été dans les bons joueurs de ma catégorie. Je grappillais du temps, mais je ne me voyais pas déjà arrivé, en même temps, quand tu signes qu’un an, tu n’as aucune certitude.

L’année suivante : le jour de la reprise, Jean Fernandez passe à côté de moi et me demande : « tu joues quel poste ? » Je lui réponds : « défenseur central« . Et là, il me dit : « tu es trop petit« . Je me suis dit : « ok, il va y avoir du boulot« . Après le départ de Fernandez, Courbis vient avec sa méthode et son préparateur physique qui nous a fait du bien, parce qu’on était cramé physiquement. On était relégable, donc pas de place pour les jeunes. De mon côté, j’ai le regret de ne pas avoir pu montrer. J’ai ce regret de ne pas savoir si j’aurais pu avoir le niveau ou pas.

Donc au MHSC, tu signes pro en mai 2013. Après plusieurs apparitions sur le banc, tu n’obtiens pas de titularisation, qu’est-ce qui t’as manqué ?

En tout, je fais une douzaine de matchs sur le banc. La demi de coupe de la Ligue à Rennes, le Vélodrome. C’est un ensemble de facteurs, si t’es au-dessus, tu passes, tu fais carrière. Si j’ai été dans le groupe si souvent, c’est que j’étais vraiment pas très loin. Il manque une circonstance, un coup de pouce, une dynamique de club. Malheureusement; je n’ai jamais eu l’opportunité de jouer avec les pros. Ça passait très bien avec Girard, avec Fernandez et Courbis c’était très compliqué. Aussi bien moi que Jeffrey Assoumin, on a jamais eu d’opportunités. Comme on suivait les années du titres, les effectifs étaient déjà très chargés. Donc fin 2014, c’est la fin de l’aventure au MHSC pour moi.

As-tu une explication sur l’écart de niveau entre les jeunes de la génération 90/91, des Cabella et Belhanda, par rapport à aujourd’hui, où seul un Ellyes Skhiri a su tirer son épingle du jeu ?

Il y a une question de talent pur Cabella, Stambouli, Belhanda, Mapou, c’est pas toutes les années que tu sors de tels joueurs. Mais c’est aussi des circonstances de club.  Les El Kaoutari et compagnie, ils ont été lancés en Ligue 2. Maintenant, le MHSC c’est un club très structuré. Il y a beaucoup plus de concurrence, pour les jeunes évidement c’est plus dur de percer.

Est-ce que tu peux présenter un peu ton parcours après le MHSC : Tubize, une petite ville wallone de 25000 habitants, puis Sedan l’année de la descente et enfin Sète

Quand tu sors d’une année sans jouer et que tu es défenseur, tu n’as pas énormément de possibilités. J’ai eu cette opportunité de rester pro, en jouant en Belgique. C’était deux belles saisons. J’ai pu découvrir un autre pays, une grosse culture foot, les pelouses étaient de qualité. J’aurais peut-être du rester là-bas. Mais Sedan avait le projet de remonter en L2. Finalement, ce fut une année très compliqué avec une descente. Quand tu subis une descente, les propositions ne se bousculent pas. J’ai fait le choix de revenir à Sète dans une région que je connais.

D’ailleurs tu as suivi la saison du FC Sète cette année avec cette montée en National ?

J’ai toujours des contacts avec des joueurs, d’ailleurs, j’ai suivi leur super parcours. Celui de l’an dernier aussi, en coupe de France [16es de finales – Sète-Lille – 0-1].

Désormais, tu es responsable de développement à Kaufman & Broad, une reconversion jeune puisque tu n’as que 27 ans. Pourquoi ce choix ?

Il y a deux ans, j’ai mis un peu le foot de côté. Quand t’es en National 2, tu sais que tes chances de jouer en professionnel se réduisent. J’ai fait un choix familial et je me suis posé dans ma région d’origine. Je voulais pas attendre 35 ans pour me reconvertir. Je suis chargé de trouver des terrains constructibles pour réaliser des immeubles sur toute la région de la Haute-Savoie et sur la frontière suisse. J’ai la chance de bosser avec beaucoup d’interlocuteurs : mairies, notaires, propriétaires. En terme de football, c’est une région où ça bouge bien, Annecy monte en N1, Thonon remonte en N3, nous on monte en N2. Un peu comme autour de Montpellier où il y a quatre clubs de haut niveau [Béziers, Sète, Montpellier, Nîmes]. L’objectif de Annecy et Thonon c’est de revenir au professionnalisme.

Contrairement à d’autres tu avais préparé ta reconversion de longue date. En parallèle de ta carrière de footballeur de haut niveau, tu n’as jamais stoppé tes études. Tu avais déjà cette envie en tête ?

Déjà, quand j’étais au centre de formation de Grenoble, ma grand-mère me mettait la pression pour avoir le bac. J’ai toujours trouvé ça normal de faire mon lycée. En arrivant à Montpellier, je ne me voyais pas arrêter complètement, j’ai tenu à finir le DUT [techniques de commercialisation]. Le directeur de l’IUT m’avait accepté malgré mes absences régulières. J’ai pu avoir ce diplôme. Je ne pense pas que ça m’a desservi dans le foot. J’allais à l’entraînement le matin, j’avais les cours l’après-midi. Avoir un minimum de diplôme dans le CV, ça m’a permis d’avoir un taff intéressant. Après, si j’ai fait le choix de l’immobilier c’est parce que dans le sport, il n’y a pas tant de débouchés que ça.

Tu as fait le choix de continuer à jouer à un niveau assez élevé au GFA Rumilly Vallières 74 en National 3, pas trop dur de jongler entre le football et l’immobilier ?

Beaucoup de joueurs de l’équipe travaillent. Après deux saisons délicates et une saison à Sète où je fais ventre mou, j’ai pris une décision familiale en optant pour un projet sympa. Oui, il faut travailler, mais tant qu’à côté, je peux faire ma passion. Là, on va aller en N2, on va essayer de faire la meilleure saison possible. À Montpellier, vous avez des exemples qui montrent qu’on peut jouer relativement longtemps au foot [rires]. J’ai pas fait un trait sur ma carrière.

Si je ne fais pas d’erreur, vous avez vécu une fin de saison folle. Avec l’arrêt du classement, vous terminez ex-æquo avec Haut Lyonnais. Vous avez la même différence de but, mais c’est vous qui montez. Peut-être la situation peut-être la plus folle de France.

Sur les critères de départage, on est monté grâce au quotient sur le nombre de matchs joués à l’extérieur. Évidemment, on peut toujours discuté, parce qu’ils avaient la même différence de but que nous, mais bon c’est comme ça.

Continues-tu de suivre les résultats du MHSC ? Que penses-tu de l’équipe actuelle et de l’émergence d’un joueur comme Joris Chotard ?

Je suivrais toujours même si je suis Grenoblois d’origine. Vu tout ce que m’a donné ce club, je suivrais toujours. Tout ce que j’ai pu vivre, c’est grâce à ces trois années au MHSC, elles sont dans mon cœur. Je suis papy Hilton, Souley ou Congré, quelques membres du staff comme Pascal. En tout cas, sur le schéma tactique, je trouve le 3-5-2 super bien maîtrisé.

 

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