Zoom MHSC 0-4 SDR : L’Ombre sur Grammont

Humiliées sur leur propre pelouse par le Stade de Reims (0-4), les joueuses de Frédéric Mendy poursuivent leur chute libre au classement. Les voici désormais engluées à la sixième position, à 14 points d’un podium qui faisait pourtant office d’objectif en début de saison…

Certaines défaites permettent de mettre les choses en perspective et c’est indubitablement le cas avec le revers enregistré par les Montpelliéraines samedi dernier à Grammont. Ce huitième match perdu cette année établi ainsi un record pour l’escouade héraultaise, qui n’avait tout simplement jamais subi autant de déroutes sur une seule saison dans son histoire. Les 4 réalisations inscrites par les Rémoises viennent par ailleurs porter le nombre de buts encaissés à 31, ce qui constitue un total jamais égalé pour notre section féminine depuis sa création en 2001.

Durant les 20 années qui nous séparent de ce passé si reculé, le MHSC n’a pas plié, ne tombant jamais au-delà de la 4ème place, récoltant deux titres de champion (2004 et 2005) et trois Challenges de France (l’ancien nom de la Coupe, remporté en 2007, 2008 et 2009), tout en accueillant une flopée de talents majeurs du football féminin hexagonal. Bien qu’éclipsées par la suprématie lyonnaise et l’émergence du PSG, les Montpelliéraines de Sarah M’Barek, puis Jean-Louis Saez, ont su tenir leur rang aux côtés de Juvisy dans le top-4 de D1 et ce, malgré l’augmentation progressive de la concurrence française et européenne au fil des années 2010.

Mais ces temps révolus laissent maintenant place à une incrédulité générale face aux performances cataclysmiques des Oranges-et-Bleues en 2021. Le chantier imposant dont a hérité Frédéric Mendy semble tomber en désuétude, à l’aune d’un exercice où chaque pas en avant réalisé par l’équipe est aussitôt suivi de trois pas en arrière.

Opportunistes, les Rémoises ont ainsi exploité tous les symptômes persistants du mal montpelliérain pour aller chercher cette victoire historique. Mésententes dans les transmissions, placements hasardeux et centres dans le vide ont émaillé le match de leurs hôtes.
L’ombre d’un mal-être profond, non seulement technique mais aussi mental, plane désormais sur Grammont. Un sentiment inconfortable, qui fait naître de sérieux doutes sur l’avenir de l’équipe et de son coach.

Faire une évaluation complète des performances des joueuses dans ce match serait superflu. Ici, nous essaierons plutôt d’identifier des problèmes plus généraux sur l’état actuel de la section féminine, tout en ne manquant pas de souligner la manière dont ils ont pu se manifester lors de la réception des Champenoises.

Les observations du jour

– Offensivement parlant, la prestation de samedi illustre de nouveau les faiblesses qui handicapent les Montpelliéraines depuis un certain temps. Après avoir encaissé un but rapide par Herrera (4′), elles ont su réagir en acculant les Rémoises pendant 20 minutes, avec des phases de possession intéressantes. Mais comme souvent, la maladresse dans les transmissions de nos joueuses offensives, couplée à leur incapacité à se mettre sur une bonne position de frappe, a fait que ces phases furent invariablement stériles. Une multitude de ballons furent échangés sur les côtés et aux abords de la surface pour finalement finir en touche, en six-mètres ou dans les pieds de la gardienne Phallon Tullis-Joyce. Aussi, lorsque Herrera a doublé la mise à la demi-heure de jeu, le château de cartes s’est définitivement effondré, laissant les Pailladines hébétées, puis apathiques. C’était vraiment dur à voir.

– Lena Petermann ayant fait son retour dans le groupe une semaine plus tôt pour affronter Paris, on aurait pu espérer la voir démarrer face à Reims ou, a minima, être la première option offensive chez les remplaçantes. Mais puisque Mendy a opté pour reconduire le même onze, avec Weerden et Fowler en pointe, l’Allemande s’est finalement retrouvée sur le banc. Il aura fallu attendre la 63ème minute pour la voir fouler la pelouse du terrain Mama-Ouattara.
Pourquoi cela m’énerve-t-il ? Eh bien parce qu’à la mi-temps, le staff montpelliérain a choisi de faire rentrer Adelina Engman et Nérilia Mondésir avant elle, alors que le MHSC était mené 2 à 0. Aucune de ces deux joueuses n’a été particulièrement capable de changer le cours d’une rencontre cette saison, mais Engman, en particulier, déçoit par le peu d’impact qu’elle propose sur chacune de ses apparitions. Non, Petermann n’a pas été non plus en mesure d’inverser la vapeur. À vrai dire, les visiteuses ont même marqué leur troisième but juste après son entrée. Mais il aurait été bien plus logique, compte tenu de son CV jusqu’ici, de la lancer dans le match dès le retour des vestiaires.

– Toujours sur Petermann, je crois qu’il est bon de rappeler qu’avec 5 réalisations, elle reste encore la meilleure buteuse du MHSC sur l’exercice 2020/21. Ses 4 passes décisives la placent également en tête dans cette catégorie, le tout en seulement 12 apparitions. Et eeeuuuh… c’est un peu le nœud du problème en fait. Le manque de puissance offensive est criant chez une équipe qui évolue pourtant dans un championnat où, comme Reims le prouve, même les clubs du ventre mou peuvent compter sur une ou deux avant-centre(s) prolifique(s).

