[Exclu AP] Teddy Mézague: « Je n’ai pas eu assez de visibilité pour m’imposer »

Teddy Mézague est aujourd’hui en Bulgarie. Il joue à Stara Zagora, un bon petit club du championnat local. Il est revenu sur sa victoire en Gambardella, sur son parcours chaotique en pro à Montpellier, où il aurait pu peut-être faire mieux. Il évoque aussi son avenir avec des départs à l’étranger pour mieux rebondir, malgré quelques épisodes compliqués.

Peux-tu revenir sur ton parcours à Montpellier ?

« Montpellier c’est mon club formateur. J’ai vécu de supers choses. C’est mon premier contrat pro, c’est la victoire en Gambardella en 2009 avec des copains. J’ai fait aussi les phases finales de championnat de France en U16 nationaux. Après je sais que j’ai un goût d’inachevé. D’un côté j’ai mes torts. Je sais que je me suis endormi sur mes lauriers. Quand je suis passé pro, quand j’ai commencé à jouer. Et après, je n’ai peut-être pas aussi eu trop de chances avec certains choix d’entraîneurs. Mais ce sont leurs choix. »

Jean Fernandez semblait t’avoir définitivement lancé dans le grand bain. Son départ a t-il été difficile pour toi ?

« J’avais sa confiance oui. C’est vraiment celui qui m’a poussé le plus. Il donnait l’impression de l’extérieur d’être quelqu’un de calme, de posé. Mais je peux vous dire qu’à l’entraînement ou dans les causeries, il pouvait péter un plomb et gueuler. Il voulait mettre en place un type de jeu, mais dans le foot, il faut avoir vite des résultats. Et les résultats, ils n’étaient pas bons et forcément l’entraîneur est toujours celui qui paie les pots cassés. »

Tu as connu trois entraîneurs, Courbis, Fernandez, Girard en pro. Comment ça s’est passé ? Les différences…

« Girard, c’est Girard. On ne peut rien lui reprocher, il a fini champion de France. Pour moi, ça a été quand même une période assez frustrante, avec pas mal de déceptions. Parce qu’il y avait les jeunes de la Gambardella, de ma génération, qui faisaient leur petit bonhomme de chemin. Mais devant moi, y avait des défenseurs comme Spahic ou Hilton. Donc, c’était très compliqué de s’imposer. Courbis lui, quand il a pris l’équipe, il a vite fait ses choix. Et j’ai compris sans qu’on ait une véritable discussion que ça serait compliqué pour moi d’avoir du temps de jeu.  Alors avec lui, j’ai fait beaucoup de banc et de réserve. Je suis déçu parce que je pense que j’aurais pu avoir plus de temps de jeu. Mais ce sont ses choix »

Tu marques un but en coupe à Rodez. C’est ton unique à Montpellier. Tu en as quel souvenir ?

« Pas tant que ça finalement. Après j’étais content évidemment. Je me souviens que c’était un dimanche en début d’après-midi. Il ne faisait pas si froid que ça pour un mois de janvier. Je me souviens que ça avait permis à l’équipe de se qualifier. Mais ce n’était pas un but extraordinaire. En fait, je garde surtout un super souvenir de mon premier match en pro avec René Girard à Ajaccio. On s’était incliné, mais j’avais l’impression que mon rêve de toujours se réalisait. J’étais heureux d ressentir l’adrénaline et la pression en rentrant sur la pelouse. Et en plus je n’ai joué qu’avec des copains. Y avait Benjamin, Younès, Jonas…. C’est un super souvenir. »

En 2009, tu remportes la Gambardella. Parle-nous de cette génération ? Certaines individualités se dégageaient-elles déjà comme Belhanda, Cabella ou Stambouli ?

« Le premier joueur auquel je pense, c’est Fodé Koita. Il marquait depuis qu’il était jeune 20 buts minimum par an. On savait qu’il finirait professionnel. Il y avait aussi Abde El Kaoutari qui dégageait beaucoup de maturité. Younès avait d’énormes capacités donc là aussi on pouvait s’imaginer qu’il finirait pro. Perso, j’avais plus de doutes sur Rémy parce que je pensais que peut-être, il serait juste physiquement. Après, Jonas, Benjamin et moi, on espérait passer pro. Téji lui, n’a pas eu cette chance. En plus il ne jouait pas à son meilleur poste. Il n’a pas eu la chance parce que la génération 2009 était une génération dorée et beaucoup de joueurs sont passés pros, une dizaine je crois. »

Selon toi, qu’est ce qui a pu te manquer pour percer au MHSC ou dans le championnat de France ?

« Je pense que je n’ai pas eu assez de visibilité à Montpellier pour rester dans un autre club de Ligue 1. Si j’avais fait plus de matchs, peut-être que j’aurais eu des touches. Après, avant de partir à Mouscron, j’ai eu pas mal de contacts en Ligue 2. Mais le discours du directeur sportif et de l’entraîneur me plaisaient et leur projet aussi. Il fallait que je fasse des choix et je les ai faits. »

As-tu une anecdote particulière sur toute ta période au MHSC ?

