[Exclu Part.2] Bertrand Robert : « On aurait pu faire un couloir gauche 100% Robert »

Après avoir évoqué son arrivée à Montpellier et son début de carrière dans la première partie de cette interview, nous avons échangé avec Bertrand Robert au sujet de son départ du club, de son passage en Grèce et à Chypre, de son frère ou encore de son avenir… Bonne fin de lecture !

  • Explique-nous ce départ du MHSC pour Guingamp, c’est ta volonté ou le club avait peut-être besoin d’argent ?

J’ai encore le regret aujourd’hui d’être parti. L’entraineur adjoint (ndlr : Thierry Laurey était l’entraineur adjoint de Robert Nouzaret au moment de ce départ) m’a un peu poussé à partir alors que je voulais rester. Puis mon agent était venu me voir aussi en me disant « ce club te veut absolument, Montpellier n’est pas contre récupérer un peu d’argent… ». Pendant une semaine, je n’ai pas arrêté de refuser les avances puis à force, vous savez comment ça se passe, quand on vous répète toujours la même chose, qu’on vous prend la tête, on finit par abdiquer. Mais bon, c’est les aléas d’une carrière et mon cœur est toujours resté à 100% du côté du MHSC. Après, ça n’empêche pas que j’aie passé de très bons moments à Guingamp mais ce n’est pas ce que je voulais.

  • Après Guingamp, tu signes à Lorient où ça ne se passe pas pour le mieux. Tu te retrouves en fin de contrat, tu réalises un essai concluant à Brest mais tu changes totalement tes plans pour partir en Grèce…

Alors attendez, faut que je me remémore quand même (rires). Après cet échec à Lorient comme vous dites, j’avais envie d’autres choses et de voir ailleurs. Quand j’étais à Montpellier, je devais avoir 19 ans, j’avais eu l’opportunité de signer à Tottenham mais le MHSC ne voulait pas me laisser partir. C’était durant ma dernière saison au club d’ailleurs et il y avait Robbie Keane encore dans le club anglais. J’y suis resté une semaine pour visiter mais il n’y a pas eu d’accord financier entre les deux clubs. Donc tout ça pour dire que dans ma tête, quand ça se termine à Lorient, j’ai qu’une envie, partir à l’étranger en Angleterre, en Espagne, en Italie… Alors j’attends, j’attends, j’attends, je n’avais strictement rien. Plus tard, un manager m’appelle et me dit « j’ai un club pour toi en Grèce ». Vous pouvez me croire, au début, je ne voulais pas du tout mais petit à petit, il me convainc en me disant que ce club veut jouer l’Europa League. Sauf que moi, j’y connaissais rien à ce championnat et j’ai tout juste regardé où j’allais mettre les pieds. Je me retrouve au Panthrakikos qui n’est pas vraiment un club qui joue les premières places mais plutôt le maintien. Quand je m’en rends compte, j’avais déjà signé et c’était trop tard… Mais je me relève, je fais de bons matchs et j’arrive à signer 2 ans après au PAOK Salonique. J’ai super bien rebondi là-bas, on joue l’Europa League et l’année où je pars, le club se qualifie même pour la Champions League.

  • Puis vient la Chypre !

Exactement, je passe 3 ans dans ce pays. 2 ans à l’Apollon Limassol et 1 an à l’AEL Limassol. La première année, on sort Nice en Europa League. Toute la saison, on dispute la première place mais on terminera troisième car on termine avec plusieurs blessés. Du coup, c’est de nouveau pour l’Europa League qu’on se qualifie. Vraiment une sympathique expérience avec pleins de souvenirs.

  • Le meilleur souvenir de ta carrière reste-t-il ces rencontres d’Europa League ?

Non. Franchement, ma première fierté c’est d’avoir pu signer professionnel. Je sais qu’énormément de joueurs travaillent pour y arriver mais sans y parvenir. Tout le monde ne peut pas réussir, c’est une évidence. C’est pour ça que je dis à nouveau 1000 mercis à Montpellier qui m’a aidé dans cet objectif.

Une fois professionnel, avec un peu de chance, l’Europe League tu peux l’atteindre en faisant les bons choix.

  • Pour en revenir à la Grèce, l’ambiance ça devait être quelque chose quand même, parles-nous de championnat qui semble si particulier…

Au PAOK, c’est impressionnant, je peux même dire que c’est abusé. En France, dans certains stades, il y a beaucoup de monde mais ça n’atteindra jamais une ambiance comme ici. Quand on jouait contre l’Olympiakos, le Pana ou surtout le derby contre l’Aris Salonique, c’était le feu. Les supporters adverses n’ont jamais le droit de se déplacer dans ces matchs là, il y aurait beaucoup trop de problèmes sinon. Vivre de tels moments, c’est magnifique. Après, sincèrement, la Grèce a un très gros problème avec les paiements de salaire, ça empêche le championnat de se développer encore plus loin. Personnellement, je n’ai pas eu ce problème. Dans les gros clubs, les joueurs sont épargnés mais dans les autres, tu vas être obligé de pleurer pour avoir ton argent… C’est comme ça !

