[Exclu AP] Hervé Bugnet : « Je n’aurais jamais dû partir »

Pour les supporters que nous sommes, c’est toujours un énorme plaisir de pouvoir converser avec un ancien Pailladin. On vous propose de derrière les fagots, aujourd’hui, une interview d’Hervé Bugnet. Orange et bleu de janvier 2005 à juin 2006, l’attaquant formé aux Girondins a eu la sympathie d’accepter notre demande et de revenir sur ses 18 mois aux bords de la Mosson qui l’ont marqué.

Première partie aujourd’hui avec son bilan personnel au MHSC, avant d’évoquer demain ses souvenirs autour des joueurs qu’il a cotoyé durant son passage du coté de Grammont.

Nous avions vu qu’après avoir mis un terme à ta carrière professionnelle, tu étais aujourd’hui dans l’immobilier. Le football, c’est terminé?

Ce n’est pas moi qui ai mis fin à ma carrière professionnelle mais le dernier entraîneur que j’ai connu. J’ai arrêté en juin 2013, à Evian Thonon-Gaillard, à la fin de mon contrat. C’est un peu à cause de Pascal Dupraz, pour ne pas le nommer. 5 mois avant, en plus de ça, je me suis fait une deuxième fois les ligaments croisés du genou donc, ça ne m’a pas aidé pour la suite. Du coup, il m’a fallu vite réfléchir à mon après carrière car je savais que le milieu professionnel allait être compliqué. Du coup, tout naturellement, je suis rentré sur Bordeaux pour préparer l’après football. J’ai joué deux ans dans le deuxième club de la région, qui est le Stade Bordelais, à l’époque en CFA (N2). On a d’ailleurs failli monter en National. Avant de faire de l’immobilier, j’ai aussi ouvert deux restaurants sur Bordeaux avec un ami. Ensuite, j’ai eu cette opportunité pour travailler dans l’immobilier donc, mes amis m’y ont poussé. Aujourd’hui, je suis marchand de biens donc j’achète des maisons, des échoppes comme on a chez nous. Je les fais rénover ou je les rénove moi-même car je me suis mis à la plomberie, à l’électricité et tout ça (rires). Cela me plait énormément et je suis là dedans. Je n’ai pas raccroché le foot totalement car j’y joue souvent avec des anciens pros à Bordeaux où on a une équipe, mais j’ai quitté le circuit pro, oui.

Parlons MHSC. Dans quelles conditions tu signes en janvier 2005 à La Mosson?

C’est Jean-François Domergue, que j’ai côtoyé l’année d’avant au Havre en prêt, qui m’a fait venir. Il m’a appelé à la trêve hivernale pour que je vienne à la Paillade et j’ai répondu favorablement. Il ne me restait plus que 6 mois à Bordeaux, j’ai rompu mon contrat avec les Girondins d’un commun accord pour signer 3 et demi à Montpellier en janvier 2005. Je suis resté un an demi. Les 6 premiers mois se sont plutôt bien passés, on avait pour objectif de remonter en Ligue 1 à l’époque. Je jouais devant avec Montaño et Lafourcade et cela s’était bien passé pour moi avec 9 buts en 6 mois. Je suis parti sur un coup de tête au bout d’un an et demi… La saison suivante, on ne jouait plus à deux en attaque, le coach Domergue a changé son système de jeu: je jouais à gauche, Montaño à droite et Lafourcade dans l’axe. Mes rapports avec le bon Louis Nicollin – paix à son âme – étaient bons, puis moins bons, puis bons… Dans les moments où cela allait moins bien, il tapait sur certains joueurs, moi le premier. Et sur un match à Sedan, il m’a mis plus bas que terre dans les vestiaires, j’étais jeune, j’avais 24/25 ans… en sortant du stade, j’ai appelé mon agent pour lui dire « à la fin de l’année, je ne serais plus là, trouve moi un autre club. » Le match d’après, je mets le but de la victoire et le Président, que vous connaissez mieux que moi, m’embrasse et prend mon maillot (rires). Il était comme ça, impulsif. Mais je suis resté sur le match d’avant, j’étais jeune et con. J’y ai fait cadeau de mes deux dernières années de contrat pour signer un an à Dijon l’été suivant avec Rudi Garcia. Avec du recul, j’aurais dû rester à Montpellier. Je ne sais pas pourquoi, j’étais borné et à cause de ce match à Sedan, j’ai voulu partir.

