[Exclu Part.1] Bertrand Robert : « Je n’aurais pas dû quitter Montpellier »

Il y a quelques semaines, nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Bertrand Robert par téléphone. Pendant plus d’une heure, nous avons échangé avec lui sur un nombre incalculable de sujets. Pas aussi populaire que son frère Laurent, il a disputé malgré tout 54 rencontres sous le maillot Pailladin avant de rallier la Bretagne puis la Grèce et Chypre. Dans cette première partie, retour sur le parcours du joueur sous le maillot Pailladin avec comme point d’honneur, le maintien acquis durant la saison 2002/2003:

  • Tout d’abord Bertrand, merci pour ta disponibilité. Avant de commencer, peux-tu nous préciser où tu en es aujourd’hui ?

Merci à vous de m’avoir sollicité. Je joue encore dans un petit club grec au niveau amateur à l’Iasmou Megas Alexandros. Je n’ai pas envie de me dire que je vais arrêter ma carrière. Je voudrais encore jouer mais il m’est impossible de partir pour le moment de Grèce. Je privilégie avant tout ma vie de famille, notamment mes enfants qui vont à l’école et je ne veux pas les bousculer. Donc là je joue dans un niveau équivalent à la CFA, c’est parfait pour garder la forme, en plus, on joue la montée cette saison, on est 1er avec 5 points d’avance, c’est cool.

  • Parlons Paillade. C’est Michel Mézy qui te lance au niveau professionnel, quel souvenir gardes-tu de ces premiers pas sous le maillot Pailladin?

Avant tout, je n’ai pas de mots pour remercier le club de Montpellier. J’y suis arrivé à mes 13/14 ans afin d’intégrer le centre de formation, je me souviens encore j’étais chez les sœurs, c’était incroyable, c’était magnifique de vivre de tels moments. Avec votre appel, je vois tout ça défiler, c’est magnifique. Tous les entraineurs, que j’ai côtoyés, étaient très professionnels. Ils nous parlaient tous les jours afin que l’on soit sérieux en permanence, que l’on ne néglige jamais un entrainement, que l’on se tienne comme il faut à l’extérieur du centre de formation car on est l’image du club. Aujourd’hui, quand j’y repense, si j’ai toujours été sérieux dans les clubs où j’ai évolué, c’est grâce à l’éducation que j’ai reçu au centre. Je le répète mais encore un grand merci à toutes les personnes du club avec qui j’ai grandi, coachs, dirigeants, Michel Mézy ou même Monsieur Bonnet qui était le directeur à l’époque.

Monsieur Mézy est la personne qui m’a fait signé professionnel, il m’avait fait monter avec l’équipe première avant de m’intégrer petit à petit dans le groupe les soirs de match. Depuis que j’ai quitté Montpellier, je suis rempli de regrets. Même si au moment de m’en aller, c’est avant tout les circonstances qui m’y ont poussé.

  • Racontes-nous ton arrivée au club, à t’entendre, ça semble très fort émotionnellement…

Je devais avoir 13 ans, j’étais encore à la Réunion et avec une sélection de l’île, nous sommes venus à Clairefontaine pour y disputer une Coupe Nationale. Après cette compétition, certains clubs voulaient me recruter. Je ne veux pas dire de bêtises car ça commence à dater, mais de tête, je me souviens surtout des Girondins de Bordeaux qui faisaient le forcing. Donc quelques jours après le dernier match, un matin, je dois prendre l’avion pour rejoindre Bordeaux et signer les différents papiers pour intégrer leur centre de formation. Mon père téléphone à mon frère, Laurent, pour lui annoncer que c’est officiel, je vais m’engager à mon tour avec un club professionnel. Suite à cet appel, mon frère contacte les dirigeants de Montpellier, qui me changent mon billet d’avion, pour au final me faire intégrer leur centre de formation. J’ai appris plus tard que Montpellier souhaitait réellement me recruter mais voulait parler avec mes parents dans un premier temps afin de ne pas bruler les étapes et tout faire dans les règles. Avec l’intérêt de Bordeaux, tout s’est accéléré. J’ai multiplié différents contrats au fil des années avant d’obtenir un contrat espoir, tout c’est toujours bien passé pour moi. Pour vous dire, quelques mois après mon arrivée à Grammont, je jouais avec l’équipe de France des jeunes. C’était tellement surprenant. Ça m’a donné encore plus de courage pour travailler et de faire carrière dans le football. J’aurais aimé faire une plus belle carrière mais c’est la vie, c’est comme ça. Comme je vous l’ai dit avant, je n’aurais vraiment pas dû quitter Montpellier, j’avais encore à prouver sous ce maillot, j’y étais tellement bien. Mais malheureusement, cette saison là (ndlr: 2003/2004), on descend en 2ème division, il existe quelques problèmes au niveau des finances, bref. Avec du recul, j’aurais dû tout faire pour rester à Montpellier. Sincèrement, c’est un très grand club. Je me souviens encore, des anciens qui venaient nous voir au centre et nous disaient : « vous êtes bien ici et quand vous partirez, ce club vous manquera » et c’est la vérité. Quand tu es au centre depuis plusieurs années, tu veux partir dans un autre club comme Paris, Monaco, Lyon ou Marseille et progresser différemment alors que tu as encore tout à prouver. Puis même si tu arrives à partir, tu as aucune garantie, combien de joueurs ne réussissent pas parce qu’ils ont quitté trop tôt leur centre de formation ? C’est d’ailleurs encore le problème aujourd’hui des jeunes qui rejoignent de gros clubs alors qu’ils n’ont rien fait et qui au final, se retrouvent sans rien.