– Iva Landeka est peut-être la joueuse qui incarne le mieux l’identité frustrante de cette formation montpelliéraine. Elle a des atouts pour elle, en premier lieu sa qualité de frappe, qui peut s’avérer dangereuse de loin ou sur les CPA. Elle a d’ailleurs touché le poteau sur coup-franc en deuxième mi-temps (57′). Mais ses points forts sont beaucoup trop souvent éclipsés par sa fâcheuse tendance à offrir des perles à l’ennemi, ce qu’elle a encore fait sur le deuxième but de Melissa Herrera (30′), qui part d’une de ses pertes de balle. Elle est également impliquée (il me semble) sur une mésentente avec Škorvánková, qui amène le quatrième et dernier but marnais, signé Sonia Ouchène (67′). On sera d’accord pour dire qu’elle est très recherchée dans l’entrejeu et donc, très exposée à la pression adverse. Mais cette imprécision récurrente peut finir par coûter cher défensivement, en plus d’enrayer les attaques languedociennes.

– Clarisse le Bihan est indisponible depuis plus de deux mois maintenant, sa dernière apparition remontant à la défaite (2-1) contre l’OL où elle avait inscrit le seul but pailladin de la rencontre. Si l’on sait que son absence est dû à un problème physique, peu de choses transparaissent sur la nature exacte de cette blessure. Quoi qu’il en soit, il est clair que la Bretonne manque cruellement au MHSC, dont l’attaque pourrait grandement bénéficier de sa technique et de sa lucidité.

– La défense reste encore et toujours un énorme casse-tête. Même en ce qui concerne les cadres. Après avoir surnagé durant la défaite contre le PSG (0-3), Elisa de Almeida a sombré face à Reims, dans une contre-performance symbolisée par sa mésentente avec Lisa Schmitz sur le premier but adverse. Mais le reste de l’arrière-garde fut loin d’être irréprochable, multipliant les erreurs de placements et les interventions ratées. En charnière, Anouk Dekker manque toujours autant de vivacité, tandis que Maëlle Lakrar demeure fébrile sur son couloir droit. L’une comme l’autre ont souffert face aux offensives éclairs des Champenoises.

– Mais c’est probablement Leonie Pankratz qui catalyse le plus ma frustration concernant cette défense. Recrutée cet été dans l’optique de remplacer Sakina Karchaoui, l’Allemande enchaîne les prestations insignifiantes, ce qui détonne de manière inquiétante avec son statut de recrue expérimentée. Il est franchement difficile de se dire que la jeune Inès Belloumou pourrait être plus transparente à sa place, et lui offrir davantage de temps de jeu aurait au moins pour mérite de préparer l’avenir. On peut d’ailleurs penser la même chose concernant Maëlys Mpome, ou même Morgane Nicoli, toujours placardisée, qui pourraient avoir leur mot à dire à la place de Dekker. Le problème étant qu’actuellement, on cherche avant tout à assembler la défense la moins mauvaise possible, comme s’il n’existait pas, au fond, de vraie bonne option avec le groupe actuel.

– Globalement, le recrutement récent du MHSC fait pâle figure cette saison. Certes, il y a des paris sur l’avenir qui demandent à être évalués sur le long terme, comme Mary Fowler ou Maëlys Mpome. Mais la venue de l’attaquante Adelina Engman représente, incontestablement, un vrai coup d’épée dans l’eau. Idem pour Pankratz, qui n’apporte tout simplement pas la stabilité attendue au poste de latérale gauche. Parfois impressionnante lors des matchs aller, Dominika Škorvánková est elle devenue une joueuse plutôt quelconque en 2021, sombrant petit à petit avec le collectif pailladin. Ashleigh Weerden est sur la même trajectoire, ses multiples débauches d’énergie paraissant de plus en plus vaines et inefficaces au fil des rencontres.

– Le projet sportif du Stade de Reims mérite d’être salué. Sous la houlette d’Amandine Miquel, en poste depuis 4 ans, la section féminine de ce club historique a progressé régulièrement, passant de la Division 2 à l’élite en 2019. Si la buteuse Mélissa Gomes fait office de tête d’affiche cette saison avec 9 réalisations, c’est sa consœur costaricienne Melissa Herrera qui a brillé avec un doublé contre le MHSC. À leurs côtés, la jeune Kessya Bussy n’était pas en reste, marquant elle aussi vers l’heure de jeu, tandis que d’autres joueuses comme Rachel Corboz, Easther Mayi Kith ou la néo-internationale Océane Deslandes faisaient leur part pour étouffer l’attaque adverse. Une belle performance d’équipe, qui contraste cruellement avec la désorganisation fatidique des troupes héraultaises.

Le prochain match du MHSC les amènera du côté d’Issy-les-Moulineaux. Un déplacement lourd de sens, puisque l’élimination de Coupe de France reçue en février dernier des mains des Franciliennes représente l’un des gros points noirs de la saison. Ne prenant aucun plaisir à écrire cet article sur ce ton aussi amer qu’apocalyptique, j’espère vraiment de tout cœur que ce nouveau rendez-vous avec le GPSO92 ne viendra pas ternir davantage la catastrophique phase retour des Pailladines.

 

Article proposé par The Great One

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CDF

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