Comment c’était, la concurrence avec Montano, Lafourcade, Abdoulaye Cissé?

C’était assez sain. J’avais peut-être cette chance que le coach m’avait fait venir du Havre, avec à ce titre, une petite longueur d’avance. Mais à chaque match, les compteurs étaient remis à zéro. Il faut prouver tous les week-ends et je n’étais pas toujours titulaire. J’ai parfois même été absent du groupe, pour me faire comprendre que je faisais peut-être pas les efforts nécessaires. Alors je redoublais d’efforts, la semaine suivante, pour rejouer et marquer à nouveau. Grâce à ça, on avait une concurrence saine. J’ai vécu de très bons moments à Montpellier et j’en garde de bons souvenirs, et d’autres un peu moins bons, mais ça fait partie du job.

En dépit des objectifs de montée du club, cet exercice 2005-2006 s’avérera décevant…

C’était toujours l’objectif de monter, c’est clair. Quand j’arrive en janvier 2005, on finit dans le premier tiers, mais la deuxième année fut très très compliquée et on termine dans la deuxième partie de tableau… On a aussi perdu Fodé Mansaré (ndlr: transféré au TFC en juin 2005) avec qui je m’entendais très bien. Les six premiers mois, il doit me servir 6 ou 7 buts sur 9! Même s’il faut la mettre au fond, il faisait les trois quart du boulot. Pour ma part, un coup je jouais, un coup je ne jouais pas. En terme de statistiques, puisque l’on juge souvent un attaquant là dessus, je ne marque que 3 buts bien qu’ailier gauche ne soit pas mon poste. Je pense que perdre Fodé nous a tués. Cette année fut compliquée pour moi et le club, avec en point d’orgue ce couac à Sedan comme je l’ai dis mais… Il me restait deux ans, avec le recul j’aurais du rester. Il y a eu un changement d’entraîneur, de tactique, peut-être que ça se serait passé autrement: j’ai été con, je le reconnais, voilà je fais mon auto-critique (rires).

Tu as marqué avec Montpellier contre Bordeaux, le but de la qualification, en 8ème de finale de Coupe de France. Comment l’as tu vécu?

On dit souvent que lorsque l’on joue contre son club formateur, on marque : j’ai fait perdurer ça (sourire). Je me souviens très bien de ce match, c’était compliqué. Avant le match avec Mehdi Taouil, un super joueur lui aussi, on s’est motivés en se disant qu’on allait faire un gros match de Ligue 1, et on a pris un pied énorme. Techniquement, il était très à l’aise. J’ai eu la chance de marquer ce jour là. Je crois que c’est Jérôme Lafourcade qui tire sur le poteau et je suis là pour marquer et on gagne 1-0 contre Bordeaux, pour nous qualifier pour les quarts. Un match fou à Rennes qu’on perd 4-3 après 1-1 au bout des 90 minutes, avec un triplé de Jérôme Lafourcade. Enfin, je garde un très bon souvenir de ce match contre Bordeaux bien que j’ai failli y perdre une jambe : Henrique m’a assassiné, heureusement que je l’ai vu arrivé le loustic et j’ai enlevé les jambes. Il a pris rouge direct mais j’ai eu peur sur ce tacle (rires). J’aurais aimé marquer un peu plus de buts pour Montpellier mais bon, c’est comme ça (sourire). Mais encore une fois, je n’aurais jamais dû partir de Montpellier… C’est un club qui reste dans la peau, c’est clair.

Rendez-vous dès demain pour la suite et fin de cet entretien d’Hervé Bugnet.

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