  • La saison 2002/2003 pour le MHSC est une saison qui a marqué une génération de supporters avec un maintien miraculeux. Tu faisais partie des acteurs de cet exploit…

Ce maintien là, faut savoir une chose, personne ne voulait y croire. Les supporters ne nous avaient pas lâchés mais comme les dirigeants, ils se préparaient à la descente. Je me souviens de victoires à l’extérieur contre Strasbourg, Troyes ou même Sedan, sans parler du Parc des Princes où nous sommes allés gagner aussi. C’était magnifique. Le président Nicollin comptait sur les jeunes pour sauver le club car avec les joueurs les plus âgés de l’effectif, ça ne marchait plus vraiment. Il avait quelque part aussi imposer de nous faire jouer afin de préparer l’année d’après. Les coachs, eux, nous ont poussés à y croire et quand tu crois en quelque chose et que tu travailles pour l’atteindre, tout est possible. Je sais plus précisément combien de points de retard nous avions, 12 ou 13 points au moins, c’était énorme, je l’ai déjà dit mais plus personne ne voulait y croire. On s’est retrouvés avec plusieurs jeunes, au premier plan, avec la volonté de faire nos preuves et on y est parvenus, on a réussi à maintenir le club en Ligue 1. J’en ai encore des frissons.

  • Avec un match totalement fou contre Lyon à l’avant dernière journée où les deux équipes refusent le jeu…

C’était dingue, on fait 0-0, ah non, on fait 1-1, je m’en souviens (rires). On fait la passe à 10 pendant toute une mi-temps. Même Juninho qui tente à 40 mètres une frappe et il va toucher la barre. D’ailleurs, je me demande si l’entraineur ne le fait pas sortir dans la foulée. Beaucoup de joie et beaucoup de peur en même temps sur ce match là.

  • On se souvient aussi de ce trio Robert/Bamogo/Mansaré qui mène l’équipe vers le haut sur cette fin de saison

On était au centre ensemble. Tous les jours, on les passait ensemble sur le terrain, dans la chambre, au moment des repas. On était trois joueurs qui avions faim, on courrait de partout afin d’aider le club. Quand le président venait nous voir dans les vestiaires, on était déterminés à se battre pour lui afin de le remercier de nous avoir fait confiance. Certains joueurs s’entrainaient pour s’entrainaient. Nous, on savait qu’on lui devait tout et que si on signait professionnel, c’était grâce à Monsieur Nicollin alors sur le terrain, on donnait tout.

  • Malheureusement, après cette saison miracle, vous êtes relégués durant la suivante, qu’est ce qui n’a pas marché cette fois ?

Sincèrement, on fait un début de saison pas trop mauvais mais petit à petit, notre grinta a disparu. Les effets positifs obtenus durant le maintien l’année d’avant se sont dissipés. C’est décevant pour moi de vous dire ça aujourd’hui mais je crois qu’on a manqué d’envie. Je ne saurais pas vous dire après précisément le pourquoi du comment, nous pensions peut-être plus à notre avenir personnel plutôt qu’à celui du club. C’est un mauvais souvenir surtout que c’est ma dernière saison à Montpellier.

  • Tu as beaucoup évoqué Louis Nicollin. Quel souvenir en gardes-tu ?

C’est bizarre mais j’ai toujours ce souvenir en tête où il nous gueulait dessus (rires). Ce n’était jamais méchant parce que le lendemain, il avait déjà oublié sa gueulante. D’ailleurs, entre temps, c’est Laurent Nicollin qui venait nous voir dans le vestiaire pour nous rassurer : «C’est mon père, je le connais très bien, il ne dit pas ça pour être méchant, c’est sur le coup ». Puis on ne pouvait pas le lui reprocher car il voulait que ses gamins, quand ils montaient sur le terrain, ils mouillent le maillot et se battent pour l’équipe. C’était quelqu’un de formidable. Tout le monde le connaissait, de temps en temps, il parlait mal mais on avait appris à ne pas prendre ça au premier degré. Quand on gagnait les matchs, il venait dans les vestiaires pour nous prendre dans ses bras et nous faire un gros câlin. On voyait son sourire, on ressentait sa joie. Maintenant, quand je vois ce qu’il a accompli avant de partir… Cet été, j’étais à Montpellier pour voir mon petit frère (11 ans) et ma petite sœur (13 ans) qui jouent avec le MHSC. Je suis resté bouche bée en voyant les installations de Grammont, la manière dont ça a été arrangé. Avec de tels moyens et la manière dont le club sait travailler avec les jeunes, c’est très prometteur.

Retrouvez dès Lundi, la suite de cet entretien sur AllezPaillade.com avec les raisons de son départ du club, son passage en Grèce, à Chypre, son avenir…

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