[Exclu AP] Rolland Courbis: « Avoir quitté Montpellier est un regret »

Durant cette période de confinement, nous avons eu la chance de pouvoir échanger longuement avec Rolland Courbis. Nous avons évoqué avec lui notamment son départ du Montpellier Hérault en décembre 2015. Un départ qui avait fait beaucoup parler puisque quelques semaines après, il s’engageait avec le Stade Rennais. L’ancien entraineur du MHSC évoque ses regrets tout en relatant de nombreux souvenirs:

« Normalement, parait-il, qu’il ne faut pas avoir des regrets dans la vie. Je suis désolé, j’en ai quelques-uns et avoir quitté Montpellier en fait partie. La relation n’était pas aussi grave avec Loulou pour arriver à ça… Mon caractère par moment me rend stupide et là, c’est l’éclat de ma stupidité. Sans cette défaite contre le Gazelec à la Mosson, je ne serais jamais parti. Ma relation avec Louis Nicollin était tendue mais l’affection réciproque prenait toujours le dessus et là… J’ai boudé comme un minot. Ça m’arrive très rarement mais là, je n’y ai pas échappé…

Avant Ajaccio, on fait un match splendide à Lyon après avoir mis en place une tactique qui fonctionne à merveille. Boudebouz en faux neuf, Roussillon ailier droit pour rentrer pied gauche, Camisir à droite… Bref, tout le monde est content. Loulou qui gagne à Lyon, je ne te dis pas. Et je me rappelle, lui qui est habitué à donner double ou triple prime, il nous dit « On va faire un truc. Je vous donne la triple à condition qu’on batte le Gazelec dans 7 jours. Et vous êtes tellement cons que vous êtes capables de battre Lyon ici et de perdre contre Ajaccio à domicile » (rires). Moi je bouge la tête dans son sens, en faisant « mais oui, mais oui… ». Et le pire, ce n’est pas seulement qu’on perd contre le Gazelec mais c’est qu’on perd contre une équipe qui n’a pas de gardien et qui aurait presque pu mettre le kiné dans les barres. Le gardien numéro 1 est suspendu, le numéro 2 est blessé et le numéro 3 n’avait jamais joué en professionnel… Ce soir-là, je m’en veux, je ne te dis pas les boules que j’ai encore… Attends ! Après, on fait 2 à 2 au Vélodrome, où je remets en place tactiquement la même chose qu’à Lyon, l’OM égalise avec un centre où le ballon est sorti de 50 centimètres et l’arbitre ne le voit pas… Ils égalisent comme ça sinon, on gagnait.

Enfin, l’intersaison aura été la source du début des tensions avec Loulou, entre les matchs amicaux et le recrutement, où on avait été mal inspiré. Déjà l’année d’avant avec Dylan Gissi.. Cette saison, on la démarre très mal avec une défaite contre Angers qui est promu. On s’accroche avec Loulou sur la préparation qui n’a pas été bonne puisqu’il aurait aimé plus de matchs amicaux. Moi, je le respecte, chacun sa vision mais depuis de longues années, j’ai trop de mauvais souvenirs avec les blessures durant cette période. D’ailleurs si Loulou était encore là, j’aurais fait une petite réflexion à la radio pour la taquiner avec la blessure de Savanier cet été. Évidemment, je ne l’ai pas fait (sourire). Enfin, dans ce début de saison, on est en prime malchanceux. Je me souviens d’une défaite à Caen à la dernière seconde on repousse très mal un tir de Delort. On mène 2-0 contre Monaco pour perdre 2-3. Après ces épisodes, je fais appel au bon Dieu pour qu’il m’aide et je me dis que si à la trêve, j’arrive à remonter la pente et le classement, j’arrêterai pour souffler. Je me rappelle qu’on compte 22 points à la 19ème journée, donc il reste la moitié à jouer et pour mon départ, je laisse dans mon bureau sur le tableau, qu’il suffit de 5 victoires, 7 nuls et 7 défaites pour se sauver assez largement. Sachant qu’à ce moment, les joueurs sont intégrés, le staff connaissait les qualités et les défauts de notre jeu… Je me dis que ça devrait aller et qu’il n’y a plus besoin de moi. Et là, je suis vraiment con. Quand tu prends des décisions importantes, ce n’est pas pour les regretter après et celle-là, dieu sait que je l’ai regretté. Avec Rennes, il n’y a jamais rien eu avant et si ça avait été le cas, tu peux me croire dans notre milieu et dans notre circuit, ça ne serait pas passé inaperçu. Il n’y avait rien eu. Un dimanche, je suis invité chez Téléfoot et après l’émission, René Ruello, alors président du Stade Rennais, me téléphone pour me proposer un rôle de conseiller/observateur pour ensuite, prendre très vraisemblablement la place de Philippe Montanier à la fin de la saison, sauf si ça marche bien sur le terrain et qu’ils arrivent à s’entendre entre eux. Et je t’avoue que ce nouveau poste de conseiller me va bien, je le trouve très reposant, Rennes marche bien, je ne pensais pas une seule seconde devoir remplacer Montanier aussi vite. Il est vrai que ce dernier ne voyait pas mon arrivée d’un bon œil et ça déplait à Ruello avec qui il avait des problèmes relationnels. C’est après une défaite en Coupe de France face à Bourg-en-Bresse que je le remplace…