« Une anecdote. Oui, allez, au sujet des causeries de Rolland Courbis. Elles étaient souvent marrantes et il cherchait chaque fois à ce qu’on se surpasse, en parlant des adversaires par exemple. Et je me souviens de quand on a gagné à Paris en Coupe en 2014, il fait une causerie en parlant de tous les Parisiens. Et je me souviens qu’il nous disait qu’il fallait qu’on écrase le cafard de Verratti. Et ça m’avait fait marrer. Il était comme ça. Mais bon ça a marché puisqu’on s’était qualifié ce soir-là. »

Aujourd’hui quel est ton rapport avec la Paillade ? Reviens-tu au stade ? Tu suis les résultats ?

« Je suis revenu à la Mosson quand j’étais en Belgique. Après niveau joueurs, je ne connais plus que Vito maintenant et Souley. J’ai des contacts de temps en temps. Après, que je suis à l’étranger en Bulgarie, c’est plus compliqué de suivre. Mais je garde un oeil toujours sur la Ligue 1, et je regarde les résultats de Montpellier oui. »

Quelle image gardes tu de Mouscron ? On a l’impression que c’est un petit club qui a souvent connu des problèmes financiers?

« Mouscron, ce n’est pas qu’il y a des problèmes d’argent. C’est un problème de stabilité. J’ai connu trois présidents. Lille avait racheté le club un temps, puis est parti. C’est un club qui a un gros passé en Belgique. C’est vrai que c’est compliqué pour les supporters qui ne reconnaissent plus trop l’identité de leur club. C’est le club où je me suis le plus épanoui, et où j’ai progressé le plus, où j’ai gommé certains défauts de mon jeu, et où j’ai le plus joué. J’ai fait quatre bonnes années, c’était super. Le championnat belge reste un très bon championnat. Y a des stades sympas comme à La Gantoise (le stade est neuf) et de grosses ambiances comme au Standard, c’est pour moi la plus grosse ambiance de Belgique. Y a des grosses équipes comme Bruges ou Anderlecht.

Que retiendra t il de sa courte expérience en Angleterre, pourquoi es-tu partie là-bas puis revenu à Mouscron ?

« Au bout de deux saisons à Mouscron, j’étais en fin de contrat et je suis parti en vacances libre. Malheureusement je me suis fait une rupture du tendon d’Achille en vacances, et je n’ai pas pu prolonger mon contrat ou m’engager ailleurs. Le seul club qui m’a voulu à Leyton était en D4, et ils voulaient me faire signer, même blessé. J’y suis allé et ça reste une super expérience parce que j’ai rencontré là-bas d’autres joueurs français et je me suis vite adapté. La D4 anglaise, c’est un championnat vraiment structuré, professionnel. J’ai joué devant des stades de 15 à 20 000 personnes, ce que tu ne vois pas en Belgique par exemple ou rarement. Et les ambiances sont tops et poussent les joueurs. C’est vrai que dans ses divisions, même en D5 ou en D6, les joueurs peuvent arriver à bien vivre du foot et ne font que ça. Quand la saison s’est terminée, le club était relégué en D5 et c’est pour ça que je suis retourné à Mouscron. »

Qu’est-ce qu’il s’est passé en Roumanie avec cette histoire de contrat ?

« Après ma dernière saison à Mouscron, j’étais arrivé au bout de l’aventure, il fallait que je passe à autre chose. Je suis parti au Dinamo Bucarest qui est un des plus gros clubs du pays. Avec beaucoup de pression, beaucoup de supporters. Le souci c’est que j’ai connu en 3 mois, 3 entraîneurs et que le dernier coach ne voulait pas entendre parler de moi et voulait faire jouer les joueurs de son choix. Les dirigeants ont alors dit qu’il fallait que je parte. J’ai demandé un protocole de résiliation et ils ont imité ma signature. C’était un cauchemar et j’ai porté plainte et ça se finira devant le TAS. »

Comment as tu rebondi en Bulgarie ? Quel est son objectif désormais ?

« Après mon échec en Roumanie, je n’avais pas joué depuis six mois. J’ai eu des contacts avec ce club par le biais de mon agent. Et je savais que c’était un club très stable. Il y a d’anciens Marseillais qui sont passés par là, donc j’ai pu me renseigner et je me suis engagé là-bas à Stara Zagora avec l’objectif d’abord de retrouver du rythme et de me relancer. On peut dire que la Bulgarie, c’est un championnat de niveau Ligue 2. Il y a des clubs comme Ludogorets ou le CFKA Sofia qui ont l’habitude d’être en Coupe d’Europe et qui ont un niveau Ligue 1.

L’objectif tout d’abord c’est de sortir de la crise sanitaire. Je suis confiné avec ma copine depuis début mars. Nous avons eu deux réunions avec le staff et nous attendons la sortie du confinement. Le championnat fonctionne comme le championnat belge avec des playoffs. Nous sommes 7èmes à égalité de points avec le 6ème, et il ne reste que peu de journées dans la saison régulière. Nous devons jouer contre le 6ème et si nous gagnons normalement, nous pouvons jouer les playoffs. Le souci c’est que peut-être que le championnat n’ira pas à son terme et s’arrêtera à la fin de la saison régulière. Mon objectif c’est de relancer ma carrière en essayant pourquoi pas de se rapprocher de la France ou d’un championnat à côté. »

Un grand merci à Teddy Mézague pour sa gentillesse et sa disponibilité.

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