[ABÉCÉDAIRE] N comme … Nabilgate

Désolé compañeros, une puissance étrangère a fait disparaître du web l’angle plus explicite de cette photo (Haut-Languedoc milieu en gros). Idem pour le résumé version longue du match qui comporte le litige en question, dégagé du site du club par la LFP. Complot, mes amis !

A l’Abécédaire, on tenait à écrire une bafouille sur cette affaire Fekir de décembre 2018, mais frustrés par la disparition étrange des images, nous décidons de faire appel à Manuel. Manuel, c’est un vieux copain, qui est directeur du service football à l’I.E.C. (Institut Européen de Coudeputologie) de La Jonquera. Du coup, on est partis revoir les images dans ses locaux, ça nous fera le plein de clopes et de whisky (et rien d’autre je vous vois venir, les malins)

La ville frontalière, plutôt défraîchie, contraste avec l’immeuble de l’Institut, très récent : la coudeputologie footballistique semble être une science prospère. Sur le mur du grand hall, une dizaine de photos grandeur nature. Notre copain Manuel est assez fier des lieux : « vous reconnaissez sûrement Diego Costa, un de nos plus beaux projets. On a fourni à l’Atletico de l’ADN de stoppeur uruguayen mélangé à du sang de hyène tachetée du Malawi. Et là, Luis Suarez qui chique le grand Giorgio Chiellini… bon, pour Luis, on avait un peu forcé sur le sang de piranha. En jeunes, il fallait que les adversaires jouent avec une croix sous le maillot et une gousse d’ail dans le short… » Ca le fait marrer, Manuel…

Nous lui expliquons notre requête. « France… Lyon… Fekir… Montpellier 2018… bougez pas, je consulte le serveur…. » La voix de notre coudeputologue se fait plus admirative. « Ah oui, magnifique, je me souviens…. C’est un petit pas de côté pour l’homme, et un grand pas pour ma science… C’est pas une banale simulation, ou une attente passive de collision avec un défenseur pour amplifier. Là, l’attaquant fabrique son penalty, il le façonne… A l’Institut, on avait appelé ça le coup du parasol.
L’attaquant change complètement son appui pour aller planter sa jambe entre les bras du gardien. C’est quasi imparable, ça peut percer n’importe quel blindage arbitral, même la VAR. C’était du jamais vu, même pour nous. Vous savez, recevoir des innovations depuis le championnat Français, c’est rarissime. Votre Ligue 1, à part quelques sympathiques casseurs de jambe et une poignée de simulateurs importés d’Italie, ce n’est pas un gros marché pour nous…

– Ouais, enfin Manu, lui réponds-je surpris, on a quand même du lourd en France… Verratti, Motta, Neymar… et puis Lyon, c’est quelque chose. Fekir, chaque fois qu’il vient à la Mosson, je me crois à un défilé haute-couture… C’est la nouvelle collection automne-hiver de penaltys : il nous en a inventé un à chaque match : un coup, c’est le stop-freins sur Pedro Mendes, un autre, c’est la strangulation mimée à la perfection hollywoodienne, là; c’est le side-kick dans les gants de Lecomte…

– Tu me parles football de trottoirs et hôtels de passe, moi je raisonne grands hôtels et escorts de luxe… Sergio Ramos finale LDC 2018, tu situes?

– …

– Oui… bon j’exagère un peu, c’est vrai que Lyon, c’est une exception pour votre football, et ce beau geste de Fekir, c’est la conséquence logique de notre collaboration… Allez, je vous raconte. Ça remonte à 2010 je dirais. Un jour, on a rendez-vous ici avec l’état-major complet du club. Ils acceptaient enfin d’écouter nos préceptes coudeputologiques. Leur président était teigneux mais lucide sur ses campagnes européennes. Le club français en coupe d’Europe, Lyon y compris, c’est le gros boutonneux qui regarde tristement, le cul sur sa chaise les copains danser avec les filles. Le défenseur qui perd ses nerfs et se fait lourder à un moment crucial en quarts de finale, c’est trop souvent le français, le milieu qui par manque de discrétion se fait prendre par l’arbitre pour une malheureuse semelle, ou l’attaquant qui tente l’exploit tout seul au lieu de récupérer un penalty facile, pareil. J’ai bien dit club français… je parle pas de votre sélection nationale, hein. Elle, avec Didier Deschamps, elle est tranquille… » 

Mouais… on fait savoir à Manuel qu’on trouve son exposé un peu caricatural.

