[Exclu AP] Philippe Saurel: « Je tiendrai ma promesse à Louis Nicollin »

Nous avons interrogé Philippe Saurel au sujet du nouveau stade. Le Maire de Montpellier est revenu sur les embuches qui ont jalonné le projet durant ces quatre dernières années. Il a tenu fermement à repréciser son engagement dans la construction d’une enceinte que les supporters attendent en grande majorité. Fixant un cap à 2021 ou 2022 pour le début de la construction. Il compte tenir son engagement moral qui le lie à la famille Nicollin.

  • Monsieur le Maire, pouvez-vous revenir à la génèse du projet du nouveau stade?

« Le stade a été inondé en 2014 et en 2015, ça a coûté deux fois six millions d’euros. Quand je suis venu voir le stade après les inondations, il y avait une pelle mécanique qui reposait là, chenilles en l’air. En fait, le stade a été construit dans le lit majeur de la Mosson. Ce qui fait que chaque fois qu’il y a une crue, le stade est inondé. Ce n’était pas le cas dans le projet d’origine du stade qui était situé un peu plus haut. Le stade a été repoussé vers le bas parce qu’il y avait besoin de construire plus de logements.

Ensuite, c’est un souhait du club de modifier son emplacement et de jouer dans un stade moderne. Puisque celui-ci ne répond pas à tous les critères. Notamment, sa fonction économique, mais aussi les conditions de sécurité, en termes d’inondation, des tribunes ou de la conformation du stade. Les salles du bas sont précaires. Ce n’est pas un stade de première division.

Puis, il y a eu la relation avec Louis Nicollin.  Nous avons appris à nous connaître. Mais il a toujours été d’une infinie délicatesse avec moi. Quand j’ai été élu, il m’a fait donner le coup d’envoi d’une rencontre contre Marseille. Tout de suite!!! Je suis un ancien joueur de foot, j’ai une accident de foot, il y a 40 ans. Donc toutes ces conditions ont fait que nous avons pris la décision de construire un nouveau stade. »

  • Et que s’est-il passé durant ces quatre ans?

« C’était une décision qui se trouvait dans un contexte national particulier puisqu’aucune ville n’avait prévu de construire un stade, sauf Nantes. Avec le Yellow park qu’ils ne sont pas arrivés à construire parce que le modèle économique n’était pas le bon. Nous avons discuté avec Louis Nicollin et nous avons voulu le mettre à Cambacérès parce qu’on peut y venir, en tramway, en vélo, en avion, en voiture en train avec la Gare Sud de France. C’est un accord que nous avons eu qui a été perturbé par le PEB (plan d’exposition au bruit). Nous avons voulu aussi construire un palais des Sports parce que René Bougnol n’est pas aux normes européennes. Et je travaille autant avec Patrice Canayer qu’avec Laurent Nicollin. J’ai d’ailleurs fait voter en Conseil de métropole. Contrairement à ce que disent mes opposants la construction de la ZAC a été votée avec la création des équipements sportifs, stade et palais des sports. Je possède la délibération. Ils ne m’ont fait aucun procès sur l’implantation. Ils se sont battus politiquement mais il n’y a pas de procès.

Ensuite lorsque le PEB a été modifié, j’ai dû changer l’implantation du stade. On ne pouvait plus faire de logements dans la zone impactée par le PEB. Il faut faire des logements car ce sont eux qui rapportent le plus d’argent dans la construction du quartier. J’ai mis le stade de l’autre côté près de la Mogère. Mais je me suis retrouvé face à l’architecte des bâtiments de France. Avec la Mogère qui est un lieu protégé. On a donc changé encore d’endroit et il fallait mettre le stade dans une zone où il y avait des bureaux et pas des logements qui sont plus lucratifs. C’était une moindre perte pour nous et on a retrouvé un emplacement mais il a fallu bouger la Business School. Il a fallu revoir l’emplacement des voiries pour que le stade soit mieux desservi. Aujourd’hui sur le plan financier, ce que la métropole ne voulait pas c’était perdre la main sur l’équipement. »

  • Perdre la main sur l’équipement, ça signifie quoi?

« Garder la main, ça veut dire, qu’on peut très bien avoir pour le projet urbain, un projet dessiné par la ville et la métropole. Le stade peut être dessiné par le club mais avec toujours l’œil de la métropole. Financièrement c’est plus compliqué si c’est un projet public, mais c’est beaucoup plus facile dans le montage quand c’est dans le public. Je pourrais dire la métropole peut être actionnaire mais la règlementation en France n’est pas la même qu’en Europe. Les socios, par exemple, à Barcelone sont propriétaires du Nou Camp. Il faut que le club puisse tirer des bénéfices des constructions voisines. Le PEB nous a amputés d’une partie des logements et nous a fortement perturbés. Moins de charges foncières qui nous reviennent. Le problème est compliqué. Mais la ZAC Cambacérès a été votée et je peux vous dire que le stade à Cambacérès a été sécurisé. »

  • Et en quatre ans, est-ce que vous avez des regrets?