  • On passe du coq à l’âne. Aujourd’hui, est-ce un regret de ne pas avoir pu jouer avec ton frère ?

Aucun regret (rires). Chacun a fait son chemin, après ça aurait pu s’envisager, pourquoi pas hein… Je n’ai pas vécu ça, je ne pourrais pas vous dire si c’est bien ou pas mais quand j’y pense, ça aurait pu être bien oui. Il était un modèle pour moi puisqu’on évoluait sur le même poste. Mais je vous garantie que c’est lui qui aurait été sur le banc (rires). Je dis pas ça pour rigoler, balle au pied, je suis bien mieux que lui (rires)!! Par contre, je suis sur que si vous lui posez la même question, il vous répondra « Bertrand, il a plus de qualités que moi ». Quand j’y pense, on aurait pu être complémentaires. Déjà, à Montpellier, on m’avait demandé de jouer arrière gauche mais j’avais refusé mais à Chypre, j’ai du redescendre pour jouer à ce nouveau poste de défenseur latéral offensif. Je m’y suis fait rapidement et j’aime beaucoup à présent. Donc on aurait pu faire un couloir gauche « 100% Robert », lui devant et moi derrière. Pourquoi pas… On pourrait essayer avec les vétérans du MHSC (rires). Je me souviens d’ailleurs de l’équipe « corpo » durant ma formation qui gagnait tous ses matchs. Je devrais me renseigner !

  • En gros, tu nous dis que tu aurais eu ta place dans le schéma à 5 de Der Zakarian ?

Bien sur (Rires) ! Ce poste de latéral gauche, il aurait été pour moi avec tout le couloir pour m’éclater. En plus, j’ai connu Michel Der Zakarian quand il entrainait la CFA à Montpellier, même si je n’y suis pas resté longtemps. C’était quelqu’un d’agressif mais dans le bon sens du terme, très exigeant serait le bon mot. Il veut que son joueur se donne à 200%. Avec un tel entraineur, tu es obligé de faire un maximum d’efforts, il ne te lâche pas. Cette année, c’est une très belle équipe qu’il a su mettre en place. C’est dommage le début de saison un peu raté et ce coup de moins bien actuel. Der Zakarian, il n’a pas besoin d’avoir des joueurs hors normes pour réussir, il va savoir tirer le meilleur de ses joueurs. C’était déjà ça avec la CFA et aujourd’hui, un joueur comme Aguilar, poussé par un tel entraineur, il peut aller très loin. On a déjà vu sa progression en quelques mois et malheureusement pour Montpellier, avec ce niveau, il risque de s’en aller à la fin de la saison. Il aura amené quelque chose à Montpellier en tout cas et lui pourra continuer son petit bout de chemin ailleurs, c’est le quotidien du club de toute manière, tout le monde s’y retrouve également financièrement en général.

  • Ton frère, Laurent, est aujourd’hui entraineur adjoint des U19 du MHSC. Une fois que tu auras mis définitivement un terme à ta carrière, envisages-tu une reconversion similaire ?

Sincèrement, c’est quelque chose que j’aimerais vraiment, revenir à Montpellier et m’occuper pour commencer des catégories de jeunes comme les 10/11 ans. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai appris beaucoup de choses et ça serait un vrai plaisir que de pouvoir le transmettre aux plus jeunes comme mon frère le fait. Miser sur les bons éducateurs, c’est devenu une obligation pour les clubs français qui existent avant tout grâce à ça. Quand je vois qu’en Grèce, hormis les gros clubs, et encore, c’est très minimaliste, on ne fait pas de place à la formation alors que c’est le plus important. Mais pour revenir à la question, ça serait quelque chose de très intéressant et comme mon frère, j’espère que je pourrais avoir une discussion avec le président, Laurent Nicollin, à ce sujet.

  • Le mot de la fin…

Voir Montpellier en haut du tableau me fait vraiment plaisir. Dites-vous que si les joueurs et le staff pouvaient signer pour être 5ème, ils le feraient immédiatement mais ce n’est pas aussi simple, le MHSC doit passer un cap. C’est en train de se réaliser pour un futur vraiment intéressant. Le seul bémol que je vois aujourd’hui, c’est le manque de soutien que mérite pourtant le club. On trouve toujours ce noyau dur de fidèles mais il en faut plus pour que le club puisse continuer de grandir, puis un joueur qui voit un stade plein, aura toujours envie de se donner encore plus. Un stade plein permet aussi d’améliorer les finances et de pouvoir attirer, ou au moins de conserver, les meilleurs joueurs. Enfin, j’espère que ce nouveau stade, dont j’ai entendu parler, permettra d’aider à déplacer les foules.

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