Ca se passe bien avec une bonne série et une grosse victoire à Marseille. On arrive à Pâques, il reste 6 matchs dont un à Montpellier et je prie le bon Dieu que la Paillade soit maintenue à ce moment-là. Surtout que malgré les prévisions du nombre de victoires et de nuls pour se maintenir que je laisse sur mon tableau, je vois qu’elles volent en éclat quand Pascal et Bruno Martini perdent leurs 3 premiers matchs. Et là je commençais à m’inquiéter, manquerait plus que je revienne à Montpellier avec Rennes pour jouer l’Europe quand eux joueraient le maintien. Heureusement pour moi, ce ne fût pas le cas. Ça aurait été pour moi impossible à vivre. Voilà, pour en revenir au point de départ, j’avais un certain ras le bol. J’ai compris les déclarations de Laurent Nicollin mais je ne l’ai jamais trahi lui ou même Loulou. Comme un idiot susceptible alors que je ne pense pas l’avoir été souvent, j’étais vexé que Loulou ait demandé médiatiquement que je fasse pareil que Bielsa et que je parte. Je n’ai rien répondu dans un premier temps et je me suis dit, allons chercher ce capital point à la trêve, et le Bielsa, je le ferai qu’à ce moment-là. Sans rien déclarer, ou juste que je suis fatigué, fin décembre, je suis parti. Après, on comprendra que ces querelles ont joué un rôle, même si je comprends Loulou pour les matchs amicaux, on peut comprendre que ça avait été dur pour moi, notamment ce discours autour d’un départ à la Bielsa. Pour Laurent, il m’avait défendu à toutes les réunions, j’ai très bien compris qu’il soit déçu et l’exprime après mon départ. Mais ce match de Gazélec… (rires). Surtout que derrière donc, je remplace Montanier, et durant la trêve internationale, j’apprends que Christian Gourcuff, avec qui il est vrai je n’ai jamais été en très bons termes humainement et professionnellement, s’engagera avec Rennes pour la prochaine saison. Après ça, les joueurs en discutent et mon autorité en prend un coup. On sort de 4 victoires et 1 nul, pour enchainer sur 1 point en 6 matchs. C’est là que je me suis accroché d’ailleurs avec Pedro Mendes qui ne m’avait pas respecté en tant qu’entraineur… »

D’autres anecdotes vous seront proposées dans les prochains jours mais ce commentaire devrait permettre à beaucoup de supporters Pailladins de tourner la page car comme le dit Laurent Nicollin: Au final, il a quand même fait plus de bonnes choses à la Paillade que de mauvaises.»

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