« C’est long, on a pris le PEB qui nous a ralenti de six mois, le COVID, c’est six mois aussi. On en est déjà un an. C’est long, il faut compter environ six à sept ans. Même si, nous avons rencontré beaucoup d’obstacles jusqu’à maintenant, nous les avons contournés un par un. J’ai donné ma parole à Louis Nicollin et je tiendrai ma promesse. Dans ma première mandature, j’ai tenu tous mes engagements et j’en reparle dans ma profession de foi. Quand je parle des équipements sportifs, je parle du nouveau Stade Louis Nicollin. Dans mon programme je parle des grands travaux à hauteur de 1,3 milliard d’euros, la French Tech entre autres, et la restructuration du Stade de la Mosson.

  • Avez-vous des points de passage avec Laurent Nicollin? Evoquez-vous la santé financière des partenaires surtout après le Covid?

« Oui, c’est compliqué pour tout le monde. La crise va nous donner un an à un an et demi de retard. Les socialistes expliquent qu’il faut mettre le stade à Pérols à la place du projet Ode à la Mer. Sans demander son avis au Maire de Pérols et sans avoir repris les axes d’aménagement urbain du projet. Cette proposition est incohérente.

Il faut rendre à la Mosson son lit naturel, son vase d’expansion naturel. On garde simplement les poteaux des tribunes pour mettre des plateaux sur lesquels on installe les bureaux. On veut planter des arbres, qui renouvellent l’oxygène, et qui gardent l’eau par leur système racinaire. C’est logique car à proximité de la Mosson. chômage.”

  • Et quels sont aujourd’hui les principaux écueils au démarrage de la construction?

« Il y a des études environnementales à faire, oui. Là où il y a le stade, il y a déjà certaines études qui ont été réalisées. Si on veut, on peut démarrer le projet rapidement. L’agenda est politique. La construction pourrait démarrer 2021-2022. »

  • Est-ce que vous sentez une demande forte des Montpelliérains?

« Ni oui, ni non. Je ne peux pas laisser un équipement de cette nature en zone inondable. Une équipe de foot de première division, c’est une attractivité formidable pour la ville. »

  • Est-ce que vous avez imaginé un autre site, devant tous ces problèmes rencontrés?

« On ne peut pas mettre le stade ailleurs dans la métropole. Sinon, il faut en sortir. Le site de Cambacérès est magnifique. De l’autoroute quand tu vas en Espagne, tu verras Stade Louis Nicollin. On a voulu montrer par des images 3D qu’il serait le long de l’autoroute. Sur un kilomètre et demi, il y aura une série de façades qui représenteront la vitrine de Montpellier (French Tech, Stade Louis Nicollin, Fac de Médecine, Nouvelles technologies…). »

  • En quoi la construction du stade peut être vraiment moderne?

« D’abord il faut faire toutes les études de faisabilité techniques, financières, un concours d’architectes. Après c’est la possibilité d’en faire un éco-stade, avec du bois, des nouveaux matériaux, du photo voltaïque.  On pourrait être le premier stade de France écolo. Ce n’est pas fondamental en surcoût. Les gens ont de plus en plus conscience qu’il faut faire beaucoup de choses pour la planète. »

  • Laurent Nicollin ne vous a jamais lâché malgré les difficultés?

« Laurent ne m’a jamais lâché, et je n’ai jamais lâché ni Louis, ni Laurent. Je lui ai tout expliqué, nous travaillons à l’ancienne et nous parlons en direct. Les études et le PEB, c’est la réalité. Personne ne me le reproche. Mais c’est un mal pour un bien, car le Stade sera le long de l’A9, c’est une renommée internationale. A Reims, le stade Delaune est le long du périphérique. A Nice, aussi. L’accès au stade est essentiel, parking, vélo, avion pour les joueurs, les arbitres, les officiels… On est à 150 mètres de la gare et du Tram. »

  • Le stade de Lyon est loin de tout?

« Oui, j’ai visité le stade de Lyon. Celui de Montpellier sera très différent. Il sera en plein coeur de la ville! »

  • Il n’y aura pas de commerces dans le Stade?

« Il y aura forcément de l’activité économique et en accord avec la Chambre de commerces et dans le cadre des équilibres avec le centre ville, il y aura la boutique du club, des bars, des restaurants, des hôtels, le musée, et des salles de conférence et de spectacles… »

  • Que voulez-vous nous dire pour conclure?

« Le stade Louis Nicollin représentera l’histoire du club et sera inscrit dans la vie moderne d’un équipe de première division de niveau européen. »

Un grand remerciement à Philippe Saurel et Patricia Miralles pour leur disponibilité.

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