« Ah oui? Caricatural? Vous êtes si…si frenchies, les amis, c’est touchant…. Gary Lineker a dit un jour que « le foot se joue à onze, et à la fin ce sont les Allemands qui gagnent ». Vous avez essuyé un cataclysme comme Séville 82, et vous avez continué à croire que le foot se joue à onze et qu’à la fin, ce sont les meilleurs qui gagnent. Lire entre les lignes, c’est pas votre fort… Allez, je prends un autre club français en exemple… Au hasard, Montpellier. Je regarde encore notre serveur… Qu’est-ce que j’ai… Mark Hugues, Manchester United 1991… 2 cartons rouges provoqués, un à l’aller pour Baills; un au retour pour Thétis…

Ah, c’est pas tout, je vois. Votre entraîneur actuel? Expulsé en quarts de finale de C3 avec Nantes. Votre meilleur buteur? Rouge sur simulation adverse en demie de coupe du monde… Et ça continue, dans votre staff… Carotti, demie de C1 avec Nantes… rouge sur simulation adverse…pendant ce temps, les mecs d’en face, ils finissent à onze…

– Ça va Manuel, t’as gagné lui dis-je avec un sourire entendu et l’envie de ne pas en entendre plus, revenons à Lyon et Fekir… »

Il reprend. « Dans les années 2000, Lyon avait traversé un dépucelage de la Ligue des Champions des plus douloureux au contact des Van Bommel, Saint-Gennaro Gattuso (il se signe) et autres De Rossi… En 2005, ils se font virer en 1/4 par Eindhoven et ils chouinent encore pour un penalty non-sifflé sur un certain Nilmar… A San Siro, l’année d’après toujours en quarts; ils ont un coup-franc 20 mètres plein axe à la 85e et le meilleur tireur au monde, et ils laissent les mecs du Milan faire le mur à… allez, 6 mètres du ballon! Derrière, ils prennent 2 buts en 5 minutes… Pour ne plus avoir à revivre ça, ils ont décidé de remodeler leur chaîne de montage à Tola-Vologe. Ils nous ont commandé des banques entières d’images d’archives, des cartes-vice et des cheat codes de très haute qualité, des Super Pippo Inzaghi 6000+. Ils les ont greffés sur leurs meilleures sorties d’usine de ces années-là… et je pense que Fekir est certainement leur fleuron.

A des fins de contrôle-qualité, on a suivi ses débuts. Les infos qu’on avait, c’est qu’à 18 ans, en plus d’un bagage technique dopé à la Benzemite, il avait le métier d’un déf central après 12 saisons de Serie A. Demandez à vos propres jeunes à Montpellier qui l’ont rencontré, il était injouable. C’était la terreur des défenseurs. Et des arbitres. Et puis, il est trapu, il fait un peu ce qu’il veut à l’impact, il peut résister, rebondir ou s’étaler comme une crêpe et faire huit tonneaux derrière… On a vraiment fait du bon boulot sur ce projet-là. C’est dommage qu’il ait été aussi malchanceux avec les blessures, sinon … Real… Barca… ou même Juventus (il se signe encore) » Manuel est finalement intarissable sur Lyon. On sent que parmi les clubs français, la Quenellie a une place à part dans son service. « Et puis, il y avait ce Tolisso, aussi. Alors lui, on avait poussé les dosages au maximum… »

Par sympathie amicale, il retourne voir ce qu’il a dans son serveur interne sur notre chère Paillade… Des sympathiques histoires d’inondation volontaire de terrain, des accueils un peu rock’ n roll à base de « gitans et de serpes » rapportés justement par le président de Lyon… et un certain JC Rouvière qui après un but entaché d’une main, avait tout gâché en avouant au premier micro tendu dans le vestiaire. « Vous voyez que vous êtes trop gentils en France, moi j’en connais qui même sous la torture et pour un match amical, auraient juré que le but était valable… » nous lâcha-t-il avant d’entrer en réunion.

Mais revenons au contact avec Benjamin Lecomte. Nabil Fekir s’écroule en plein rectangle. A vitesse réelle et distance de vue des tribunes, ça ne fait pas de doutes. Tout le stade, parcage excepté, s’attend résigné à l’application de la double peine. Peut-être même que MDZ cherche Jonathan Ligali du regard. Contre-pied parfait de Mr Letexier et carton jaune pour Fekir. C’est certainement la plus belle décision arbitrale prise dans un match de La Paillade, favorable ou non, VARisée ou pas. Il y a tout ou presque dans cette sentence. La justice au vu des ralentis, mais aussi le courage. Le courage de s’opposer au sempiternel service-après-vente aulassien dans pareil cas.

Et ça n’a pas manqué. Habituelles attaques personnelles (« Monsieur Letexier est un jeune arbitre » (traduire « un sale puceau qui me coûte 2 points »), continuels appels au « scandale » martelés toute la semaine sur Twitter avec des images voulant nous faire gober qu’un sportif du calibre de Fekir a une foulée de canard du Gers, annonces de saisine de la Commission de Discipline, des Prud’hommes du Limousin, de la Cour Européenne de La Haye et du Conseil de Sécurité de l’ONU, le tout ponctué par un magique « il faut que [Mr Letexier] revoie les images calmement et qu’il enlève de sa tête que Nabil est un tricheur. »

Des connaisseurs et des experts qui ont revu les images « calmement », nombreux sont ceux qui ont admis que ce coup de Fekir était « très bien joué » pour reprendre les termes d’Alassane Pléa, attaquant à l’OGC Nice et invité du CFC du surlendemain. Les connaisseurs et les experts….comme une évidence, Pierre Ménès criait encore au penalty oublié deux jours après les faits.

En partant de l’I.E.C., Manuel nous donne une clé USB. « Tenez, compañeros, c’est un petit bout du dossier d’une autre idole française de notre Institut . » Une étiquette y est accrochée avec l’inscription « OM early 90s » Nous saluons chaleureusement notre pote et promettons d’en faire bon usage.

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AllezPaillade

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